Leçon de français pour le New York Times

Une vision occidentale condescendante du Moyen-Orient

Cher quotidien de référence de nos cousins américains, vos récents partis-pris éditoriaux ont donné envie aux Frenchies de vous faire part de leur vécu continental.

En français, quand quelqu’un prononce un truisme, on le félicite ironiquement : « Bravo, tu as découvert l’Amérique ! »

Le New York Times, dont le site Internet se décrit comme celui d’un « journalisme à nul autre pareil », vient de découvrir l’Amérique. Ou, plus précisément, le parti « d’éveillés », dont il est l’outil de propagande, mérite des félicitations pour avoir découvert la différence entre démocratie et despotisme.

Comment cela ? Dans un article intitulé « Les Palestiniens et les Israéliens vont bientôt voter. Les différences sont flagrantes (New York Times) », le journaliste Patrick Kingsley compare deux voisins géographiques situés, en termes de droits civiques, aux deux extrêmes opposés du spectre.

À un bout, les Israéliens s’apprêtent à se rendre aux urnes pour la quatrième fois en deux ans, dans l’espoir de faire dégager une majorité d’une union entre quelques éléments issus de leur multitude de partis politiques (dont plusieurs partis arabes anti-israéliens, jusque très récemment rassemblés à la Knesset sous la bannière de la « liste arabe »). À l’autre bout, des élections vont (probablement) bientôt avoir lieu en Cisjordanie. Ce seront les premières depuis quinze ans, par lesquelles les citoyens seront amenés à voter pour le remplacement de leur Président, élu pour quatre ans en 2005. Ils ne savent pas encore quels seront les candidats (s’il y en a), qui obtiendront l’imprimatur de l’actuel tenant du trône pour se présenter.

Nous avons, cher New York Times, une autre expression : quand nous ne comprenons rien à rien, nous disons que « c’est de l’hébreu pour nous ». L’opposition démocratie/despotisme, c’est de l’hébreu pour votre journaliste, qui préférerait visiblement que tout soit sous-titré en arabe.

Petit coup de main pour traduire le NYT en concret dans le texte

Qu’entendez-vous exactement par

« une série apparemment interminable d’élections au cours de laquelle aucun parti n’a pu gagner suffisamment de soutiens pour former une majorité stable. C’est l’incarnation de la profonde paralysie politique qui a été en partie causée par les efforts du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour rester en fonction tout en étant jugé pour corruption » ?

L’incapacité israélienne de rassembler une majorité stable découle de deux choses. La première est l’héritage de l’occupant anglais, sous la forme d’un système à proportionnelle intégrale, et la deuxième est l’extrême vigueur de la démocratie israélienne.

Il y a une expression en hébreu, qui dit que « là où il y a deux Juifs, il y a trois partis politiques ». Ce n’est pas une blague, juste une description de la réalité. Cela explique l’impossibilité d’unifier d’innombrables micro-partis, dont chacun a des opinions tranchées inconciliables avec les opinions tout aussi tranchées de chacun des autres.

Le militant Kingsley, oups, le journaliste Kingsley ressent une telle proximité idéologique avec l’autre côté de la Ligne Verte, qu’elle lui cache les évidences les plus criantes. Parmi celles-ci, le fait que le Hamas a conquis le pouvoir par un coup d’État contre l’Autorité palestinienne en 2007 n’est pas la moindre. Drapé dans un politiquement correct qui frôle la flagornerie, M. Kingsley appelle ce coup d’État « la scission de 2007 ».

Euphémismes et accusations

« En Cisjordanie, Israël… mène fréquemment des raids militaires, même dans des endroits théoriquement sous le contrôle de Mahmoud Abbas »,

se plaint M. L’Avocat.

« À Gaza, les gouvernements israélien et égyptien contrôlent ce qui et qui peut entrer et sortir, ainsi que la majeure partie de l’approvisionnement en électricité et en carburant »,

poursuit-il en mettant sa casquette de M. Lobbyiste.

Pourquoi les gouvernements israélien et égyptien sont-ils si méchants vis-à-vis des pacifiques Palestiniens ? Kingsley n’évoque pas cet aspect. S’il le faisait, il serait bien obligé d’admettre que c’est probablement parce qu’ils vivent sous le feu continu des missiles gazaouis et au-dessus des tunnels qui servent d’autoroutes aux terroristes pour entrer et sortir de leurs propres territoires. Ce n’est pas quelque chose que les lecteurs du NY Times apprendront en lisant l’article. Pas plus qu’ils ne sauront que « les raids militaires » sont toujours des représailles. Euh, représailles, cela suppose une agression déclenchante ? Voui. M. Préjugé est le seul à ne pas l’avoir remarqué. En revanche, quand il cite la directrice de l’Institut palestinien pour la diplomatie publique, il qualifie celui-ci de « groupe militant indépendant basé à Ramallah ». Il aurait oublié que ceux qui s’essaient à l’indépendance vis-à-vis du tout-puissant monarque de la Mukata sont tous en exil ou en prison ? Cela ne l’empêche pas de délivrer sa citation en jouant les Pom Pom girls :

« Des millions de Palestiniens qui vivent sous occupation ne peuvent pas voter pour les gens qui gouvernent réellement et qui contrôlent effectivement leurs vies quotidiennes. Ce n’est pas de la démocratie ».

