
par Klod Frydman
[2 mai 2024]
Khaybar
Lorsqu’il provoque une guerre, le Hamas se réfère à la légende musulmane de Khaybar.
A 150 kilomètres au nord de Médine, dans le désert d’Arabie se dressait l’oasis de Khaybar. Cette ville, connue pour son hospitalité, était riche, fortifiée et majoritairement peuplée de Juifs.
La légende raconte qu’au mois de mai de l’an 7 de l’Hégire (628), une armée musulmane forte de 1 600 hommes dont 100 cavaliers, commandée par Mahomet attaqua Khaybar1. Il mit le siège devant l’oasis défendue par une armée juive de 20 000 combattants. La victoire des musulmans fut totale.
La plupart des juifs survivants furent expulsés, ceux qui restaient durent accepter les conditions de vie de dhimmitude qui leur étaient imposées.
La légende raconte que c’est en soudoyant les alliés des Juifs que Mahomet s’est emparé de Khaybar.
« Khaybar, Khaybar, ya yahud ! Jaish Muhammad soufa yaʿoud ! » (خيبر خيبر يا يهود جيش محمد سوف يعود) « Khaybar, Khaybar, oh Juifs ! L’armée de Mahomet reviendra ! »
Ce slogan fut lancé à la fin des années 1980 par Ahmed Yassin, le fondateur du Hamas. Il est scandé lors des manifestations anti-israéliennes dans le monde.
La légende de Khaybar est un modèle et un espoir pour le Hamas qui prétend avoir le soutien d’Allah. Sa première attaque fut un échec, les suivantes également.
L’armée de Mahomet du Hamas est revenue quatre fois, quatre calamités pour Gaza.
Le Hamas fantasme qu’il finira par gagner à l’usure, détruira Israël, prendra comme, Mahomet après Khaybar, le pouvoir sur l’Islam et rétablira le califat sur terre.
La prise de Khaybar fut le prélude à la conquête arabo-musulmane2 laquelle a commencé à déferler un an après sur le monde. Elle a duré jusqu’au 17ᵉsiècle avec des dizaines de millions d’esclaves et des centaines de millions de morts (cent cinquante millions rien qu’aux Indes).
Qu’est-ce que le Hamas ?
Branche palestinienne des Frères Musulmans, ses projets sont décrits dans sa charte3. Il aspire clairement à l’anéantissement d’Israël et des juifs et à la domination de l’Islam sur le Monde. Il combat la franc-maçonnerie, la laïcité, la démocratie, refuse la paix et la tolérance. Voici quelques extraits de sa charte :
– Sur Israël :
« Israël existe et continuera à exister jusqu’à ce que l’islam l’abroge comme il a abrogé ce qui l’a précédé ». (Préambule) ; Les arbres disent : « Musulman, serviteur de Dieu, un juif se cache derrière moi, viens et tue-le (art. 7). »
Israël, par sa judéité et ses Juifs, constitue un défi pour l’islam et les musulmans :
« que les lâches jamais ne ferment l’œil » (art. 28).
– Sur la laïcité :
. L’idée laïque [en note dans le texte] : le laïcisme (al-‘ilmâniyya) signifie la non-religion (al-lâdîniyya),
. « Secularism » [en caractères latins dans le texte] est incompatible avec l’idée religieuse, d’une totale incompatibilité.
Or, c’est sur les idées que se construisent les positions, les points de vue et les prises de décision.
Il nous est impossible de troquer l’islamité actuelle et future de la Palestine pour l’adoption de l’idée laïque.
« L’islamité de la Palestine fait, en effet, partie de notre religion ; or quiconque néglige une part de sa religion perd à tout coup (art. 27). »
– Sur la paix et la tolérance :
À l’ombre de l’islam, les disciples des trois religions, islamique, chrétienne et juive, peuvent coexister dans la sécurité et la confiance.
Ce n’est qu’à l’ombre de l’islam que la sécurité et la confiance peuvent se trouver, l’histoire constitue un bon témoin, qu’elle soit récente ou ancienne. Il est du devoir des disciples des autres religions de s’abstenir de concurrencer l’islam dans sa souveraineté sur cette région car le jour de leur propre souveraineté serait celui des massacres, de la torture et de l’exode (art. 31).
