Du siècle des Lumières à la France Potemkine

Par Michel Bruley 
[25 juillet 2024]

Les promesses des lumières

Le siècle des Lumières a défini que le but de la société est le bonheur commun, que le progrès de la science amène le perfectionnement moral et social de l’humanité grâce à l’émancipation de l’homme par le savoir, à l’universalisme des valeurs (solidarité, fraternité, égalité), de la culture, à la démocratie, la liberté de conscience, la libération des superstitions, la liberté de jugement individuel, au culte de la raison…, que l’histoire a un sens, celui du progrès indéfini des lumières.

Cette vision spécifique à l’occident n’est pas mondialement partagée, et d’autre part : le progrès suppose des réformes, voire des révolutions des manières de penser ou de faire ; Pascal a dit que « la raison est incapable de nous donner des certitudes » ; tuer Dieu ne supprime pas la barbarie, seulement quelques kilomètres séparent Buchenwald de Weimar ; la formation dans nos démocraties cherche moins l’épanouissement des hommes qu’à les rendre utiles, dociles…

De la postmodernité

La postmodernité, c’est le questionnement de la modernité, une défiance et un ressentiment qui sont dus au fait que la promesse de bonheur liée à la modernité, grâce au savoir, la culture, la loi, les institutions… n’a pas été tenue.

La postmodernité s’attaque aux dogmes et aux pratiques de notre société, elle déconstruit par exemple l’universalisme de la raison, considère l’universalisme républicain comme une domination des minorités culturelles, voit la loi comme étant au service des puissants et comme un dispositif de contrôle, de sanctions qui ne libère pas l’homme, mais l’opprime.

Dans cette lignée, une société démocratique n’est pas forcément équitable, elle n’exprime pas toujours l’intérêt général et la culture n’est plus émancipatrice, mais elle est un instrument de domination qui facilite la reproduction des élites. D’autre part, certains mouvements actuels peuvent être vus comme des phénomènes postmodernes, c’est le cas de Metoo qui s’attaque au patriarcat, du communautarisme islamique qui remet en cause la laïcité…

Finalement, la postmodernité casse les idées établies, les piliers de la société, elle cherche à libérer l’individu, elle consacre l’individualisme et le communautarisme.

De l’individualisme et du communautarisme

Chaque être vivant tend à persévérer dans son être, mais l’individualiste ne vit que pour lui seul. L’individualisme revendique une liberté absolue, légitime l’égoïsme et présente la différenciation communautaire comme une richesse. Cependant, les membres d’une communauté cherchent avant tout leurs intérêts particuliers qui peuvent s’opposer à ceux des autres communautés, les guerres entre communautés religieuses l’ont largement, historiquement montrée. Le Liban est un exemple parfait de la difficulté de faire cohabiter des communautés.

L’individualisme fait de la jouissance une fin en soi de l’existence, avec pour but le bonheur terrestre, cela s’accompagne d’un nihilisme sceptique qui rejette toute contrainte et toute croyance, d’une sortie de la religion, de la faillite du politique (cf. faillite du communisme), d’une crise culturelle. L’individualiste est hédoniste, aliéné au matérialisme et avec lui la solidité du lien social n’est plus assurée.

La démocratie en crise

La démocratie a été vue comme un idéal civique de bonheur, le président Pompidou l’avait évoqué dans un discours, le perfectionnement des lois et des institutions devait être la clé du bonheur des hommes, mais cette perspective n’est plus d’actualité.

La démocratie comme source de bonheur a fait faillite.

Déjà à Athènes il y avait eu cette même perspective et le même échec qui avaient consacré la philosophie comme seul accès à la sagesse et au bonheur. La philosophie et sa tempérance n’est plus en cours aujourd’hui, l’individualisme lui est préféré, avec une recherche du bonheur personnel en particulier grâce à l’hyper consommation.

