Les mots de trop : Israël « déshumanise-t-il » Gaza ?
Lors de sa visite en Israël, ce mercredi, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken a évoqué l’aide humanitaire israélienne à Gaza et a déclaré que nous avions écouté les recommandations des États-Unis et introduit davantage d’aide en faveur des Gazaouis.
Cependant, le coût de l’opération militaire dans la bande de Gaza est, selon lui, trop élevé pour les citoyens de Gaza. Aussi, il nous demande de la renforcer.
Mais il a ensuite ajouté cette phrase qui ne passe pas :
« Israël et les personnes enlevées ont traversé un processus de déshumanisation, mais ce n’est pas une autorisation pour déshumaniser les autres. Nous ne devons pas perdre notre humanité. »
Qu’est donc ce nous englobant Israël et sans doute l’Occident ?
Au cours de leurs nombreuses guerres, les démocraties occidentales, y compris les États-Unis, ont tué de nombreux civils qui se trouvaient au mauvais endroit et au mauvais moment. Nous, nous essayons, autant que faire se peut, d’éviter les pertes civiles. Nous avertissons les populations, et nous les aidons à quitter les zones de guerre.
Nombreux sont nos soldats qui ont été tués parce qu’ils avaient voulu épargner des pseudo-civils qui en fait étaient des terroristes.
Et c’est nous qui devons faire attention à ne pas déshumaniser Gaza ?
Les massacres datent déjà de 4 mois. Quelques jours après le 7 octobre, le président Jo Biden déclarait qu’il fallait éradiquer le Hamas. Et maintenant, alors que depuis le début nous avons accepté un corridor humanitaire, alors que nous permettons à de nombreux camions d’entrer à Gaza, Anthony Blinken nous demande de ne pas perdre notre humanité ?
Au mois d’octobre, Or Louk, une jeune femme dont la famille a été assassinée à Kfar Aza s’écriait à la télévision :
« Quoi ? Disait-elle, Un corridor humanitaire ? Mes parents n’ont pas eu droit à un corridor humanitaire et vous, tranquillement assis dans les studios, vous ne comprenez pas que si on ne les arrête pas ce sera votre tour ? Qu’ils viendront vous égorger chez vous à Tel Aviv, Ramat Hasharon, Hertzlyia ? »
Nous avons vu hier le film d’un tunnel découvert par Tsahal. Nous savons qu’au moins une partie des otages y ont été détenus, enfermés derrière des grilles.
Et nous avons appris cette semaine qu’au moins 32 otages supplémentaires avaient été tués par le ‘Hamas.
Les Gazaouis savaient ce qui se passait. Ils le savaient, car ce tunnel comme bien d’autres avait son entrée dans une maison, à côté d’immeubles d’habitation ;
Et pourtant Tsahal fait ce qu’aucune armée n’a jamais fait en temps de guerre : ravitailler la population ennemie tout en sachant que plus de 60 % de cette aide est pillée par les terroristes du Hamas.
En ce moment, il y a dans le monde des millions de gens qui vivent dans des conditions atroces et personne ne pense à les mentionner. Seule compte la population gazaouie dont beaucoup ont participé aux massacres du 7 octobre et ont soutenu le Hamas.
Leur Djihad est une entreprise familiale, communautaire :
Chacun y participe selon ses moyens.
« Si vous ne pouvez pas faire exploser une bombe, ou tirer une balle, arrangez-vous pour fracasser le crâne d’un infidèle avec une pierre, poignardez-le avec un couteau, roulez dessus avec votre voiture, jetez-le d’une falaise, étranglez-le ou empoisonnez-le. »1
Chacun est payé selon sa participation :
C’est ainsi que les civils innocents sont venus piller et violer et enlever les femmes qui leur plaisaient comme on pouvait l’entendre dans les films des assassins :
« celle-ci ne la tue pas, on la garde pour le viol ! »
Nombreuses parmi les otages qui ont été libérées, y compris une adolescente de 13 ans, ont dû subir un avortement !
En ce moment, des manifestations ont lieu au point de passage Kerem Shalom.
Voici ce qu’écrit une des manifestantes, Tamar :
« Hier, j’ai senti que je ne pouvais plus rester les bras croisés et je suis allée jusqu’au poste frontière de Kerem Shalom pour arrêter avec mon corps le passage des camions d’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Surtout qu’on sait que cette aide est pillée par le Hamas au profit de ses combattants… J’ai surtout ressenti la force du peuple d’Israël et son unité, qui a choisi de manifester calmement. Certains sont là 24 h sur 24 et 7 jours sur 7… Hier, seulement 70 camions sur 200 ont réussi à entrer à Gaza parce qu’ils sont partis plus tôt que d’habitude mais pas un seul camion n’est passé par Kerem Shalom aujourd’hui. »
Comment pouvons-nous les nourrir sans exiger le retour préalable de nos otages ?
Les tentes des manifestants au point de passage de Kerem Shalom
Anthony Blinken, nous n’avons pas perdu notre humanité, mais vous, vous avez perdu toute conscience. Vous n’étiez pas obligé de prononcer cette phrase choquante. En diplomate chevronné, vous auriez pu exprimer différemment vos préoccupations. À qui vouliez-vous plaire ? Aux électeurs de l’extrême gauche du Parti Démocrate ? À l’ONU qui chipote encore pour reconnaître les crimes du ‘Hamas et dont la Commission pour les Droits de l’Homme est composée d’une majorité automatique de pays criminels? A la Cour Internationale de La Haye qui s’est commise d’un procès ignoble initié par cette grande démocratie qu’est l’Afrique du Sud ?
Souvenez – vous de cette phrase du Talmud :
Celui qui est miséricordieux envers les cruels, devient cruel envers les miséricordieux כל המרחם על האכזרים סופו שמתאכזר על הרחמנים
Peut-être en fait ne la connaissez-vous pas ?
Mais vous êtes Juif, et vous devriez la connaître. Vous devriez aussi sortir de votre zone de confort et comprendre que si vous vous étiez trouvé dans un des kibboutzim de Otef Aza le 7 octobre, vous, votre femme et vos enfants, auriez été massacrés, violés, démembrés, éventuellement kidnappés comme les autres. Et ce n’est pas votre nationalité américaine qui vous aurait sauvé.
Pour ces Einzatsgruppen islamiques vous n’auriez été que des Juifs destinés à l’abattoir.
N’oubliez pas que vous êtes Juif. Lors de votre circoncision vous avez reçu un nom hébreu. Vous le connaissez et vous savez qu’il est toujours suivi du mot בן-ben – fils (de). Vous savez aussi qu’il vous ancre ainsi dans les générations de vos ancêtres dont celle de votre grand-père Moshe (Maurice) né à Kiev.
Je ne sais pas si on peut appeler Shoah ce que nous avons vécu mais c’est ainsi que nous le ressentons ici en Israël mais aussi en Diaspora. Gilles-William Goldnadel déclarait il y a quelques jours :
« Je suis redevenu un Juif déporté. »
Je comprends ce qu’il exprime, mais je sais aussi que grâce à son fils, qui sert actuellement en Israël, et à tous nos enfants et petits-enfants qui sont mobilisés, nous sommes protégés autant que faire se peut.
Et que personne ne vienne nous dire que nous contribuons à déshumaniser Gaza.