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Par Pierre Lurçat
[23 juillet 2024]
Le moment n’est pas encore venu de dresser la liste des responsables de l’échec colossal du 7 octobre, mais on peut déjà établir certains faits indéniables. Dans mes précédents articles consacrés à la « Conceptsia », j’ai évoqué les responsabilités de l’armée et de l’establishment sécuritaire et politique, et aussi celles de certains islamologues qui n’avaient rien compris au Hamas.
Je voudrais évoquer à présent un maillon essentiel dans la chaîne d’événements qui ont conduit au 7 octobre : celui de la Cour suprême d’Israël.
Le journaliste Yoni Rothenberg rappelait récemment1 un épisode oublié de l’avant 7 octobre, celui des manifestations hostiles à la frontière de Gaza, qui ont commencé en 2018. À l’époque, on avait cru qu’il s’agissait uniquement d’une démonstration destinée à des fins de propagande – sur le thème du « droit au retour » – qui visait essentiellement à attirer l’attention internationale sur la situation à Gaza. Aujourd’hui, on comprend que toute cette entreprise, menée pendant des semaines et des mois, s’inscrivait en fait dans la stratégie à long terme qui a abouti au 7 octobre.
Que s’est-il passé en effet ?
De manière répétée, des centaines de manifestants « pacifiques » se sont approchés de la barrière séparant Gaza du territoire israélien. Or, au début des années 2010, les consignes de Tsahal étaient claires :
Toute personne s’approchant de la barrière pouvait (comme pour toutes les frontières au monde, surtout celles séparant deux pays en état de guerre) être visée par des tirs de semonce, voire par des tirs visant à la neutraliser.
C’est alors que la Cour suprême et le procureur militaire sont intervenus, toujours dans un sens bien précis, celui visant à protéger les « civils innocents » de Gaza, en émasculant progressivement les consignes de tir de Tsahal.
Le Hamas – qui suit de près l’évolution de la société israélienne et qui est très au fait des conflits internes à Israël, comme on l’a compris avec retard après le 7 octobre – a utilisé la brèche ouverte par la Cour suprême et par le procureur militaire dans la barrière « intelligente ».
Après que 300 gazaouis eurent été tués lors des premières manifestations autour de la barrière, l’association pour les droits civiques déposa un recours à la Cour suprême.
L’armée préféra éviter d’avoir à se justifier devant la Cour et prit elle-même les devants, en changeant ses consignes de tirs.
La brèche ainsi ouverte dans la barrière n’était pas seulement une brèche juridique et symbolique, comme en atteste la mort du soldat Barel Hadaryia Shmueli H.y.d., tué à bout portant derrière la barrière…
En réalité, le Hamas venait de remporter sa première victoire militaire.
La décision de la Cour suprême fut ainsi – comme le 17 Tammouz que nous commémorons aujourd’hui – la première brèche qui conduisit à la catastrophe du 7 octobre. Lors des interrogatoires de terroristes de la Nouhba après le 7 octobre, une des révélations les plus intéressantes, qui n’a presque pas été reprise par les grands médias israéliens, fut la suivante :
Les manifestations sur la barrière avaient pour objectif de permettre au Hamas, profitant du chaos généré, de poser des mines près de la frontière et de recueillir des informations précieuses, qui lui serviront le 7 octobre.
Une semaine avant la date fatidique du 7 octobre 2023, les manifestations près de la barrière, qui avaient cessé depuis longtemps, reprirent de manière inattendue et inexpliquée.
Les meilleurs spécialistes israéliens avancèrent toutes sortes d’hypothèses, aussi erronées les unes que les autres, pour tenter d’expliquer la raison de ce revirement. En réalité, il s’agissait cette fois de la « répétition générale »… Les manifestants allèrent jusqu’à faire exploser des charges de forte intensité sur la barrière elle-même, sans que Tsahal puisse réagir, ayant adopté ses nouvelles normes de « riposte » dictées par l’establishment judiciaire de Bagats2 et du procureur militaire. La suite est connue, hélas.
