Encore un autre cessez-le-feu pour éteindre le feu, le cas de le dire. Comme disait le poète : c’est un gain dans le détail mais une coupure dans l’ensemble. Gain dans le détail parce que de part et d’autre, on prend le temps de panser les plaies et retrouver ses repères. Le Hamas et le Jihad Islamique réalisent que lancer 700 roquettes en 36 heures ne forcera pas Israël à abdiquer, au contraire, Israël fera, comme tout pays responsable de ses citoyens, le nécessaire pour les défendre. Ils réalisent aussi que les dégâts sont plus grands que prévus et qu’ils sont au bord du gouffre d’où l’urgence de demander l’aide de l’Égypte pour cesser le conflit. Du côté israélien, on ne peut que se résigner, encore une fois, à prendre une pause, le renouveau du conflit est prévisible.
Une coupure dans l’ensemble, car le discours de la haine ne peut trouver de salut dans la résolution durable d’un tel conflit. Je m’explique. Ayant personnellement fait un tour à la frontière de Gaza, je réalise que la revue de la presse au Québec tend en général à mettre l’emphase sur les « underdogs[1] » et le champ des émotions primaires, en mettant en veilleuse la réalité géopolitique globale sur le terrain et les enjeux réels qui sous-tendent cette crise. Sans prétendre répondre à l’ensemble des points, voici en résumé quelques enjeux incontournables qui expliquent, jusqu’à un certain point, le cycle incessant du conflit.
1-Les citoyens de Gaza ne sont pas représentés démocratiquement pour défendre leurs droits et leurs intérêts, leurs seuls porte-paroles sont le Jihad Islamique et le Hamas. Deux groupes terroristes reconnus par la majorité des pays occidentaux et par plusieurs pays arabes. D’ailleurs, une démarche auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour déclarer le Hamas comme une organisation terroriste est en cours. Ainsi compris, les Gazaouis ne peuvent disposer de moyens concrets pour modifier le cul de sac auquel ils sont soumis.
2- Tant, et aussi longtemps, que le Hamas et le Jihad Islamique ne reconnaîtront pas l’existence d’Israël, et que dans leur programme politique, calqué sur l’Iran qui finance les armes et l’introduction du shiisme dans la région, ils ne renonceront pas à leur but premier et ultime, soit la destruction de l’État d’Israël, il n’y aura pas de solution.
3- Le Hamas et le Jihad Islamique exposent leurs populations civiles de manière délibérée comme des boucliers humains sacrifiant ainsi des centaines d’innocents. Lancer les missiles à partir d’immeubles, d’hôpitaux, de mosquées et d’écoles devrait soulever l‘ire de l’ensemble de la planète, ce qui n’est pas le cas. Encourager et mobiliser, souvent contre le gré des citoyens, en les postant à la frontière tous les vendredis pour lancer des bombes artisanales, des grenades contre les soldats ou tenter de traverser la frontière, c’est exposer les Gazaouis à la violence organisée. Où est la responsabilité de ces « leaders » censés protéger les familles, les enfants, les civils ?
4- Si nous devons retenir quelques leçons du passé, on peut poser la question suivante : qui a manifesté dans le monde quand le Hamas islamiste intégriste a assassiné sauvagement plus de cent Palestiniens issus du Fatah en 2007 ? Alors que les leaders du Hamas set du Jihad ont dans des hôtels 7 étoiles au Qatar, les Gazaouis eux, sont laissés dans la détresse.
5- Il y a quelques jours, Israël commémorait le souvenir de ses soldats morts au combat depuis sa création soit 23741 soldats et 3150 victimes d’actes terroristes. C’est le triste portrait de la réalité à vivre dans un environnement hostile où l’équilibre et la survie sont devenus un exercice quotidien. Dans ce contexte, on peut le croire ou pas, mais la réalité sur le terrain montre clairement qu’Israël n’est pas contre les habitants de Gaza, Israël se préoccupe d’ailleurs plus des problèmes à Gaza que le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ou le représentant palestinien à l’ONU.
6- Si Israël a commis des erreurs, et il y a eu des erreurs, il y a lieu de rappeler que le territoire de Gaza a été remis en 2005 avec des vergers en fleurs, des terrains à construire et des centaines de maisons prêtes à accueillir des familles palestiniennes. Y-a -t-il eu la construction d’Universités dans ce territoire ? Y a -t-il eu des investissements dans des systèmes de santé, d’éducation ? Réponse, nada.. Au lieu de se concentrer sur l’épanouissement de ses citoyens en construisant et en développant des conditions propices, le Hamas et le Jihad islamique ont opté plutôt pour la terreur en canalisant leurs efforts dans l’alimentation d’un discours de la haine, la construction de tunnels pour des attentats terroristes et en s’opposant à tout mouvement de pluralité démocratique. La dynamique de ce cycle de violence auquel nous assistons de manière fréquente, voire prévisible, s’explique par la continuation de ce discours de la haine disséminée auprès des civils de Gaza et ce, dès le plus jeune âge. Cultiver la haine ne mène à rien, c’est le meilleur moyen de fermer le monde des possibles. Est-il pensable que les citoyens de Gaza puissent faire un exercice d’introspection dans la sérénité en répondant à ces questions : Suis-je en meilleure posture aujourd’hui avec le Hamas et le Jihad islamique pour l’avenir de mes enfants, de ma famille de mon peuple ? Où allons-nous avec la scission entre Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ? Y a-t-il place à la réconciliation nationale et à la modération pour une paix durable?
Au plan géopolitique, ce n’est pas un hasard si l’Iran et le Qatar sont devenus de grands amis et solidaires pour contrer le monde sunnite avec l’Arabie Saoudite, l’Égypte, la Jordanie, etc. La réalité tragique devant nos yeux est à comprendre dans une perspective plus large. Le Hamas, financé par le Qatar, le Hezbollah et l’Iran n’est que la manifestation de l’Islam radical et Jihadiste. Certains parlent de « guerre des religions », car les Coptes en Égypte, les Chrétiens à travers le monde, les Juifs, etc. sont les infidèles d’Allah et doivent être éliminés. Ce discours anti occident n’est pas l’affaire que d’Israël, il est au centre des préoccupations des nations démocratiques. La France au Mali, les massacres au Nigéria, les Talibans, les attentats au Pakistan, en Inde et dernièrement l’attentat destructeur contre des églises, ne sont que la pointe de l’Iceberg.
En conclusion, adopter dans les médias une vision binaire, les victimes de Gaza vs les bourreaux d’Israël ne mène à rien, c’est un cul de sac garanti. Croire aux miracles ou à la mythologie grecque non plus. Si Israël craint une flambée de violence durant l’Eurovision et que Gaza craint également une riposte militaire israélienne musclée, force est de constater que le cessez le feu temporaire ne durera pas. Dans ce conflit, il n’y a pas de gagnants ou de méchants il n’y a que des souffrants. À quand une alternative où la paix devient un rêve réalisable ? AS♦
Jacob Amnon Suissa, PhD, mabatim.info
Professeur UQÀM (Canada)
[1] Les opprimés, les moins privilégiés, les victimes
Bravo à Mr Suissa pour cet article en 10 points réalistes, tangibles et concrets
J’aimeJ’aime
כל הכבוד אחי הכי מכולם
J’aimeJ’aime
https://www.jforum.fr/lemprise-de-liran-sur-gaza-cauchemar-disrael.html
J’aimeJ’aime
remplacer les arabes par des danois peut etre une solution , mais vont ils supporter la chaleur ?
J’aimeJ’aime