Israël, témoignage : « Comment le Shabak transforme le pays en une république bananière »

Par Mikha Koubi, ancien du Shabak (Sécurité Intérieure d’Israël)
[Le 11 mars 2025]

Remarque : depuis cette intervention, le gouvernement d’Israël, a validé le limogeage de Ronen Bar par le premier ministre Benyamin Netanyahou. Toutefois le défenseur du chef du Shabak, en a appelé à la cour suprême de l’État, qui a rendu un verdict d’interdiction temporaire.

Verbatim

Il ne m’est pas facile de venir dans un média, pour donner mon avis sur ce qui se passe aujourd’hui au Shabak. J’ai servi des années dans ce corps d’élite, que j’aime et que je respecte. Toutefois, je fais une très nette séparation entre les hauts gradés et les agents du terrain, ceux qui ont les « mains dans le cambouis ».

Il faut revenir au début des manifestations, il y a deux ans et demi, souvent violentes, contre la réforme juridique, dont les participants ont été appelés des « kaplanistes »1.

Sept cents retraités du Shabak ont signé une déclaration dans laquelle ils annonçaient leur solidarité avec le mouvement antigouvernemental et rejoignaient les manifestations des rues.

Ce sont des citoyens et quel que soit leur positionnement politique, ils ont le droit de manifester comme tout un chacun en Israël.

Mais à partir du moment où ils arborent une pancarte « retraités du shabak », en participant à un mouvement politique, ils infligent des dommages au statut de ce service indispensable à la sécurité de l’état d’Israël.

Par ailleurs, j’entends dans les médias, que le l’ex commandant en chef du shabak Nadav Argaman, est l’un des initiateurs de ce mouvement de protestation politique.

Pire, il fait du chantage au premier ministre : si celui-ci limoge Ronen Bar le chef actuel du shabak, alors lui Argaman, rendra public des faits compromettants (dont pour l’instant, il ne veut pas mentionner la nature) concernant Benyamin Netannyahou.

Shimon Elkabets commandant en chef de la radio de l’armée Galatz, donc la voix officielle de l’armée, a dit à l’antenne que Ronen Bar devait démissionner depuis longtemps déjà. Et maintenant que l’on « pousse » Ronen Bar vers la sortie, celui-ci reste collé à son fauteuil, mieux ou pire,

le chef du shabak annonce que non seulement il ne démissionnera pas, mais il compte désigner son successeur, ainsi que les hauts officiers qui entoureront son futur remplaçant.

Si Ronen Bar était honnête, il n’aurait jamais dû accepter les conclusions des enquêtes réalisées par le shabak lui-même. On y lit des mensonges, on y voit la faute rejetée sur les politiques et sur l’armée et tout cela dans le but de se dédouaner.

Évidement, ni l’armée ni les politiques ne sont exempts de lourdes responsabilités, mais en aucune manière cela ne blanchit le shabak.

Ilana Dayan rapporte sur la chaîne israélienne 12,

…qu’une source « humaine » de renseignement, deux mois avant l’attaque, avait averti le shabak, que le Hamas projetait d’attaquer une semaine après Yom Kippour. Le shabak n’a pas bougé. J’affirme que « l’enquête » du shabak est éminemment politique.

Mais il y’a encore plus « glauque ». Quelques médias ont publié des articles à charge contre des personnalités du bureau du premier ministre et ont intitulé leurs parutions « affaire Qatargate », où on subodore, que par le bureau du premier ministre a transité de l’argent, soi-disant, du Qatar et dont on ne connaissait pas la destination.

Personnellement, je n’en sais rien, mais en revanche, je connais quelques hauts gradés, y compris du shabak, qui ont ouvertement fait des affaires avec le Qatar et eux, n’ont jamais été inquiétés.

Pour moi, il n’y a aucun doute que le chef du shabak et la conseillère juridique du gouvernement se concertent, puisque c’est elle qui a demandé au shabak de mener l’enquête sur « Qatargate ».

La conseillère juridique n’a aucune compétence, pour exiger du shabak une enquête. D’autant plus, qu’ils n’ont aucun champ d’activité professionnelle en commun.

L’unique instance qui mène des enquêtes c’est la police israélienne, sur la saisine d’un procureur, mais aucun procureur n’a encore été saisi, car pour l’instant il n’y a aucune « affaire Qatargate », donc on parle de rien, fermez le ban.

Tous ces gens, Ronen Bar, la conseillère juridique du gouvernement, Nadav Argaman et tant d’autres sont des kaplanistes

– qui ont appelé les réservistes à refuser de servir dans l’armée,

– qui ont appelé les pilotes à refuser des missions de combat,-

– qui ont désorganisé l’économie du pays

– et qui ont affaibli l’armée et la dissuasion d’Israël.

Ce sont les mêmes, qui exigent de se soumettre aux diktats du Hamas, pour que celui-ci libère des otages (pauvres naïfs inconscients).

Si cela arrive, ce sera une capitulation devant ce mouvement terroriste, qui exigera de plus en plus, sans libérer les otages.

Ce n’est pas un secret, le mari de Shikma Bresler (« la pasionaria » du mouvement des « kaplanistes ») a travaillé avec le chef du Shabbak. C’est son droit le plus strict, toutefois est il envisageable, que des influences néfastes aient pu déteindre sur le chef du shabbak et de là, sur toute l’organisation ?

Peut-être, cette influence était-elle l’une des causes de la catastrophe du 7 octobre.

Il est plus que temps de limoger Ronen Bar et la plupart des hauts gradés de son staff, et si l’enquête d’une commission prouve qu’ils ont failli à leur devoir de protéger le pays, alors il faudra entreprendre contre toutes ces personnes des procédures pénales. MK♦

Micha Koubi, TOV


Traduction et adaptation : Édouard Gris

1 Nom du mouvement d’extrême gauche qui, depuis 2 ans mène des manifestations violentes contre le gouvernement de Netanyahu, dans la rue Kaplan. Avant la guerre, contre la reforme judiciaire, maintenant en instrumentalisant les familles des otages du Hamas, pour imposer leur agenda politique.


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