Le journaliste Y. Rothenberg, qui rappelle ces événements dans le journal Besheva, en tire la conclusion qui s’impose :
La Cour suprême ne doit pas être impliquée d’aucune manière dans les enquêtes qui devront déterminer les responsables du 7 octobre. Toute commission d’enquête qui serait dirigée par un ancien juge à la Cour suprême sera empêchée de rechercher la vérité, car on ne peut être juge et partie.
Or la Cour suprême – et à travers elle, l’ensemble de l’establishment judiciaire israélien – portent une lourde responsabilité dans les événements qui ont mené au 7 octobre. PL♦
(à suivre)…

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem
1 Y. Rothenberg, « Ce n’est pas ainsi qu’on mène une enquête », Besheva 18.7.2024.
2 Acronyme en hébreu pour « Cour suprême »
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Plus généralement, au-delà de la question judiciaire, la wokisation de la société Israélienne a toujours affaibli les défenses d’Israël et renforcé le Hamas. Pour pouvoir lutter contre le ennemis de l’extérieur, il ne faut pas se laisser corrompre et affaiblir par les ennemis de l’intérieur.
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La superstructure de l’état d’Israel est pourrie et il va s’effondrer. Nous sommes dirigés par des vendus aux USA. En temps de paix on s’est juste vendus contre une jeep et deux paquets de chewing gums, en temps de guerre nous devenons les traitres à notre peuple, nous tous, parce que nous avons laissé faire ça, pour des raisons diverses et parfois contradictoires. Nous sommes des juifs et nous nous comportons comme des chrétiens. Dieu ne nous a pas abandonné pour rien, il voit bien qu’il n’y a rien à tirer de nous. Bref, j’ai les boules.
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Toujours se rappeler ce qu’avait dit Lénine : « Les Capitalistes vont nous vendre la corde qui nous servira à les pendre ».
Dans le cas de cet article, on paraphrasera Lénine par le Hamas : « La Cour Suprême d’Israël nous donnera la marche à suivre, qui nous servira à éradiquer Israël ».
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L’autosatisfaction est le premier ennemi d’un être humain. Israel était rassurée et confortée en elle-même de sa supériorité technique et militaire, ce qui a aveuglé dans son orgueil. Un ennemi observe les failles de l’autre. Oui, nos Israéliens, nous avons failli dans notre orgueil et notre auto suffisance.
La gauche israélienne n’a pas compris que nous sommes confrontés à une guerre de religion, et que, au nom de Allah, les islamistes ont rusé pour vaincre le dieu des juifs …Et les humilier et violer leurs femmes, égorger leurs bébés, et éventrer les femmes enceintes… un appétit morbide de sang pour venger leur orgueil blessé. Tous les citoyens d’Israël devraient lire le Coran pour comprendre ce qui y est dit de la nécessité d’humilier et soumettre les chrétiens et les juifs et de les empêcher de prendre une quelconque autorité car l’Islam efface toutes les religions monothéistes antérieures, elle est la dernière révélation et donc elle se donne le droit d’humilier, de violer, de détruire et de tuer tout ce qui la précède!
Oui, il y avait un désir bien prémédité de vengeance des islamistes, soutenu par l’Iran pour humilier tout ce qui n’est pas islam et tout ce qui a un petit parfum d’Occident et de JuifIl faut être capable d’imaginer le mal de l’autre pour s’en défaire et se battre contre lui. C’est ce que les sionistes de gauche n’ont pas vu venir et n’ont pas fait.
Hélas! Ne jamais mépriser sous-estimé son ennemi! Enfin, comprendre ce dont personne ne parle — ce dont personne ne parle. Les iraniens ne sont pas des arabes et ils veulent prouver au monde arabe qu’ils sont supérieurs. Ils sont déjà arrivés jusqu’au bord de la Méditerranée jl y a quelques siècles et ils ont la nostalgie d’une conquête territoriale de tout l’Orient Jusqu’à la Méditerranée.
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