Oulpan (אולפן) signifie, en hébreu, un établissement dans lequel on enseigne et on apprend l’hébreu (עברית, Ivrit en hébreu). Les personnes qui s’inscrivent à l’Oulpan le font pour multiple raisons ; (a) la motivation est purement pragmatique, en envisageant de s’installer et construire son avenir en Israël, la maitrise de la langue est indispensable (b). D’autres souhaitent pouvoir communiquer avec des proches qui habitent en Israël. (c) Pour certains, la connaissance de la langue est un moyen d’accéder à la compréhension de textes religieux. (d) Un nombre d’inscrits veulent apprendre l’hébreu par curiosité ou par amour pour cette langue, qui est une des plus anciennes langues, en demeurant toujours un outil de communication qui ne fait que s’enrichir.
La langue hébraïque, bien qu’étant une très ancienne langue, et toujours une langue vivante, incorpore et incarne une dimension qui nous dépasse par son aspect sacré certes, mais également par sa richesse sémantique inépuisable et immensément étonnante. Parler cette langue ce n’est pas simplement communiquer en émettant des sons et des messages, c’est aussi véhiculer un vécu de tout un peuple, c’est renforcer son appartenance et son attachement à un seul peuple, à nos jour encore dispersé dans le monde entier. Mais tout en articulant les mots en hébreu afin de s’informer, d’approuver, de renseigner, ou d’exprimer ces préférences, ces mots, sans que l’on soit toujours conscient, sont profondément chargés d’enseignement à la fois spirituel, moral et pratique. Il nous suffit de saisir ce que chaque lettre parmi les vingt-deux lettres d’alphabet hébraïque signifie pour comprendre que la création tout entière, et l’existence sur terre avec toutes ses complexités, sont résumées et racontées par les lettres elles-mêmes. Sans qu’elles s’associent entre elles pour former des mots.
Le mot oulpan (אולפן) en hébreu dérive de la racine de trois lettres Aleph/ Lamed/ Péi (א, ל, פ) qui elles-mêmes constituent le nom de la première lettre de l’alphabet « Aleph » (אלף[1]). Cette lettre qui est une consonne, est sans doute la plus énigmatique et mystérieuse parmi toutes les autres lettres par sa forme graphique et par son contenu sémantique[2]. La lettre Aleph (א), qui ne cesse de nous intriguer, renvoie à plusieurs lectures possibles[3] :
- Aleph (אלף) signifie-le commencement, le début
- Alpeh (אלף) signifie -premièrement, tout d’abord
- Aleph (אלף) signifie-le chiffre Un.
- Ileph (אילף) signifie -enseigner, entrainer
- Oulaph (אולף) signifie- être enseigné, instruit ou entrainé
- Alouph (אלוף) signifie- champion, le meilleurs, le distingué (à l’armée il s’agit d’un grade : colonel).
- Eleph (אלף) signifie- Mille
Le concept qui anime l’âme de cette lettre (car chacune des lettres hébraïques, croyez le ou non, possède une âme) est celui de la transmission de l’enseignement, du savoir ; ce qui nous renvoie à Ileph, qui constitue le début de toute activité humaine, d’où Aleph. Et voilà que grâce à cet enseignement, on peut devenir Alouph, le distingué et le valeureux, car cet enseignement n’est pas seulement le savoir de faire et d’activer mais il constitue un message divin, d’espoir, d’amour, de sagesse et de respect ; Aleph, le UN qui désigne aussi l’Un tout puissant, l’Éternel.
L’Aleph est l’incarnation ultime de la modestie et l’humilité. Cette excellence porte en elle-même par son silence et l’impossibilité de la prononcer sans voyelle. De toutes les consonnes en hébreu, elle est la seule qui, sans la présence des voyelles, n’est prononçable. Même Dieu, nous enseignent les cabalistes, a été profondément intrigué par cette lettre qui contrairement à toutes les autres, était la seule à ne pas se précipiter devant Lui pour qu’il l’a choisisse, comme celle avec laquelle il débutera la création.
