
Par Marc Nacht,
[28 juillet 2025]
Quand vous avez un ennemi, ne lui rendez pas le bien pour le mal : car cela lui ferait honte. Mais prouvez lui plutôt qu’il vous a fait du bien1 ».
Friedrich Nietzsche
Valence, vous connaissez ?
L’Espoir, avec une majuscule, sous l’ombre d’André Malraux portée par les ailes de l’aviateur Magnien. Socialistes, communistes, anarchistes de toutes provenances unis pour sauver la République chancelante de l’invasion fasciste des troupes de Franco du 6 novembre 1936 au 17 mai 19372.
L’ennemi : troupes issues de l’Allemagne nazie et de l’Italie mussolinienne au service de Franco et d’une fraction ecclésiastique.
Cet ennemi anticipait la tenaille hitlérienne de la seconde guerre mondiale. Il suffisait pourtant d’avoir lu Mein Kampf (1925-1925). Auschwitz était à l’horizon de la volonté génocidaire à l’égard des juifs.
C’est cette volonté, explicite dans Mein Kampf, qui inspirait l’ouverture des fronts allemands au prétexte de l’exiguïté de « l’espace vital » du Reich. D’un espace vital sans juifs en tout cas et sans quelques autres sacrifiés.
Dans notre rétroviseur les incertitudes d’une mondialisation, où l’orient fait figure de proue avec en tête Israël, résonne fortement.
Je découvre ce qu’écrivait Georges Bernanos en 1944.
N’avait-il pas déjà dénoncé les atrocités franquistes en 38 avec le pamphlet : Les grands cimetières sous la lune ?
« L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques. […] On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. »
Pardon d’avoir tronçonné ce texte magnifique mais j’avance à cloche-pied. L’essentiel m’en fut donné via Wikipédia.
Il fut prononcé lors d’une conférence à Rio de Janeiro, où Bernanos avait trouvé refuge, le 22 décembre 1944.
Cette « vertu héroïque » est rendue d’autant plus nécessaire qu’on se croirait revenu des années en arrière, en 1933 par exemple, à bord du transporteur Vueling. Au temps où on ne pouvait parler hébreu que sous la torture avant l’assassinat.
Non, bien sûr, nous n’en sommes pas là,
– même si, diront les bonnes gens, l’intervention musclée de la Garde civile muselant un ado repéré pour avoir chanté en hébreu était exagérée ;
– même si l’accompagnatrice de ces petits français en vacances en Espagne (Ils s’en souviendront) ;
– même si cette jeune femme fut plaquée au sol, bras tordu, comme une terroriste prête à passer à l’acte.
Bof ! La Guardia civil avait dû la prendre pour une Palestinienne enragée que les exigences d’E. Macron n’étaient pas parvenues à calmer. L’erreur est humaine.
Si humaine qu’elle s’ouvre sur le courage dont s’armeront les jeunes passagers du Vueling. MN♦

Marc Nacht, MABATIM.INFO
1 Ainsi parlait Zarathoustra. Classique de Poche. Edition traduite, présentée et annotée par Georges-Arthur Goldschmidt. De la morsure de la vipère, p. 87.
2 L’Espoir, Édition Gallimard, 1937. Collection Folio.
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