Israël : comment « l’esprit de Tsahal » a failli tuer Tsahal

Par le Dr Tsvi Sadan, historien
[29 mars 2025]

Le sujet de cet article est l’analyse de l’influence du document appelé « Rouakh Tsahal », qu’on pourrait traduire par « L’esprit de Tsahal » et qui a influencé et surtout a changé l’ethos et la doctrine de l’armée israélienne, par rapport à celle qui élaborée à la création de l’état juif.

Verbatim

Comment est née la nouvelle conception de la défense, appelée par le même mot, mais hébraïsé : « contseptsiya » et qui est l’un des facteurs principaux ayant conduit à la catastrophe du 7 octobre 2023. Toutefois, pour comprendre la lente évolution idéologique de Tsahal, il faut dire comment est comprise la notion de « contseptsiya » par les Israéliens.

On peut se servir d’une analogie médicale, en comparent la « contseptsiya » à

« une maladie qui a infecté les capacités cognitives des élites sécuritaires et politiques de l’État d’Israël, en ce qui concerne les principes d’utilisations de l’outil militaire ».

On peut citer une des phrases de l’enquête interne du shabak (Service général de sécurité intérieure) et qui dit ceci :

« Le shabak a averti et pointé le déficit dissuasif d’Israël qui a amené les adversaires d’Israël et notamment le Hamas à une audace de plus en plus agressive. »

Le mot adversaire est utilisé au moins sept fois dans l’enquête du shabbak. Ce mot illustre l’état d’esprit du shabak.

Désigner les Gazaouis comme adversaires introduit une notion civile dans la langue des militaires.

On a des adversaires dans le sport, dans les affaires, dans la politique

En qualifiant les Gazaouis d’adversaires, on ne peut plus leur déclarer la guerre, car la guerre se déclare aux ennemis.

Cette relativisation est l’un des symptômes de la « maladie de l’altération des capacités cognitives ».

L’utilisation d’adversaire entraîne, entre autres, des conséquences juridiques.

À partir du moment où on appelle l’ennemi adversaire, alors légalement on n’a pas le droit de lui faire la guerre. Et si on n’a pas le droit de faire la guerre à l’adversaire, on ne peut pas le vaincre physiquement.

Même après le 7 octobre, le shabak s’entête d’appeler les Gazaouis des adversaires, ce qui est pratiquement de la perversion mentale. Si les Gazaouis ne sont pas des ennemis, alors pourquoi se préparer à la guerre ?

Dans cette démonstration on s’aperçoit que le progressisme dicte la façon de réfléchir du shabbak.

Si on parle du progressisme, il faut définir ce que c’est. En fait, c’est un mot valise, mais pour la clarté de la suite de l’article, je donnerai ma définition du progressisme :

C’est une idéologie athée, antisémite, non scientifique, qui se donne pour but d’amener l’égalité sociale en bannissant toutes les discriminations entre les humains, entre les humains et les animaux et crée de nouvelles discriminations pour cause d’intersectionalité.

En fait, l’intersectionnalité déconstruit l’identité de l’individu, en en faisant un être interchangeable.

À partir de là, à l’aide de dates, il faut énumérer les étapes d’une lente évolution de Tsahal vers le progressisme.

– Certains placent le début du processus, quoiqu’encore « timide » à la 1ʳᵉ guerre du Liban (1982), où Menahem Begin déclare :

« il ne s’agit pas d’une guerre de défense, mais d’une guerre préventive imposée par le réel, où les juifs se font assassiner (par le Fatah de Yasser Arafat), et rester l’arme au pied n’est pas audible. La solution c’est de tuer les ennemis, avant qu’ils ne tuent les juifs »

Alors toute la gauche israélienne s’est mise en « ordre de bataille » contre de telles déclarations.

La gauche rejette cette guerre, car d’après elle, cette guerre n’est pas existentielle, donc immorale et violant les lois internationales de la guerre.