L’humilité de Aleph nous apprend qu’en étant humble, on a une force intérieure à enseigner et à apprendre, et qu’on devient le « distingué ». Non pas pour semer la terreur et propager des paroles haineuses comme l’orgueilleux, mais, bien au contraire pour transmettre à l’homme que l’humilité nous enseigne le bien, l’amitié, la solidarité entre les hommes et que la création est sacrée. Elle a été mise en œuvre pour qu’on devienne les « distingués » Alouphim, dans un monde où Dieu n’a pas sa place face à la folie meurtrière des créatures qui ont perdu toute ombre d’humanité et de modestie. Ce n’est donc pas par hasard que Aleph le Un, le tout puissant, forme avec Lamed (ל) le mot « Lo » (לא), ou ne pas « Al » (אל), mots charnières qui permettent d’introduire et d’accentuer des interdictions à respecter pour pouvoir vivre en société. Et si vous observez attentivement le mot aleph, vous remarquerez que la première lettre aleph est le commencement de la deuxième lettre lamed signifiant apprentissage et enseignement, pour que la troisième lettre Péi (פ) qui signifie la bouche, source de la parole, soit créatrice et bénéfique et non pas, hélas, destructrice et maléfique.
L’Aleph avons-nous dit, symbolise le silence, celui de la sagesse et de la prévoyance, de la mesure et de l’absence d’excès. Il nous suffit d’observer attentivement la forme graphique de cette lettre pour comprendre que toute la sagesse y réside. Les deux bras mis en équilibre par un trait au milieu. Un bras s’élance vers le haut (la sphère de la pensée, du domaine spirituel la vocation d’atteindre la perfection) et le deuxième bras se dirigeant vers le bas (le monde d’ici, de chaque jour, avec ces aspects matériels et pratiques) et entre les deux c’est le juste-milieu, l’équilibre, l’harmonie entre deux mondes d’une même importance.
L’oulpan (אולפן) est un lieu de rencontre entre, d’une part, les juifs qui viennent s’irriguer à leur tronc commun, l’hébreu, et, d’autre part, de nombreux non juifs, particulièrement des chrétiens, fascinés par l’hébreu qui leur permet de trouver leurs racines judéo-chrétiennes.
Nous nous apercevons tous, quelles que soient nos origines, que la raison de la survivance de l’hébreu depuis le commencement des temps, est que cette langue est dotée de LA chose qui relève du divin[4] qui lui donne cette force irrésistible, cette humanité, cette moralité, cette clarté, et cette prévoyance qui se traduisent par un message universaliste dans le temps et dans l’espace. Cette universalité s’exprime explicitement par le nom propre de cette langue : « Ivrit » (עברית). « Hébreu » est une traduction qui ne renvoie aucunement au sens réel de ce mot qui vient du mot Ivri (עברי) qui signifie littéralement celui qui traverse, qui se déplace, qui est continuellement en mouvement. Ivrit, c’est la traversée du désert d’un lieu à un autre dans tous les espaces. Mais simultanément, cette traversée s’effectue également dans le temps à travers toutes les époques.
A l’oulpan de Versailles, pour revenir à des choses plus concrètes, nous avons cinq classes pour répondre à tous les niveaux, du débutant au niveau journal. Toutes les compétences linguistiques sont développées : parler, lire écrire, comprendre, mais l’accent est mis sur la capacité à parler, à agir en hébreu face à des situations de communications variées ; restaurant, aéroport, dans le marché, ou supermarché, chez le médecin etc… Nos supports pédagogiques sont multiples : livre, documents, journaux, jeux de rôles, chanson, vidéo etc …. L’ambiance est toujours chaleureuse, conviviale et amicale. Les résultats sont souvent très satisfaisants car nombreux sont nos élèves qui parlent hébreu et font part de leur témoignage avec enthousiasme de pouvoir parler hébreu avec des israéliens du pays. Cette année un projet est prévu : la fête de l’Oulpan en fin année avec encore plus d’animations et de nouveautés ajouté au buffet israélien.
Venez nombreux pour apprendre l’hébreu ! Renseignements auprès de l’ACIV (01 39 07 19 19)
Chana Tova et Shalom…ZL♦
[1] La lettre ף est la forme finale de la lettre פ (Pé)
[2] Voir : « Symbolique de l’Aleph » de Frank Lalou, Hakeshet n°48- Juin 2014
[3] L’hébreu est une langue consonantique et que chaque unité lexicale peut prêter à plusieurs sens selon les voyelles qui lui sont attribuées, tout en conservant entre ces lectures diverses un fond conceptuel commun.
[4] En référence à Yéouda Halévy (la chose divine).