Partout à travers le monde, les démocraties sont en crise. Les analystes le constatent, même s’ils font remarquer que chaque pays à ses spécificités. Les démocraties sont confrontées à des problèmes qu’elles n’arrivent pas actuellement à résoudre : migrations (220 millions de migrants dans le monde), inégalités (malgré la réduction de la grande pauvreté dans le monde), changement climatique… Ceci a entraîné une défiance à l’égard des institutions démocratiques, une méfiance des hommes politiques, du système capitaliste et des intérêts privés… qui aboutit à une montée des extrêmes qui ne se privent pas de développer des discours haineux, voire d’encourager à la violence pour certains.

Pour conclure

Si la démocratie est en crise et ne maîtrise plus la situation, ce n’est pas seulement par l’échec des promesses des lumières, ni la contestation postmoderne, ni l’individualisme, ni le communautarisme, mais aussi beaucoup par l’abus du pouvoir des mots par des politiques qui parlent abondamment, mais n’agissent pas vraiment, soutenus par des médias complices, des publicitaires manipulateurs et bien d’autres intervenants irresponsables de la vie publique.

Politiquement correct, propagande, manipulation de masse, post-vérité, France Potemkine des médias et de la publicité… finissent par désorienter les Français qui ne sont pas tous dupes et réagissent de façon variée.

La montée des extrêmes en politique, le développement d’idées ou de théories complotistes, la violence dans les cités, l’expatriation des jeunes bien formés… sont les signes clairs d’un malaise social profond qui nous met en très grand danger à court et moyen terme. Pour le plus long terme, je ne suis pas inquiet, car je me rappelle le cycle formulé par Balzac :

« La liberté enfante l’anarchie, l’anarchie conduit au despotisme, et le despotisme ramène à la liberté ». MB

Michel Bruley, MABATIM.INFO


Pour aller plus loin avec humour, regarder la drôle d’humeur de Marina Rollman : démocratie à la française :


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3 commentaires

  1. Une démocratie est un système politique où la souveraineté appartient au peuple et où la liberté d’expression est garantie. En somme, le contraire de la « France » (que l’on ne peut plus nommer ainsi’, d’où les guillemets) ! Qualifier l’UE, par essence antidémocratique, et la «  » »France » » » de « démocraties » est un non-sens et montre à quel point les mots ont été vidés de leur sens. C’est cela, la post-modernité : l’inversion des mots et des valeurs, la négation du réel et la négation de l’humanité (car la négation du réel est toujours une négation de la vie d’autrui).

    L’obscurantisme et la Barbarie portant le masque de la modernité, voilà ce qu’on nomme la « post-modernité ».

    L’idéologie de la nouvelle «  » » »France » » » » étant celle des indigènes de la République _ c’est-à-dire l’extrême droite pro Hamas : le summum du Fascisme et la négation absolue des Lumières.

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  2. Votre Définition de la Post modernité souffre d’une nostalgie romantique et contrairement à ce que vous dites la Post modernité de résumé l’absence de contenu pour le glissement des effets creux. La poste modernité est à historique, elle se sert des icônes de l’histoire à effets de référence mercantile
    C’est le vide en tant qu’objet de marchandise —! C’est l’effet sans cause — ou l’esthétique de l’absence — c’est la joliesse décorative sans propos.
    La poste modernité ne croit pas devoir résister à une idéologie. Elle est spectatrice. Oui, nous sommes bien rentrés dans la civilisation du spectacle Et non plus de l’engagement responsable ni des causes sacréesVous confondez Post modernité et sursaut d’une modernité castrée Elle n’a plus de rage Elle consomme dans un laisser vivre de la consommation. Elle est la muette indifférence qui simule la participation aux grandes idées.
    Mon cher ami, vous devez réviser votre copie. La Post Modernité n’est pas la modernité efficace c’est le faire aller du show biz castré dans le silence et l’indifférence.

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    • C’est le Nihilisme. La déification du Néant. Les mots et les valeurs ayant été vidés de leur sens, il ne reste plus qu’une société vidée de son intelligence et son humanité. La

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