– La vraie rupture avec le « concept de guerre de l’armée » se produit en 1992, lorsque la Knesset adopte deux nouvelles lois fondamentales1 qui sont : la loi de respect des droits de l’homme et la loi de libre choix d’activité de subsistance2, qui ont été proposées par le président de la Cour Suprême d’alors, Aharon Barak3.

– Dans l’historique du changement du « concept de guerre de l’armée » nous arrivons en 1993 avec les accords d’Oslo. Israël reconnaît l’OLP4 comme le représentant légitime du peuple palestinien (dans les accords de paix avec l’Égypte de 1977, Israël reconnaît déjà l’existence du « Peuple palestinien »). En signant les accords d’Oslo, Israël octroie à l’OLP une fréquentabilité internationale.

Notons que les accords d’Oslo sont signés un an après les deux lois fondamentales, et ce n’était pas une coïncidence.

Dans toute cette marche vers un « nouveau concept de guerre » rien n’est le fruit du hasard.

En effet,les deux lois en question enlèvent à l’OLP sa définition comme ennemi de l’État d’Israël.

En absence de ces deux lois, Israël n’aurait pas pu, du point de vue de sa législation d’alors, signer les accords d’Oslo (avant Oslo, tout contact avec une entité ennemie était sévèrement puni).

– En 1994, sous Itshak Rabin 1ᵉʳ ministre et Ehoud Barak chef d’état-major, l’armée adopte le « Code éthique de Tsahal ». L’un des initiateurs du code éthique a été Avi Sagui5 qui a soutenu que

« La dégradation des valeurs morales universelles a commencé dans Tsahal à partir de la Guerre des Six jours, en 1967 ».

Ce code suggère, qu’il y a une dichotomie claire, entre le bien et le mal (idée développée, en son temps, par Kant. Les critiques de cette idée soutiennent, que cette position philosophique manichéenne a permis l’arrivée du nazisme).

De quelle façon l’application de ce code se traduit sur le champ de bataille ?

L’un des exemples d’application du code étique de Tsahal a été fournie par Beni Gantz, chef d’état-major pendant l’opération contre le Hamas en 2014, il a dit :

« Je préfère mettre en danger les soldats israéliens, afin que les civils ne soient pas touchés »

Ce code oblige à choisir la solution « moralement bonne », car les droits de l’homme imposent de ne pas toucher aux « non impliqués », même si le choix de la solution « moralement bonne » risque de provoquer l’échec de l’action militaire.

– Le jalon suivant dans notre frise chronologique est l’année 1995. Sous la direction de Aharon Barak, la Cour suprême rend un arrêt sur la Banque Mizrahi6. Cet l’arrêt, est peut-être, le plus important en matière de droit constitutionnel depuis la création de l’État, les juges de la Cour suprême ont établi que les lois fondamentales sur les droits de l’homme limitent le pouvoir de la Knesset, même lorsqu’elles peuvent être modifiées à la majorité simple. La Cour suprême accepte de contrôler la constitutionnalité des lois votées par la Knesset, par rapport aux Lois fondamentales. La loi, qui annulait les dettes des villages coopératifs israéliens, est déclarée inconstitutionnelle, car elle violait le droit fondamental de propriété. Cet arrêt de la Cour suprême introduit, de facto, une modification dans la Déclaration de l’Indépendance d’Israël de Ben Gourion, qui est un document législatif fondamental et, dans son essence, non modifiable, où on désigne Israël comme juif et démocratique, la Cour suprême « raye » le terme juif et le pays apparaît comme uniquement démocratique.

Car dans l’esprit d’Aharon Barak, la déclaration de l’indépendance n’est autre chose qu’un document qui devait sauvegarder les droits de l’homme dans tout l’espace géographique, où Israël exerçait son pouvoir ou son influence, c’est-à-dire, dans les frontières de 1948 et aussi dans les territoires de Judée-Samarie (appelés la Cisjordanie), qu’Israël a conquis lors de la Guerre des Six Jours de 1967.

