Par Jean-Pierre Lledo
[Mai 2024]

Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, le peuple kabyle se bat pour son autonomie, pour la reconnaissance de la langue berbère, le tamazigh, et aujourd’hui pour sa propre indépendance.

L’Algérie considérée comme une puissance coloniale a riposté par des tueries, des arrestations massives, parmi les militants indépendantistes et aussi parmi les chrétiens (protestants) nombreux en Kabylie.

Le 20 avril dernier, un événement de la plus haute importance a eu lieu devant le siège de l’ONU, le Président du Gouvernement provisoire Kabyle en exil, Ferhat Mehenni, a proclamé la Renaissance de l’État Kabyle.

Il faut savoir aussi que si le gouvernement algérien s’est réjoui du 7 octobre et apporte tout son soutien au Hamas et à « l’autorité falestinienne », le gouvernement kabyle en exil, avec à sa tête Ferhat Mehenni, a condamné aussitôt le massacre et exprimé sa solidarité avec le peuple israélien. Ce qui lui vaut le classique « sioniste » qui se veut une insulte, mais dont au contraire s’enorgueillissent les Kabyles, qui il y a plus de 20 ans affrontaient les gendarmes aux cris de « Sharon ! Sharon ! », la terreur personnifiée des armées arabes.

Au moment où nous célébrons le 76^ᵉ anniversaire de la Renaissance d’Israël, ayons en vue qu’aujourd’hui les Kabyles sont un peuple sans État, comme l’étaient les Juifs avant 1948 !

Le 20 avril 2024 restera gravé dans l’histoire de la lutte du peuple kabyle pour sa libération, et à cette occasion, j’ai envoyé un message au Président Ferhat Mehenni que je connais depuis un demi-siècle et avec qui j’ai participé à de nombreuses luttes pour la liberté d’expression, lorsque je me trouvais en Algérie.

Le message suivant a été lu durant cet évènement sur le parvis de l’ONU :

La Kabylie, je la connais. Ses pierres, ses arbres, ses montagnes enneigées, la beauté de ses criques et de ses corniches, et le grand cœur de ses habitants. J’y avais des amis, beaucoup d’amis, tels l’écrivain Tahar Djaout et le chanteur Lounes Matoub, tous deux assassinés par le Daech algérien.

Aussi dans cet océan mondial de violences, de guerres, de mort, qu’il m’est émouvant de voir ce frêle esquif parti de Kabylie saluer la Statue de la Liberté, et accoster devant le siège de l’ONU, pour dire au monde des choses très simples en définitive :

« J’existe depuis des milliers d’années. J’ai une langue et une culture particulière dont, il est vrai, je suis fière. J’aurais volontiers offert l’hospitalité à tous les peuples du monde, mais je n’eus affaire qu’à des envahisseurs. Grâce à nos montagnes, j’ai pu éviter la mort à petit feu de mon âme. Et aujourd’hui, le 20 avril 2024, malgré mon âge, je suis là, avec toute la mémoire et la fougue d’une jeunesse qui a pris le relais. Je suis là à Manhattan, devant la porte des Nations, pour vous rendre témoins de la Renaissance d’un État, mon État, afin qu’avec votre soutien je puisse, la tête haute, être reconnue en votre demeure. En attendant, écoutez-moi bien, je vais vous faire le récit de nos quarante-quatre 20 avril depuis le Printemps berbère d’avril 1980, puis du Printemps noir d’avril 2001 avec mes 130 enfants assassinés, jusqu’en ce Printemps d’espoir 2024 aux couleurs de notre emblème, jaune et bleu, je me jumelle avec New York ».

Vous voyez, la Kabylie n’a rien d’extravagant à vous demander. La Kabylie mène son combat pacifiquement, elle ne terrorise personne, elle ne veut faire disparaître aucun autre peuple, elle ne veut imposer ses croyances à personne, elle veut ÊTRE, c’est tout.

Ô Nations l’aiderez-vous ?

« Kabylie chérie tu as déjà mon cœur et tu le sais.
Il est bientôt 18h57 et tu vois je suis au rendez-vous. » J-PL♦

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PS :

IMPORTANTE ALLOCUTION DU PRÉSIDENT FERHAT MEHENNI le 5 mai 2024, qui se prononce clairement contre le recours aux armes pour conquérir la liberté.

https://www.facebook.com/events/1462070661084339/?ref=newsfeed&locale=fr_FR

Jean-Pierre Lledo, MABATIM.INFO
Cinéaste