La démocratie selon le New York Times

Les Palestiniens de Cisjordanie voteront pour les candidats que leur président adoubera. Ceux qui vivent sous la coupe du Hamas voteront peut-être un jour, si le Hamas les y autorise, et ce sera exclusivement pour les candidats que le Hamas aura qualifiés, autrement dit, des candidats du Hamas.

Ce n’est pas de la démocratie, c’est exact. Pour que cela le devienne, il faudrait que ces Palestiniens votent CONTRE les gens qui les gouvernent et les contrôlent.

Mais ce n’est pas ce que l’on comprend en lisant la prose de M. Thuriféraire. On a l’impression que ces gens devraient voter pour leurs occupants. Pour ou contre, ce serait toujours s’immiscer dans un processus d’élection qui ne concerne que leurs voisins/ennemis. M. Arbitre-des-bonnes-manières n’hésite pas à mettre les points sur les I. On le cite :

« Les Palestiniens des territoires occupés ne peuvent pas voter lors des élections qui ont le plus d’impact sur leurs vies – celles d’Israël ».

De quel œil M. Palestine-über-alles verrait-il les Israéliens s’ils se mêlaient des élections palestiniennes ? Le mot « impérialisme » monte aux lèvres. Et quid si les Mexicains venaient squatter les élections américaines ?

Il était une fois un journaliste qui a regardé la réalité en face

Il s’appelle Hunter Stuart. Il a quitté le confort de sa vie de bobo américain en 2015, pour venir en aide aux pauvres Palestiniens maltraités par les horribles brutes israéliennes. Il a d’abord été très populaire parmi les médias occidentaux qui achetaient ses piges. Il faut dire qu’il écrivait :

« Je crois profondément qu’Israël devrait abandonner le contrôle de toute la bande de Gaza et de la majeure partie de la Cisjordanie. L’occupation est un acte de colonialisme qui ne fait que souffrir, frustrer et désespérer des millions de Palestiniens (Mabatim.info). »

Pour ce genre d’opinions toutes faites, il y a une clientèle pléthorique qui en est encore à lutter contre « l’occupation de Gaza » dix ans après qu’elle a cessé. Hunter Stuart admet l’avoir vite compris :

« Il m’est tout de suite apparu évident que la plupart de ces médias voulaient des informations qui mettraient en lumière les souffrances des Palestiniens et en accuseraient Israël. […] Les événements qui ne vont pas dans le sens de ce narratif sont souvent ignorés. »

« Je ne suis pas juif »

Mais vivre à Jérusalem l’a obligé à constater ce que signifiait vivre sous les « bombes artisanales » jour après jour. De plus, il a échappé à un lynchage grâce à une formule magique que lui avait enseignée un ami arabe : « Ana mish yahoud », « je ne suis pas juif ».

Son ami l’a félicité d’avoir utilisé son sésame, car s’il l’avait été (juif) il aurait été tué. Des Israéliens juifs avaient déjà dit la même chose au jeune reporter, qui les avait traités de tous les noms : « racistes, islamophobes… »

Le premier miracle, c’est qu’il a survécu 18 mois à Jérusalem sans jamais être victime d’un attentat. Le deuxième, plus impressionnant, car inédit, c’est qu’il a ouvert les yeux et vu ce qui était devant eux :

« J’admire le désir des libéraux de soutenir les opprimés. Ils veulent être du bon côté de l’histoire et leurs intentions sont bonnes. Le problème est que leurs croyances ne sont pas en phase avec la réalité. »

Un tel miracle a peu de chances de se produire au New York Times.

« Un journalisme à nul autre pareil » ?

On est désolé de brosser l’ego de M. Journaliste à rebrousse-poil, mais pour des yeux français, le NYT est un journalisme exactement aux autres semblable. Raconter les faits en reprenant in extenso le point de vue d’un des deux adversaires, tout en se prétendant objectif, c’est la technique éprouvée de l’immense majorité des médias mainstream français. C’est aussi celle de Patrick Kingsley, dont le média est une copie conforme (jusqu’au choix de la police de caractère du logo) de son équivalent français, Le Monde. Sauf que Le Monde prend son signifié pour son signifiant, alors que le NYT a un tout petit peu moins d’ambition, ou tout simplement les sphincters de son ego n’ont pas encore lâché.