À partir de là examinons quelle est l’influence des changements des lois et la signature des accords d’Oslo concernant le concept traditionnel de l’armée de « guerre d’attaque et de défense ». En marge, on peut rappeler un article de 1997 de Tsvika Hauser, qui était à l’époque le secrétaire du 1ᵉʳ ministre d’alors Benyamin Netanyahou, où il parle du « code éthique de Tsahal », dans lequel il remarque déjà, des tendances « post sionistes ».

En 1995 la Cour suprême, dans l’affaire Alice Miller contre le ministre de la Défense, statue que

« … dans le cadre d’une requête déposée auprès de la Haute Cour par Alice Miller, avec l’aide de l’Association pour les droits civiques et du Women’s Lobby. La Haute Cour de justice a jugé qu’il n’existe aucune justification à une distinction entre les hommes et les femmes, qui pourrait empêcher les femmes de postuler à un cours de pilote dans l’armée israélienne ».

De nouveau, la Cour suprême oblige l’armée à adopter des valeurs civiles (qu’on appellera, plus tard, valeurs inclusives) dans des décisions opérationnelles, qui sont de la stricte compétence de l’armée.

– En 2000, le 1ᵉʳ ministre est Ehoud Barak, Israël se retire du Liban. Barak, qui a intériorisé toutes les valeurs du désormais entièrement applicable « code éthique de Tsahal », ordonne un retrait unilatéral, et qui était une honte pour l’État d’Israël, car sans aucune contre partie ni militaire ni politique.

Année 2001 le document appelé « Esprit de Tsahal » est rajouté au déjà « célèbre » code éthique. « Esprit de Tsahal » essaie d’adoucir le code étique qui est manichéen et rigide, et introduit des nuances et des souplesses dans les procédures opérationnelles de l’armée. Par exemple, dans des cas extrêmes (appréciation « extrême » sera, le cas échéant, du ressort des autorités judiciaires).

Affaire Elior Azaria

Le 26 mars 2016, lors d’un attentat à Hébron survient l’affaire d’Elior Azaria. Un des terroristes est touché, croyait-on mortellement. Pendant que les militaires sur place établissent des circonstances de l’attentat, le sergent Elior Azaria voit le terroriste bouger et mettre sa main dans la poche. Agissant instinctivement, Azaria fait feu, ce qui achève le terroriste. Malheureusement, le soldat est filmé par un habitant de Hébron. La vidéo est mise en ligne et devient virale sur les réseaux sociaux. Azaria est arrêté et accusé de ne pas respecter le « code éthique de Tsahal ». S’ensuit une bataille juridique. Azaria écope de 18 mois de prison ferme plus 12 mois de sursis, et est dégradé en soldat de 2 classe. Après un séjour de 9 mois dans une prison, Azaria est libéré et finit sa punition en sursis.

Avant le « code éthique », Azaria aurait été jugé par une cour militaire, qui probablement ne l’aurait pas condamné, car suivant les anciens critères, Azaria avait fait feu car il aurait pour avoir jugé qu’il y avait un danger immédiat et il aurait ainsi agi en accord avec sa formation militaire. Même filmé, l’incident aurait été traité à l’intérieur de l’armée, sans passer par les tribunaux civils. Fin de « l’affaire ».

Mais, à cause du « code éthique de Tsahal », toute cette affaire est devenue publique. De nouveau et comme à son habitude, l’opinion publique occidentale a accusé Israël de ne pas respecter les droits de la guerre et les droits de l’homme.

Le « code éthique de Tsahal » a influencé directement et dans le mauvais sens le comportement des soldats sur le terrain.

Ils sont devenus plus téméraires, plus hésitants à utiliser leurs armes, ce qui s’est répercuté sur la qualité opérationnelle des unités combattantes.

Du document « esprit de Tsahal » disparaît le terme « victoire militaire ». Finalement après des discussions byzantines, menées notamment par Avi Sagui, on a trouvé un terme plus neutre, « victoire de l’esprit de Tsahal ». En fait, dorénavant on considère que « victoire » c’est tout simplement « l’arrivée la plus proche de l’objectif opérationnel fixée préalablement ».