– Sur la franc-maçonnerie :
la franc-maçonnerie, les clubs Rotary, etc., qui toutes sont des nids de subversion et de sabotage.… Ces organisations profitent de l’absence de l’islam de la scène publique et de son étrangeté pour les gens. Il revient aux islamistes de tenir leur rôle dans la confrontation avec les menées de ces saboteurs. Le jour où l’islam aura pris le contrôle de l’orientation de la vie, il anéantira ces organisations hostiles à l’humanité et à l’islam. (art.17)
– Sur la femme :
Dans la bataille de libération, la femme musulmane a un rôle qui n’est pas inférieur à celui de l’homme : être l’usine à hommes (Art 17).
Le Hamas a remporté les législatives de 2006 à Gaza.
Depuis il n’a plus été question d’élections. Il a établi un régime totalitaire où la corruption règne.
Il a été accusé par le Fatah de Mahmoud Abbas de créer à Gaza un État« mini-taliban ».
Néanmoins, les aides pleuvent sur Gaza. L’Europe est le plus gros contributeur, l’ONU n’est pas loin. Le consulat de France à Jérusalem détaille les dons du gouvernement français, des contribuables français. C’est impressionnant.
Malgré cela, les Gazaouis sont dans la misère.
En revanche, leurs leaders sont très riches. La fortune qu’a amassée Khaled Mechaal était évaluée, en 2014, par la presse arabe, à 2,6 milliards de dollars. Elle est estimée en 2024 à 5 milliards de dollars. Il en va de même pour Ismaël Hanyeh, Mohamed Deif, Yahyia Sinwar et les autres dirigeants.
Gaza est Judenrein4. Plus un seul Juif n’y vit depuis 2005. Le Hamas y assume un contrôle total. Il est vrai qu’Israël a décidé de l’établissement d’un blocus mais essentiellement sur les armes et les matériaux qui servent à la fabrication des armes et des tunnels. Un blocus inefficace si l’on en juge par l’importance et la longueur des tunnels et de l’arsenal accumulé.
Gaza possède également une frontière avec l’Égypte. Pourquoi ce pays lui impose-t-il un blocus encore plus sévère qu’Israël ? Parce que Le Hamas représente également un danger pour l’Égypte.
Le Hamas utilise ses ressources pour acquérir des armes plutôt que pour sa population. Il n’y aurait pas de blocus s’il n’y avait pas de terrorisme.
Israël fournit encore l’eau, l’électricité et la nourriture à Gaza. Il procure aussi du travail : de nombreux Gazaouis venaient, avant la guerre, travailler en Israël.
Depuis 2008, le Hamas a provoqué cinq guerres contre Israël. En 2008, 2012, 2014, 2021, 2023, à chaque fois plus difficiles et plus meurtrières.
– La guerre entre Israël et le Hamas de 2014 s’était terminée par un cessez-le-feu négocié par l’Égypte. C’était une guerre d’un type nouveau. Le Hamas en attaquant savait qu’il ne pourrait pas gagner sur le plan militaire mais qu’il gagnerait sur les plans politique et médiatique en poussant Israël à riposter et en sacrifiant sa propre population dont le sort lui importe peu. Il s’était agi d’un banc d’essai.
Le Hamas, renforcé et réarmé après chaque défaite par l’aide internationale, prétend agir « au nom d’Allah ». Pourtant l’Autorité Palestinienne a manifesté ses doutes lors de la préparation de l’agression d’octobre. Mais contester ce plan était impossible comme l’a expliqué son représentant, Abou Zaydeh :
« Quand vous croyez que Dieu vous envoie pour accomplir ses ordres, il n’y a personne avec qui discuter ».
L’attaque du 7 octobre 2023 est une catastrophe pour Israël qui ne s’y était pas préparé. Cette guerre oppose Israël au Hamas. Pas au peuple palestinien ni à ses dirigeants, mais à une organisation terroriste et reconnue comme telle par de nombreux pays démocratiques.
L’Europe quant à elle divise le Hamas en deux branches, une politique et une militaire et l’Union Européenne ne dénonce comme terroriste que la branche militaire, bien que les deux soient intimement liées.
Rappel des faits.
