Propagande et post-vérité : ces maladies de notre société de l’information sont-elles mortelles ?

René Magritte, 1929

Par Michel Bruley 
[26 août 2024]

Aucune communication n’est innocente

En communiquant, on cherche à établir une relation avec quelqu’un, mais l’échange n’est jamais exempt d’intention, on diffuse une opinion, une conduite, une idée, une idéologie…

On cherche l’approbation, le consentement, l’engagement, l’imitation… de l’interlocuteur. Dans cette optique, toute communication peut être considérée comme de la propagande. Cette vision est un peu complotiste pour les communications entre semblables, mais elle semble assez juste pour celles concernant les États et leurs gouvernements.

Les États font des communications biaisées pour influencer l’opinion et les comportements des citoyens.

Pour cela, ils mobilisent différentes personnes, des professionnels de la communication pour leurs techniques, des intellectuels pour l’autorité de leur conceptualisation, des personnalités (spectacle, sport…) pour leur visibilité… et surtout les médias qui jouent un rôle central dans la diffusion de la propagande. Le but, encadrer, conformer les idées, les attitudes, obtenir des consentements, des engagements, des actions des citoyens. Chomsky a expliqué cet état de fait en disant :

« La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à l’État totalitaire ».

La propagande : une manipulation de masse

Le propagandiste se caractérise par l’emploi qu’il fait de certaines techniques pour manipuler les perceptions, les attitudes et promouvoir ses propres intérêts :

  • présentation de choses complexes de façon simpliste ;
  • appel à des émotions fortes telles que la peur, la colère ;
  • exploitation de symboles idéologiques ;
  • usage de témoignages, de citations, de visuels chocs et émotionnants ;
  • répétition des slogans encore et encore pour les entrer de force dans les mémoires ;
  • création de boucs émissaires pour porter la responsabilité des problèmes ;
  • diabolisation des adversaires présentés comme étant maléfiques ;
  • censure et manipulation de l’information qui est tronquée, déformée…

Goebbels a dit :

« Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour obtenir un certain effet » et ce dernier dépend des intentions du propagandiste.

Les ultras de droite ou de gauche cherchent, quand ils sont dans l’opposition, un temps de chaos propice pour imposer leur dictature (militaire, prolétaire…), les démocrates cherchent plus à convaincre la masse qu’ils savent ce qui est bien pour elle et à fabriquer du consentement, certains États nounou élaborent des guides de bonnes conduites privées et emploient des méthodes douces pour que le citoyen prenne lui-même de bonnes décisions genre consommer 5 fruits et légumes par jour ou soutenir les efforts de guerre du gouvernement pour sauver la civilisation…

La propagande est bien ancrée dans notre vie quotidienne, elle ne touche pas que la politique, mais aussi d’autres domaines par exemple l’économique, notamment avec la communication des entreprises et la publicité qui vend autant des produits qu’une image. En effet, beaucoup de produits sont plus difficiles à vendre qu’à produire, il y a alors besoin d’accroître la demande et de faire rêver. Ainsi la consommation d’électroménagers a historiquement été développée avec le mythe de l’émancipation de la femme des tâches ménagères. Les fabricants de chaussures, de collants… ne vous vendent pas des produits, mais de beaux pieds, de belles jambes… un statut social… un style de vie… On notera ici que certains voient la consommation comme un outil de dépolitisation massive, un moyen politique pour contenir les masses.

Des chercheurs qui ont étudié particulièrement le sujet de la propagande disent qu’elle renforce plus les opinions qu’elle ne les change. Cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas néfaste pour la société :

Elle manipule, elle divise, elle dénigre la vérité et les faits, elle attise peur, haine, méfiance, elle justifie souvent la violence, elle galvaude la liberté d’expression et la pensée critique, elle érode la confiance dans les institutions, elle a des effets dévastateurs sur la vie en société, finalement elle affaiblit la démocratie.

Quel lien entre propagande et post-vérité ?

Notre monde de post-vérité se caractérise par de la désinformation, du brouillage, du relativisme généralisé, des rumeurs, un affaiblissement de l’autorité, une défiance envers les thèses officielles, la multiplication des explications complotistes.

La post-vérité est un effet boomerang des mensonges et manipulations d’État (Nuage de Tchernobyl… armes de destruction massive… rejet du traité de constitution de l’Europe en 2005, imposé en 2007… masques inutiles puis obligatoires…), elle a aussi pour source les manipulations de la propagande (gouvernementale, politique… commerciale, publicitaire…) et un individualisme chevronné qui ne veut pas s’en laisser conter.

La propagande, les mensonges, les fausses nouvelles… de notre monde de post-vérité sont diffusés par les médias qui en vivent.

Par exemple, les médias exploitent les rumeurs ou les thèses complotistes et leur consacrent trois types d’articles :

– exposé de la thèse,

– démenti de la thèse,

– dénonciation de la thèse en tant que rumeur ou idée complotiste.

On notera ici que les rumeurs sont toujours un sous-produit d’informations fournies par les médias (par exemple la plus célèbre : le Protocole des sages de Sion a été diffusé dans le grand public par le Times en 1920).

Enfin, il faut comprendre que les médias sociaux qui permettent une diffusion rapide de la propagande, des fausses nouvelles, des rumeurs… et qui sont très critiqués pour cela, ne sont que des haut-parleurs qui nous font entendre les opinions de notre monde de post-vérité.

La post-vérité est la fille des mauvaises intentions des communications

La propagande et la post-vérité exploitent les émotions humaines (peur, colère…), les mythes (nationalisme… croyances religieuses…) et intentionnellement jouent avec les faits objectifs pour manipuler les opinions, les comportements. Cela déboussole les gens, érode leur confiance dans les sources d’information, menace la vie en société, perturbe le peuple souverain des démocraties qui en conséquence sont menacées.

On notera que les plus grands responsables de ces manipulations de l’information sont les politiques qui, de façon suicidaire, scient la branche de l’information sur laquelle ils assoient leur pouvoir.

Pour finir La post-vérité si je mens – Un billet de Sophia Aram :

Michel Bruley, MABATIM.INFO


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