Selon Avi Sagui, « la victoire de l’esprit de Tsahal » n’est autre chose que la victoire de chaque soldat sur lui-même. C’est une « victoire » sur ses peurs et sur l’instinct de conservation. »

Par ailleurs, Avi Sagui estime que la victoire militaire est immorale, car ceux qui la subissent sont humiliés, méprisés, privés de dignité et des droits de l’homme, ils sont exposés aux souffrances physiques, psychologiques, etc.

Le document « esprit de Tsahal » contient d’autres « idées extraordinaires » telles qu’une nouvelle interprétation de la notion de « pureté des armes ».

Sagui explique que

« une arme ne sert qu’à remplir une mission par le soldat. Il fera tout son possible afin de préserver l’intégrité physique et l’intégrité des biens matériels, il respectera les droits de l’homme de tous ceux contre qui il combat ».

Ces ambiguïtés fumeuses introduisent une confusion et ne fait qu’embrouiller les soldats, leur laissant la responsabilité d’interprétation et, par conséquent, les rendant plus exposés aux « fautes morales », donc passibles des tribunaux civils.

Bref, la « victoire militaire nazifie les soldats ».

Les positions philosophiques de Sagui, concernant la morale et l’armée, ont eu une influence délétère et un impact négatif sur les politiciens et l’armée israélienne.

Toujours dans le document « esprit de Tsahal », les « droits de l’homme » sont un dogme intangible et non discutable.

En 2001 a lieu la honteuse conférence de Durban en Afrique de Sud. Lors de cette conférence, l’OLP de Yasser Arafat, rajoute un « outil » de guerre idéologique contre Israël. De façon assez sophistiquée,

Arafat englobe dans la propagande un volet« droits de l’homme et la lute contre l’apartheid de l’entité sioniste ».

Avec un grand succès, il a entraîné sur ce terrain la plupart des participants de cette conférence, d’autant plus, que la conférence se déroulait dans le pays, qui de « haute lutte » a vaincu l’apartheid. Souvenons-nous qu’Israël est devenu le bouc émissaire et l’exutoire de haine de tout le tiers monde, sous la conduite de l’OLP.

La gauche israélienne, très rapidement, adopte le même discours que l’OLP :

« la lute contre le racisme, l’apartheid d’Israël et pour le respect des droits de l’homme pour le peuple palestinien »

On va s’épargner d’énumérer toutes les étapes, car des jalons qui ont dégradé l’ethos de l’armée israélienne sont innombrables et allons directement à l’année 2019.

– En cette année 2019, comme tous les ans, l’association des psychiatres américains édite son journal, où elle rassemble des articles, des études scientifiques et tout ce qui peut intéresser ses membres. L’un des articles traite de la « masculinité toxique » et soutient une thèse, qui considère, que le désir du mâle à dominer et à vouloir toujours gagner est pathologique. Bref, les pulsions masculines sont des troubles mentaux.

Le document « esprit de Tsahal », expose la nouvelle philosophie de guerre, qu’a adoptée Tsahal depuis une vingtaine d’années.

Il désigne le but exclusif d’une guerrequi est « d’ôter la menace immédiate sur l’état d’Israël ». Tous les autres buts étant immoraux.

Cela nous explique pourquoi le sujet des otages apparaît en 2 position.

Évidemment, dans les déclarations vers le public israélien on place ce sujet en 1ʳᵉ place, mais les faits sont têtus et l’action de l’armée et de son chef d’état-major Hertsi Halevi se conforme à « Esprit de Tsahal ».

Par conséquent, à partir du moment où le danger sur l’État a été éradiqué, il n’a y plus, selon « l’esprit de Tsahal, de « casus belli ».

Revenons à l’affaire Alice Miller, (introduction d’égalité homme-femme). En fait, en accord avec le document « esprit de Tsahal », dans son application sur le terrain, l’égalité homme-femme, devient un concept « genré ».

En conséquence, les valeurs progressistes et wokistes, remontent en importance, au-dessus du principe de la défense de la patrie.

Dans ce cas, il y a une contradiction, car si la masculinité est toxique, comme il n’y a plus ni d’hommes ni femmes et seulement « le genre », alors on prive les hommes de leur masculinité (puisque toxique), par conséquent on enlève à l’homme la motivation de combattre et surtout de vaincre.

