Versailles : les 240 ans du Théâtre Montansier

Mlle_Montansier_1790Par Eva Naccache

Cette année, le théâtre Montansier de #Versailles a célébré ses 240 ans.

Appelé d’abord « théâtre des réservoirs »pour sa localisation, il doit son nom à une « pseudo- comédienne » Marguerite de Montansier qui a réussi à traverser des époques historiques particulières et difficiles de Louis XV à Louis XVIII et même pendant l’Empire. Marguerite a aussi survécu à la révolution.

Une vie pleine de rebondissements, son opiniâtreté et sa persévérance méritent d’être connus et même admirés. Se sachant médiocre sur scène, elle va diriger de nombreuses salles de théâtre sous les différents régimes politiques qui se succèdent et qu’elle saura exploiter (salles et régimes !) et ce jusqu’à son décès à 90 ans.

Qui est Mademoiselle de Montansier ?
Le 19 décembre 1730 naît à Bayonne Marguerite Brunet, son papa est forgeron, elle le dira avocat. Elle reçoit une bonne éducation chez les Ursulines de Bordeaux. A 14 ans, elle s’enfuit avec un jeune et sûrement charmant comédien. Rattrapée, on l’envoie en apprentissage à Paris chez une vague parente Hyacinthe Montansier qui tient une boutique de mode. A la mode de l’époque,

Marguerite Brunet apprend vite. Elle décide d’emprunter le nom de sa bienfaitrice, elle devient Marguerite DE Montansier. Femme d’affaires entreprenante et efficace, aidée par des amis et des protecteurs elle ouvre une salle de jeux rue Saint Honoré, elle y accueille des personnages importants de la cour et de la haute bourgeoisie, elle saura les séduire et les utiliser à l’occasion

En 1750, son nouveau protecteur Burson est nommé Intendant de La Martinique, elle le suit vers les Amériques. Elle s’installe à Saint Domingue où elle tient une boutique de Mode ; utilisant les méthodes parisiennes, elle choisit de jolies vendeuses… Elle sera expulsée de l’île quelque peu puritaine.

De retour en France, elle garde un « faible » pour le théâtre qui, avec le jeu fait partie des grandes distractions de l’époque. Elle prend les rênes d’une salle au 31 rue Saint Honoré dans le quartier Saint Louis

Puis en 1768 elle dirige le théâtre du 3 Rue Royale, grâce à la générosité du marquis de Saint Contest bien en cour. On y joue «Les Moissonneurs» elle a l’idée de faire servir sur scène une véritable soupe aux choux, la reine Marie Antoinette sensible à l’odeur appétissante veut goûter à ce plat, elle va apprécier le potage et la dame. Marguerite est même admise au petit réveil de la Reine qui se régale des potins et des bons mots rapportés par la finaude.

Riche, protégée par la Reine qu’elle distrait, elle souhaite construire son propre théâtre. Elle achète au Comte de Provence le lieu dit « les chiens verts » Son projet original et innovant est présenté à la famille royale qui approuve en admirant les idées nouvelles de « La Montansier ».

Inauguré en 1777, en présence de Louis XVI et de la Reine, c’est le « Théâtre des Réservoirs » parce que situé rue des réservoirs On l’appellera le plus souvent « Théâtre Montansier» Mademoiselle de Montansier habite au deuxième étage du bâtiment, elle y tient un salon bien fréquenté

La façade actuelle correspond à celle de l’origine, elle a seulement perdu un groupe sculpté : la comédie et la tragédie autour de la lyre d’Apollon.

Il s’agit d’un théâtre à l’italienne, bleu et or ; il a bénéficié de nombreuses innovations et techniques d’avant- garde. La famille royale choisit l’emplacement de sa loge accessible directement à partir du château en passant dans le parc du château, derrière l’immeuble construit par Madame de Pompadour.

La Reine s’inspirera de ces améliorations pour son propre théâtre. Marguerite va aider la Reine à monter les pièces. Au grand dam de la cour…une roturière !

Elle obtient le privilège de « Directrice des spectacles à la suite de la Cour» ce qui lui donne le droit exclusif de monter des distractions dans toutes les résidences royales

En 1779 l Elle gère huit autres théâtres : Fontainebleau, Saint Cloud, Marly, Rouen, Caen, Orléans, Nantes et Le Havre.

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Le dôme du théatre Montansier

1789 arrive !
Louvoyant pendant la révolution, en 1790 elle s’installe au Palais Royal et entreprend des travaux importants, aidée par son «ami» le comédien DE Neuville (né Honoré Bourdon).

Astucieuse, le lieu sera successivement et opportunément appelé :

Théâtre Montansier – Théâtre du péristyle du jardin-Théâtre égalité – Théâtre de la Montagne, Variétes -Montansier et enfin, seulement, Variétés.

La citoyenne Brunet prouve son patriotisme en suivant l’armée de Dumouriez avec, une troupe de 85 personnes elle est présente lors de la victoire de Jemappes en 1792. En 1793 elle dirige la monnaie de Bruxelles qu’elle baptise « Théâtre des comédiens français ».

Elle regagne Paris et fait édifier le « Théâtre National » rue de la loi (actuel square Louvois) inauguré le 15 Août. A nouveau, elle tient salon, on raconte que les charmantes comédiennes lui rapportent les propos glanés dans l’intimité.

Robespierre lui écrit : « Citoyenne, on prétend que l’esprit français s’est réfugié dans ton théâtre. Crois-moi, ne le fais pas service pour me railler »

Prison !
Mais le 15 novembre – 25 brumaire-. Elle est emprisonnée ; c’est la terreur ; on lui reproche ses liens avec la Reine et les Anglais ou d’avoir voulu brûler la Bibliothèque, voisine de son théâtre. Après 10 mois, elle est déclarée innocente et va obtenir des compensations financières importantes.

En 1799, à 70 ans, elle épouse enfin le fidèle De Neuville. Toujours vaillante en 1801, rue de la Victoire, au théâtre Olympique elle crée un « opéra-bouffe » avec des comédiens et chanteurs italiens qui devient « les Italiens ».

En 1802, Napoléon Bonaparte premier consul, transfère la troupe vers la salle Favart, ce sera « le théâtre de l’impératrice ».

Son époux de Neuville meurt tandis qu’elle est brièvement emprisonnée pour dettes. Les comédiens français, ses voisins trouvent qu’elle les gêne. Tout va mal ; un décret limite le nombre des salles parisiennes. Elle ne baisse pas les bras et réussit à obtenir de Napoléon l’autorisation de créer un nouveau théâtre boulevard de Montmartre « Les Variétés ». En 1807 le tout Paris assiste à l’inauguration. (La légende parle d’un projet de mariage entre le jeune Napoléon Buonaparte et la riche vieille dame !)….

Succès et cabales se succèdent Fatiguée, elle choisit pour successeur le comédien Mira Brunet.

En 1820, elle a 90 ans, elle s’éteint paisiblement.

Sa vie reste dans la mémoire des comédiens. Réjane va jouer le rôle. EN

Eva NaccacheVoir aussi :
Ville de Versailles : les 240 ans de Montansier
Magazine « Belles demeures »

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