Le Qatar, la Turquie, l’Union Européenne et l’Iran sont les principaux financiers du Hamas. L’Iran pour les armes, le Qatar et la Turquie officiellement pour payer les dizaines de milliers de fonctionnaires du gouvernement du Hamas, acheter du carburant pour les générateurs électriques et aider les familles pauvres. Jusqu’en 2021 l’argent était versé en liquide. Depuis, l’ONU a remplacé les valises. Naïvement le gouvernement israélien imaginait que l’amélioration du niveau de vie des Gazaouis contribuerait à rendre stable la situation. Pour cela il avait également ouvert des discussions pour augmenter le nombre de Gazaouis autorisés à travailler en Israël.
Israël ne se sentait pas menacé.
Le 7 octobre 2024, à six heures du matin, les sirènes d’alerte ont retenti dans tout Israël. Une pluie de roquettes, 6000 missiles se sont abattus sur les villes et les villages, du nord au sud du pays. Simultanément, par les airs, par la mer et par la terre, 3 000 combattants du Hamas, suivis par un grand nombre de civils gazaouis armés ont envahi le sud d’Israël. Jaillissant des tunnels, vêtus d’uniformes israéliens, ils ont déboulé dans les villages, les kibboutz et les villes du sud et ont perpétré pendant des heures des massacres : des femmes, des enfants, des bébés et des personnes âgées ont subi des tortures, des viols, des émasculations, des démembrements, des éventrations, des brûlés vifs, des kidnappings et toutes sortes d’atrocités barbares. Un désastre et un traumatisme pour Israël, 1200 assassinés, plus de 350 otages kidnappés et 1540 blessés hospitalisés. Le plus grand et le pire pogrom depuis la 2ᵉ guerre mondiale.
« Le Hamas n’a pas consulté l’Autorité palestinienne ni l’Égypte ni même l’Iran avant de lancer cette opération « déluge d’El-Aqsa ».
En lançant cette attaque au nom d’Allah et sous le slogan de la résistance légitime, il a perpétré des centaines de crimes de guerre, exonérant ainsi Israël de toute responsabilité pour avoir versé le sang palestinien… Le Hamas a entraîné dans cette guerre l’Iran, le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen…
Le 13 octobre, Israël a lancé une contre-attaque aérienne suivie deux semaines plus tard par une opération terrestre. L’objectif était à la fois la libération des otages et la destruction du Hamas, lequel a promis de réitérer ses atrocités jusqu’à l’élimination complète d’Israël.
Situation actuelle.
Israël cible les roquettes, les lanceurs et les tunnels utilisés pour des incursions terroristes contre la population israélienne.
De nombreux civils gazaouis sont tués. Mais existe-t-il une guerre sans morts ?
Le bilan est catastrophique, quoique les chiffres répétés à l’envi par les médias proviennent exclusivement de sources du Hamas, lequel ment, on a pu le constater à maintes reprises. Le Hamas expose délibérément sa population pour pouvoir accuser Israël de « génocide ».
Le Hamas place Israël devant une alternative impossible : Soit Israël ne réagit pas et c’est un suicide. Soit il se défend et est accusé de crimes de guerre.
Le vrai crime n’est-il pas d’utiliser les enfants les femmes, les civils comme boucliers humains ? De cacher les dirigeant et les armes dans le sous-sol des hôpitaux et des écoles de Gaza ? Même l’ONU, pourtant peu coutumière de dédouaner Israël, a été obligée de reconnaître ces crimes commis par le Hamas.
Golda Meir l’avait dit en son temps :
« La paix s’installera ici le jour où les Arabes aimeront leurs enfants plus fort qu’ils ne nous haïssent. Nous pouvons pardonner aux Arabes de tuer nos enfants, mais nous ne pouvons pas leur pardonner de nous forcer à tuer les leurs. »
Toute mort est un drame, celle des civils et des soldats israéliens comme celle des victimes gazaouies. L’armée d’Israël tâche, dans la mesure du possible, d’éviter les victimes civiles en les avertissant des bombardements. Où a-t-on vu une armée se comporter ainsi ? Ni les Américains, ni les Russes, ni les Français ne l’ont fait. Sans parler des Syriens et des Irakiens.
Si le but d’Israël était d’exterminer les Gazaouis, il aurait suffi qu’il rase Gaza.
