[3 novembre 2023]

Le 26 octobre 2023, Haïm Korsia, le grand rabbin de France et Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la grande mosquée de Paris, étaient les invités de BFMTV. Ils étaient censés apporter « un message pour la paix au Proche-Orient ».

J’ai déjà dit ce que je pensais de la prestation de Korsia¹ :

LPH, le Petit Hebdo, a cru devoir dépublier cet article pour de bonnes raisons : pour ne pas aggraver « nos divisions ». Cette position soulève un problème fondamental, vital : qu’est ce qui est plus dangereux, réagir à une grave réalité, même si cela peut froisser, ou se taire par peur de la polémique ?

Pour ma part les choses sont claires : affronter un danger, reconnu à temps, est infiniment moins coûteux que le déni qui anesthésie notre vigilance.

La preuve pour cette catastrophe absolue qu’a été le 7 octobre.

Or se taire fait partie du déni.

Lors de cette émission TV, il y avait deux types de déni :

Le déni du recteur de la mosquée de Paris fondé sur le mensonge le plus grossier qui vise à dissimuler, à tromper afin de nous endormir :

« pas de pogroms dans l’histoire de l’islam, ni en Algérie ; en temps de guerre, l’islam protège les femmes et les enfants, les prisonniers », etc., etc.

Et le déni du grand rabbin, sans doute pas dupe, qui préféra ne pas contredire son interlocuteur, « pour ne pas verser de l’huile sur le feu » comme veut bien le croire ma fille.

Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour que le recteur tombe le masque. Maltraité par les siens qui lui ont reproché d’avoir pactisé avec la juiverie et le sionisme, le recteur s’est vite empressé de les rassurer :

« je n’ai jamais condamné le Hamas, ce qui m’importait, c’était de défendre les innocentes victimes, dont la majorité sont des enfants et des femmes, en raison d’une nouvelle agression meurtrière israélienne,je demande la fin de l’agression israélienne, la résistance du peuple palestinien est légitime… ».²

Évidemment, ce discours a été prononcé en arabe. Et il a été traduit par la courageuse chercheuse française du CNRS, Florence Bergeaud-Blackler, qui a récemment publié un livre sur la pénétration des Frères musulmans en Europe.³

Cette pratique du double discours fait partie des ruses de guerre, appelées aussi « taqya ». Le FLN durant la guerre d’Algérie l’avait beaucoup pratiqué. Dans les déclarations en français pour la France, ou en anglais pour l’ONU, on garantissait aux non-musulmans le droit de rester dans le futur État indépendant. Et en arabe, pour « les siens », on rassurait : il n’en était pas absolument pas question ! Et c’est ce qui fut.

« Nous ne pouvons pas aider nos frères en Palestine par des discours émotionnels ou des surenchères rhétoriques, nous devons savoir comment nous adresser au public occidental, avec raison et sang-froid. Les Européens doivent voir que nous sommes calmes, même si nous sommes en colère et révoltés. Nous devons savoir comment faire entendre notre voix dans le but de changer les politiques des gouvernements occidentaux concernant la terrible souffrance du peuple palestinien. »

Le recteur, en arabe, a tombé le masque.

Son déni lors de l’émission a BFMTV ressortait d’une stratégie bien réfléchie : la tromperie pour transformer les bourreaux en victimes.

En face, la tactique d’accommodement du grand rabbin était une grave erreur.

Je le maintiens, le feu du déni sera toujours infiniment plus ravageur que celui reconnu à temps et affronté.

Je me répète, le 7 octobre a été le prix, exorbitant, du déni !

Au nom de tous nos morts, atrocement massacrés, s’il vous plaît, au moins dans nos rangs, plus jamais ça. J-PL♦

Jean-Pierre Lledo, MABATIM.INFO

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1 https://mabatim.info/2023/10/31/monsieur-le-grand-rabbin-de-france/
https://israelmagazine.co.il/haim-korsia-lecœurant-petit-rabbin-de-france-par-jean-pierre-lledo/
https://perditions-ideologiques.com/2023/11/02/la-dhimmitude-exemple-du-grand-rabbin-de-france/

2 Florence Bergeaud-Blackler sur Twitter

3 Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête, Odile Jacob, 2023.