La religion progressiste contre la Torah d’Israël (I)

[4 juin 2023]

Comme l’écrivait récemment Ariel Shenbal dans les colonnes de Makor Rishon,

« les manifestants qui défilent en Israël contre le gouvernement et contre les ‘Harédim sont pour la plupart des Juifs ‘hilonim (laïques), qui ont rejeté le“joug de la Torah et des mitsvot ”. »

Il n’est pas anodin qu’un des slogans qu’on retrouve dans les manifestations et sur les autocollants soit « Hofshi beArtsenou » (libre dans notre pays), deux mots tirés de l’hymne national d’Israël mais détournés de leur sens original. La Tikva parle en effet d’être « un peuple libre sur sa terre, la terre de Sion et de Jérusalem », la liberté étant synonyme d’indépendance et non pas de rejet de la Torah.

Mais ces manifestants, observe Shenbal, ont en fait rejeté la Torah d’Israël pour adopter une nouvelle religion, celle du progressisme.

« Il s’avère que cette nouvelle religion ressemble à toutes les autres », poursuit-il. « Elle a ses rabbins (et même ses rabbanit), ses rituels et même ses punitions pour ceux qui prétendent quitter ses rangs ».

L’observation est juste et elle rejoint le constat fait il y a déjà plus d’un siècle par un écrivain russe, qui remarquait que les Juifs communistes se comportaient avec un zèle religieux.

Ses rituels…

Si l’on développe la comparaison établie par Ariel Shenbal, on constate en effet que les manifestations à Tel-Aviv et ailleurs ont bien un caractère quasi-religieux, qu’on peut déceler notamment dans le caractère rituel des rendez-vous instaurés chaque samedi soir, boulevard Kaplan à Tel-Aviv ou près de la résidence du président à Jérusalem, rendez-vous auxquels les manifestants se rendent, portant leur drapeau et leurs pancartes, de manière régulière et quasi-religieuse, comme s’il s’agissait d’un commandement divin.

Parmi les autres rituels développés autour des manifestations, mentionnons les cris de « Boucha ! » (Honte !) ou de « Demokratia ! », scandés et répétés avec une ferveur qui confine parfois à l’extase. Les rites « expiatoires » consistant à scander les noms d’hommes politiques particulièrement honnis, comme ceux de Yariv Levin ou de Simha Rothman, comme s’il s’agissait non seulement de les vouer aux gémonies, mais de les « maudire » au nom de la religion progressiste.

Ses livres…

Cette religion progressiste a aussi ses « livres religieux ». J’ai pu ainsi consulter deux « Haggadot » rédigées à l’occasion de Pessah, comportant un florilège de textes écrits par des écrivains, des militants et des dirigeants politiques. Ce qui caractérise ces Haggadot, si l’on les compare aux « Haggadot » israéliennes classiques utilisées jadis dans les kibboutz, est le caractère à la fois « laïc » de leur inspiration et le zèle quasi-religieux qui les anime.

Mais ce ne sont là que les aspects les plus anodins – et inoffensifs – de cette religion progressiste. Comme toutes les religions, elle a aussi ses courants plus radicaux et sectaires. Ceux-ci prennent la forme, dans les manifestations anti-gouvernementales des derniers mois, de protestations plus extrêmes, dirigées contre les membres du gouvernement, leurs familles et leurs partisans, ou contre l’ensemble du public juif orthodoxe (comme ce couple agressé dans sa voiture).

Un exemple récent nous a été donné ce shabbat par l’agression du député Simha Rothman à New York par un groupe de manifestants israélo-américains, qui l’ont harcelé dans la rue, alors qu’il se promenait avec son épouse. Quand l’organisatrice de la manifestation a été interrogée à la radio israélienne pour expliquer la motivation de son agression, elle a dit tout simplement que c’était un « devoir de s’opposer à ceux qui transforment Israël en dictature »… Elle a même été jusqu’à porter plainte contre le député Rothman, accusé de s’être défendu contre ses agresseurs (plainte qui a été classée par la police de New-York).

Dans l’esprit des adeptes de la religion progressiste, il n’y a de place pour le moindre doute. Leur religion leur enjoint de combattre le gouvernement démocratiquement élu d’Israël par tous les moyens, y compris violents… Dans la suite de cet article, nous nous tenterons de comprendre qui sont les « prêtres » de cette religion progressiste en Israël. PL

(à suivre)

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem


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4 commentaires

  1. Ces gens sont convaincus d’être « dans le vrai », ne veulent plus « couper les cheveux en quatre » et ils veulent être « comme tout le monde », alors que le Judaïsme c’est le doute, la recherche, la remise en question qui fait avancer.
    Ils n’ont plus ce courage de l’incertitude, de l’aventure permanente et il leur faut des certitudes rassurantes.
    Ils les trouvent dans le wokisme et le consumérisme débilitants.
    Heureusement, ils ne sont qu’une minorité, mais elle est tonitruante!

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