Il y a encore plus curieux.

En 2002, le chef d’état-major d’alors Boguy Yahalom parle du concept « post-guerre », car selon Fukuyama les grandes guerres classiques sont terminées.

Boguy Yahalom prononce une phrase dont les conséquences tragiques ne seront perçues qu’en 2023 :

« Les grandes guerres sont terminées, laissons les missiles du Hezbollah rouiller ».

En 2007, le général Shimon Navé, responsable de la nouvelle doctrine de combat de Tsahal déclare :

« le but de la guerre face aux Palestiniens doit permettre leur libération ».

Bref, Tsahal doit rendre aux Palestiniens leur liberté et leur honneur. (sic)

Pour terminer, le point d’orgue de la lente dégringolade de Tsahal, de la meilleure armée de la région, sinon du monde, en une armée dégradée par le progressisme et le wokisme.

– 2022 : Pour illustrer cette affirmation voici la déclaration incroyable de Aharon Haliva, chef de renseignement militaire d’alors et l’un des plus grands coupables dans la catastrophe du 7 octobre 2023 :

« La crise climatique constitue la plus grande menace pour Israël. » CQFD ! TS♦

Dr Tsvi Sadan, MABATIM.INFO


Traduction et adaptation : Édouard Gris (4 avril 2025)

1 Israël n’a pas de constitution. Les lois faisant office de constitution s’appellent : lois fondamentales

2 La Loi fondamentale sur la liberté d’occupation établit une norme législative importante dans le pays et dispose clairement que chaque personne a le droit fondamental d’exercer la profession, le commerce ou l’entreprise de son choix. Ce droit fondamental ne peut être restreint que par la loi, et seulement pour un but légitime ou pour des raisons d’intérêt public. Dans tous les cas, les restrictions doivent être intégrées dans le corps d’une loi, mais pas dans la législation secondaire

3 Le professeur Aharon Barak a été président de la Cour suprême d’Israël de 1995 à 2006. Auparavant, il a été juge à la Cour suprême d’Israël (1978-1995), procureur général d’Israël (1975-1978) et doyen de la faculté de droit de l’Université hébraïque de Jérusalem. Il enseigne comme professeur invité à la faculté de droit de l’Université Yale et à la faculté de droit de l’Université de Toronto.

4 L’OLP est composée de plusieurs organisations palestiniennes, dont le Fatah, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), ainsi que de quelques groupuscules mineurs terroristes.

5 Avi Sagui est professeur émérite au département de philosophie de l’université Bar-Ilan et chercheur principal au Kogod Center for the Study of Jewish Thought and Contemporary Philosophy à l’Institut Hartman de Jérusalem. Sagui est l’une des figures centrale de la gauche israélienne.

6 Extrait de l’article de Pierre Lurçat, (MABATIM.INFO, 28 mars 2023) :

C’est seulement avec l’arrêt Bank Mizrahi de 1995 que la signification véritable des deux lois fondamentales de 1992 est apparue au grand jour. Dans cet arrêt, la Cour suprême a été appelée à examiner la question de savoir si la Knesset possédait ou non le pouvoir d’élaborer une Constitution et de limiter ainsi sa propre autorité législative (en s’interdisant de légiférer des lois anticonstitutionnelles), et si les lois fondamentales promulguées par la Knesset jouissaient d’un statut supra législatif. Dans son avis majoritaire (celui du juge Barak), la Cour suprême a jugé que le pouvoir de la Knesset d’adopter une Constitution découlait de son pouvoir constituant.

Le juge Barak fonde son jugement sur la considération suivante, qui éclaire d’un jour particulier l’ensemble de la Révolution constitutionnelle qu’il a menée : « Une démocratie de la majorité seule, qui ne s’accompagne pas d’une démocratie de valeurs, n’est qu’une démocratie formelle et statistique. La vraie démocratie limite le pouvoir de la majorité afin de protéger les valeurs de la société. »


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