Les fidèles lecteurs, de l’un comme de l’autre, sont rassurés de voir leurs préjugés copiés-collés dans leur Missel quotidien. Ils sont avant tout fidèles à la Cancel culture, la culture de l’effacement de la culture. Ils se sentiraient menacés si une opinion divergente était évoquée dans leur livre de prières. La preuve en a été apportée d’innombrables fois pour Le Monde. Pour le New York Times elle reste à faire, mais on se souvient de la lettre de démission de Bari Weiss de ce média :

« un nouveau consensus est apparu dans la presse, mais peut-être surtout dans ce journal, qui veut que la vérité ne soit pas un processus de découverte collective, mais une orthodoxie déjà connue d’une élite dont la mission est d’informer le reste du monde. (BariWeiss.com) »

Dans le cadre de cette orthodoxie, la culture de l’effacement de la culture a une spécificité qui devrait faire dresser d’horreur les cheveux des pessimistes et hurler de rire les optimistes. Il s’agit de l’absence de prise en compte du temps, qui conduit à juger des faits et des gens vieux de plusieurs siècles en leur appliquant les derniers critères de la mode contemporaine.

Un des derniers délires remarquables du NYT dans ce sens est d’avoir appliqué à Napoléon le vocable de « suprématiste blanc » à l’occasion du bicentenaire de sa mort (New York Times). Le concept n’avait évidemment pas été inventé à l’époque de l’Empereur, quand tous les pays du monde essayaient de conquérir les autres, plus faibles qu’eux.

Les plus inhumains d’entre tous ces impérialistes colonisateurs étaient incontestablement les rois africains, qui prenaient en esclavage les ennemis survivants, et les pirates arabes spécialistes de la traite des humains.

Réveillez-vous, éveillés lecteurs du New York Times : si votre rêve idéologique se réalisait, le monde reviendrait à ces temps barbares et la vie redeviendrait le vrai cauchemar qu’ont vécu nos ancêtres, pas le fantasme guimauve dans lequel vous vous emmitouflez avec gourmandise ! LM

Liliane Messika, MABATIM.INFO

5 commentaires

  1. L’Université de Harvard a mené une étude au sujet de la haine hystérique déversée au quotidien sur TRUMP, et les résultats furent invraisemblables, affolants, impensables dans une grande démocratie.
    Les fake news/infaux anti-Trump balancées au quotidien par les grands médias américains audio, papier NYT et Washington Post, télé, s’élevèrent à plus de 80% le record a été détenu par CNN qui a atteint régulièrement, 90% d’attaques et de diffamations dans la totalité de ses programmes.
    Aucun président dans l’histoire des USA n’a subi autant de violences et de lynchages quotidiens, allant jusqu’à la mise en cause de l’état mental du Président TRUMP, un « fou dangereux » selon eux.
    En 2015, Jim Clancy, animateur vedette de CNN, a démissionné après avoir envoyé des tweets mettant injustement en cause Israël.
    Paul Krugman, Prix Nobel d’Economie 2008, éditorialiste au New York Times, avait affirmé le jour de la victoire de TRUMP, que l’économie américaine ne s’en remettrait jamais.
    En France, l’Agence France Poubelle sous le contrôle des Roquets d’Orsay a publié pendant le mandat de TRUMP, des saloperies d’une violence incroyable, récupérées dans les poubelles de CNN, NYT et WP.
    Enfin, les merdeux non éduqués à la tête des réseaux sociaux ont fermé définitivement les comptes de TRUMP, pour l’empêcher de se faire entendre et le priver de ses porte-voix.
    Encore plus fort, dans Secret Empires and Profiles in Corruption (Empires secrets et profils de corruption), j’ai montré comment Hunter Biden, fils du président Joe Biden, s’est retrouvé impliqué dans la vente de Henniges Automotive, une société du Michigan, à Aviation Industry Corporation (AVIC), une société chinoise liée à l’armée populaire de libération.
    L’identité de l’acheteur était dissimulée par une cascade de sociétés écrans et la vente des technologies duales (pour application civile et militaire) développée par Henniges a été approuvée par le Comité des investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS) sous l’administration Obama. J’ai également retracé comment la société d’investissement de Hunter Biden a pris une participation dans China General Nuclear Power Corp., une société qui, en 2016, a été accusée d’espionnage envers les États-Unis. L’investissement initial avait également été approuvé par l’administration Obama.
    Le nom de Megvii surgit mécaniquement dès qu’il est question des avancées chinoises en reconnaissance faciale par IA. Cette entreprise chinoise a développé une application logicielle de surveillance par IA appelée Face ++ protégée par de nombreux brevets. Qui est actionnaire de cette entreprise ? Bohai Harvest RST, la société d’investissement créée par Hunter Biden et ses partenaires commerciaux.
    (Peter Schweizer, président du Governmental Accountability Institute)
    Comme il fallait s’y attendre, ni CNN, ni le NYT, ni le WP, ni l’Agence France Poubelle n’ont repris cette info explosive.
    Le fascisme qui sévit actuellement aux Etats-Unis a de quoi nous inquiéter très sérieusement….

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  2. Patrick Kingsley est correspondant international pour le NYT basé à Berlin. A t il déjà mis les pieds en Israël?
    A Gaza?

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  3. En France ,ils sont 35000 journalistes répertoriés (carte de presse ) qui diffusent les mêmes articles que le NYT .
    Heureusement qu il y a la Pravda et les izvestia pour rétablir la vérité !

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