De la guerre et de la paix

Par Michel Bruley,
[24 février 2025]

La guerre est un mal absolu, elle humilie, déshonore, dégrade, elle génère des carnages, multiplie les cadavres, concrètement c’est comme le dit le putschiste Hélie de Saint-Marc dans ses mémoires :

« Du sang, de la souffrance, des visages brûlés, des yeux agrandis par la fièvre, de la pluie, de la boue, des excréments, des ordures, des rats qui courent sur les corps, des blessures monstrueuses, des femmes éventrées et des enfants transformés en charogne ».

La paix est définie comme une absence de trouble entre citoyens ou entre nations.

Pour Machiavel, la paix est essentielle au bon fonctionnement d’un État ; il la voit comme un objectif politique qui doit être soutenu par une stratégie militaire efficace, s’inscrivant ainsi en droite ligne de l’adage des Romains : si tu veux la paix, prépare la guerre.

La paix armée tient compte de la méfiance qui est inhérente aux relations humaines :

Elle stipule que la paix ne peut être maintenue que par la force,

et Machiavel ajoute que la fin justifie les moyens.

Ceux qui utilisent tous les moyens possibles (illégaux ou immoraux) visent l’efficacité pour atteindre des objectifs qu’ils ont définis unilatéralement comme bons. C’est une approche dictatoriale généralement empruntée par des personnes qui croient détenir la vérité avec un grand V et qui ne sont pas ouvertes au compromis, à la négociation, à la compréhension des autres, à la participation, l’inclusion de toutes les parties, à la médiation…

La guerre de 1870, un exemple parmi d’autres

La guerre de 1870 est née des volontés politiques française et prussienne :

– la France cherchait à asseoir sa suprématie sur l’Europe continentale,

– la Prusse cherchait à unir les 25 États allemands indépendants et souverains.

Le déclencheur, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, a été une embrouille volontaire de Bismarck, la fameuse dépêche d’Ems. Napoléon III déclare la guerre, la France était censée avoir l’armée la plus forte.

C’était sans compter les accords de défense entre États allemands ni le savoir-faire militaire de la Prusse, dont il était dit à l’époque : ce n’est pas un pays qui a une armée, mais une armée qui a un État.

Les différentes armées se portent aux frontières et déjà l’efficacité allemande se fait jour, car à l’entame des premiers combats, il y a 200 000 Français, face à 400 000 Allemands.

Cinquante batailles vont avoir lieu : les Allemands en ont gagné 39, les Français 10, et une seule bataille est jugée indécise. Globalement, sur l’ensemble de la guerre, les Français auront mobilisé 1,6 million d’hommes et les Allemands 1,4.

Le tableau ci-dessous récapitule les victoires.

Il est à noter que les 49 victoires ont été acquises 44 fois en situation de supériorité numérique et 5 fois en situation d’infériorité numérique (les Allemands 3 fois et les Français 2 fois). Les victoires allemandes sont souvent expliquées par la qualité de leur haut commandement, de leurs troupes et de leur artillerie (2 fois plus de canons dont beaucoup en fer à tir plus rapide). Les Français avaient le meilleur fusil (le Lebel), pour les premiers combats des troupes moins entraînées, après des troupes fraîchement mobilisées, des francs-tireurs et surtout Napoléon III n’était pas militairement compétent et après les débuts catastrophiques au commencement du mois d’août plusieurs généraux français se sont montrés pusillanimes.

Globalement, la France a compté 150 000 morts et 475 000 prisonniers, et l’Allemagne trois fois moins de morts.

L’Empire français s’est effondré, l’Empire allemand est né, mais par-dessus tout,

la paix a été ratée avec des conditions exorbitantes et le détachement de l’Alsace, de la Lorraine.

Des crimes de guerre ont été commis dans les deux camps, et d’un affrontement à visée politico-stratégique, on en est arrivé à un conflit entre deux peuples qui ont souvent élevé leurs enfants dans la haine ou le mépris de l’autre camp.

De l’art de faire la paix

Dans son livre « L’art de la guerre », Sun Tzu ne dit rien de la façon de faire la paix alors que l’histoire montre que gagner une guerre, y compris de façon sans appel, n’est souvent qu’un succès provisoire.

En 1871, les Allemands ratent la paix, et après la Première Guerre mondiale les alliés aussi, en grande partie à cause des Français.

En théorie (bisounours !?), les solutions à adopter pour solder un conflit doivent être perçues comme justes et équitables par toutes les parties impliquées. Cela peut nécessiter des mécanismes de réparation, de réconciliation et de justice transitionnelle. De plus la paix doit être promue par l’éducation et la sensibilisation aux droits de l’homme, à la diversité culturelle et à la non-violence, pour prévenir des conflits ultérieurs.

Force est de constater que lorsqu’il s’agit de guerres entre des nations ou de guerres civiles, l’Histoire offre peu d’exemples de paix réussie.

Cependant, parfois un tiers neutre peut aider à faciliter la résolution d’un conflit.

Des médiateurs et des arbitres peuvent jouer un rôle important en aidant les parties à trouver des solutions pacifiques. Dans le cadre de guerres civiles, l’ONU a, dans certains cas, joué un grand rôle pour établir des paix durables, cela a été le cas pour le Cambodge, la Sierra Leone, le Libéria.

Malheureusement pour ce qui est des conflits entre nations, l’intervention d’un tiers négociateur semble plus difficile.

Pour terminer avec humour, il faut noter que, quel que soit le conflit :

« L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui ! ». MB

Michel Bruley, MABATIM.INFO


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