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Par Pierre Lurçat
[26 juillet 2024]
1. Dans un exposé passionnant, donné pour l’année du décès du professeur Bentsion Nétanyahou à Jérusalem, Rafael Medoff relata la campagne menée par Nétanyahou aux États-Unis pour la création d’un État juif, dans les années 1940. Directeur de l’institut Wyman de recherche sur l’antisémitisme à Washington, Rafael Medoff a publié plusieurs livres sur la période des années 1940 aux États-Unis, et notamment A Race Against Death : Peter Bergson, America, and the Holocaust, qui relate le combat du « groupe Bergson » pour alerter l’opinion publique américaine sur l’anéantissement des Juifs en Europe. Peter Bergson et Bentsion Nétanyahou appartenaient aux mêmes cercles sionistes révisionnistes et ont mené plusieurs combats communs, même si leurs priorités étaient différentes :
le premier se focalisait sur la lutte pour tenter de sauver les Juifs d’Europe, tandis que le second se consacrait au combat politique pour la création d’un État juif en Eretz-Israël.
Le point le plus marquant de cet exposé était le suivant : lors de son séjour aux États-Unis, en pleine Deuxième Guerre mondiale, Bentsion Nétanyahou créa l’embryon de ce qu’on appelle aujourd’hui le lobby juif américain. Alors que les sionistes « mainstream » parlaient aux dirigeants américains dans un langage prudent et souvent timoré, Nétanyahou s’exprimait clairement et sans aucune honte :
Il leur parlait le seul langage que les dirigeants politiques comprennent, à savoir celui des intérêts.
Historien talentueux doué d’une capacité d’analyse politique hors du commun, Bentsion Nétanyahou fut ainsi le premier à défendre la cause sioniste aux États-Unis, en faisant valoir que la création d’un État juif servirait de rempart contre l’influence soviétique au Moyen-Orient. Et, contrairement aux dirigeants sionistes « mainstream » qui étaient acquis au président Roosevelt (lequel ne fit rien pour enrayer la destruction des Juifs d’Europe), Nétanyahou sut tisser des relations étroites avec les deux grands partis politiques américains, qui s’avérèrent essentielles lors du vote aux Nations unies sur la création d’un État juif.
2. À cet égard, le « tropisme américain » de Benjamin Nétanyahou s’inscrit dans le droit fil de l’action de son père, comme on a pu le constater cette semaine, dans son remarquable discours prononcé (pour la 4ᵉ fois !) devant un Congrès enthousiaste. Les applaudissements nourris de la quasi-totalité des membres des deux chambres du Congrès américain, qui réservèrent au discours de « Bibi » un nombre record de « standing ovations », n’étaient pas seulement destinés à la personne du Premier ministre. À travers lui, c’est au peuple d’Israël tout entier qu’ils s’adressaient. Chaque Juif et chaque Israélien (et aussi chaque observateur honnête) a pu mesurer à cette occasion la profondeur de l’amitié qui unit les deux peuples et les deux pays.
Il est d’autant plus regrettable que certains commentateurs israéliens, à l’instar des médias français, n’aient pas saisi la grandeur du moment et ne soient pas parvenus à oublier – l’espace d’un instant – leur haine abyssale et totalement irrationnelle envers Nétanyahou…
Celui-ci s’est une fois montré sous son meilleur visage : celui d’un homme d’État et d’un fin politique, qui maîtrise à la perfection les arcanes du Congrès et de la vie politique américaine en général.
3. Mais le succès remporté par Nétanyahou – et, à travers lui, par Israël – devant le Congrès américain ne doit pas masquer la question préoccupante, qui est devenue de plus en plus pressante depuis le 7 octobre :
Combien de temps durera l’alliance
entre Israël et les États-Unis ?
L’absence remarquée de Kamala Harris lors du discours de Nétanyahou était à cet égard lourde de signification. Si elle devait, à D. ne plaise, être élue présidente des États-Unis en novembre, sa victoire porterait sans aucun doute un coup très lourd aux relations bilatérales entre les deux pays. Mais, même si Donald Trump est élu, la guerre qui a débuté le 7 octobre a montré les fragilités de l’alliance Israël-États-Unis et les dangers inhérents à la confiance excessive portée par l’establishment militaire et sécuritaire israélien dans l’allié américain.
Il est grand temps de repenser les fondements de cette alliance et de repenser aussi la doctrine stratégique d’Israël, en tirant les conclusions de neuf mois de guerre.
Voici quelques directions dans lesquelles il conviendrait sans doute de s’orienter : aspirer à une véritable indépendance en matière d’armement, autant que faire se peut, pour échapper aux pressions exercées par les pays fournisseurs d’armes en pleine guerre. Et plus généralement, viser à devenir véritablement indépendants, dans la mesure du possible, sur le plan stratégique, militaire et politique.
La sécurité d’Israël repose en définitive sur le seul peuple juif, car comme l’écrivait David Ben Gourion en 1957,
« L’État d’Israël ne peut compter que sur un seul allié fidèle dans le monde : le peuple Juif »2.
Vérité ultime qui demeure tout aussi vraie aujourd’hui qu’alors. PL♦

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem
1 Yoni Netanyahou dirigeait le commando israélien qui a libéré les otages du vol Air France à Entebbe (Ouganda) en 1976. Il y perdit la vie (NDLR).
2 Dans un texte inédit en français, à paraître en septembre dans la Bibliothèque sioniste. D. Ben Gourion, En faveur du messianisme : L’État d’Israël et l’avenir du peuple Juif, éd. de l’éléphant 2004.
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Absolument d’accord avec vous. On peut avoir des relations avec les USA, bien sûr, mais comme avec toute autre nation, sur le base d’intérêts communs et sans jamais mettre en question, ou en péril, notre indépendance. Comme vous le dites, il y a plein de possibilités pour diversifier nos échanges qui ne nous laisseraient pas le bec dans l’eau en cas d’urgence. Nos valeurs, comme vous dites, je ne suis pas sûr on ait les même finalement. Regardez la guerre de Gaza, qui nous soutient dans le monde pour notre victoire totale (peut-être l’Inde) ? Tous avec les USA nous poussent à épargner le Hamas, alors que nous savons très bien, qu’avec le Hamas ce sera encore et encore des 7 octobre. Nous n’avons pas toujours été les alliés inconditionnels des USA, même le contraire jusque et même un peu après 67 la guerre des 6 jours. Ne l’oublions pas.
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une alliance repose sur des interets communs .le cinema des valeurs » partagées » c est du vent !
Israel doit nouer des alliances diverses et solides avec des puissances qui partagent ……des interets communs et donc souvent des ennemis communs ,
les exemples sont nombreux : inde, vietnam , coree du sud , et pourquoi pas pologne , tchequie , argentine .
parmi ces pays Israel doit trouver des sources d approvisionnement nouvelles et des marchés rentables aussi .
l inde et la coree disposent deja d industries aeronautique performantes , notre point faible et notre dependance aux avions US peut etre resolu demain .
si la clique obama garde le pouvoir une nouvelle fois a washington , cette bascule deviendra urgente .
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