Il en a les moyens militaires. Il n’en a jamais été question. La communauté internationale accuse néanmoins Israël de génocide. Si Israël se conduisait comme n’importe quel autre pays ou comme le Hamas lui-même, le nombre de victimes gazaouies aurait été décuplé. Quant au Hamas, il bombarde en Israël sans distinction, villes, villages, écoles, hôpitaux.
Sans le dôme de fer, le système anti-missile israélien et les consignes de la protection civile, le nombre de victimes israéliennes aurait été considérable.
Israël utilise les missiles pour protéger sa population, le Hamas utilise sa population pour protéger ses missiles.
Le Hamas qui a provoqué cette guerre se retrouverait complètement isolé s’il n’avait pas le soutien de l’Iran et de certains pays européens. La plupart des pays musulmans modérés, tout en condamnant officiellement Israël le soutiennent dans son action, tant ils craignent les agissements des Frères Musulmans qui ont renversé ou tenté de le faire tous les régimes qui les ont accueillis.
Ses seuls alliés effectifs sont l’Algérie, la Turquie, le Qatar, le Venezuela, la Corée du Nord et en premier lieu l’Iran, qui a appelé « Khaybar » son nouveau missile balistique avec lequel il a ciblé Israël.
L’avenir vu d’un œil optimiste
Plus que tout, la majorité des Israéliens et des Palestiniens souhaitent la paix et un avenir pour leurs enfants. Mais tant de fautes ont été commises par les uns et les autres que la confiance est absente. Malgré tout, des relations existent entre Israël et la Palestine, entre Juifs et Arabes, certes avec des hauts et des bas. Il est compréhensible que les Arabes se sentent solidaires de leurs coreligionnaires de Gaza malgré l’intégrisme et l’obscurantisme qui les menacent eux-mêmes. Israël est une démocratie, l’Autorité Palestinienne y viendra peut-être. Il faudrait des mesures courageuses et innovantes, réciproques, pour rétablir la confiance et pour obtenir une paix durable.
Rien ne peut se réaliser sans le désarmement du Hamas et sa subordination à l’Autorité Palestinienne.
« L’Union européenne réaffirme sa position concernant le Hamas, considéré comme une organisation terroriste », avait-on pu lire dans un communiqué des ministres des Affaires étrangères européens publié le mardi 22 juillet 2014, qui condamnent « fermement les tirs aveugles de missiles sur la population civile comme elle condamne l’utilisation des civils comme bouclier humain ».
Aujourd’hui, sa « fermeté » vis-à-vis du Hamas semble beaucoup moins affirmée.
L’avenir vu par un pessimiste
La première réaction du président Macron au pogrom du 7 octobre fut de discerner la menace et tenter de réunir, comme elle l’avait été pour combattre Daesh, une coalition contre le Hamas.
Le téléphone a dû chauffer entre les capitales. Ce n’est que trois semaines plus tard qu’Israël resté seul contre ceux qui voulaient l’anéantir entra en action par une opération terrestre.
Finalement une coalition s’est faite… contre Israël.
Elle réunit l’Iran, les pays et mouvements chiites et islamistes et leurs alliés. L’ONU, les pays du tiers monde, la Russie et la Chine montrent une neutralité plutôt hostile à Israël. Quant aux pays occidentaux, certains comme l’Espagne, l’Irlande et la Belgique ont choisi leur camp : le Hamas.
La plupart des autres, submergés par les manifestations unissant extrême gauche et Frères Musulmans qui vont jusqu’à l’appel au rétablissement du Califat et à la solution finale pour les Juifs, restent indécis, par peur ou par intérêt ou les deux à la fois.
Contrairement à la situation des Juifs pendant la Shoah, le peuple d’Israël est fort, armé et résolu. Israël se battra jusqu’au bout. Il n’a pas le choix. KF♦

Klod Frydman, MABATIM.INFO
1 https://ledernierprophete.info/la-sira/vie-du-proph%C3 %A8te-muhammad-saw/1553/31-la-conquete-de-khaybar
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Expansion_de_l%27islam
3 https://monbalagan.com/29-israel/sources-israel/1622-1988-charte-du-hamas.html – Traduction Jean-François Legrain chargé de recherches au CNRS. La charte a été quelque peu édulcorée mais reste d’actualité.
4 Les nazis le disaient d’un territoire lorsqu’il était considéré « nettoyé de ses Juifs ».
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Très bonne explication; A lire et relire avant de diffuser;
Amitiés
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