Une organisation totalitaire peut-elle dealer avec son dogme ?

Yves Mamou,
[10 octobre 2025]
Le plan de paix pour Gaza présenté par Donald Trump – restitution des otages et désarmement du Hamas – n’avait aucune chance d’aboutir.
Pour une raison simple : le Hamas est une organisation totalitaire. Ses dirigeants étaient prêts à sacrifier la totalité de la population de Gaza et la totalité de leurs miliciens plutôt que de concéder la moindre apparence de victoire à l’« entité sioniste ».
Même exsangue et vidé de sa substance, le Hamas n’aurait jamais dû céder sur ce qui fait sa force depuis deux ans :
les otages.
Le Hamas est-il une organisation totalitaire ?
Oui, le Hamas coche toutes les cases de l’inhumanité totalitaire.
ChatGPT ou Perplexity vous diront que le Hamas est un mouvement de « résistance ». La presse anglo-saxonne définit le Hamas comme un « militant group » (groupe militant). En un mot, le Hamas a réussi à imposer son mensonge au-delà des frontières de Gaza.
Une organisation totalitaire ne ment pas, elle transfigure la réalité.
Dans « Les Origines du totalitarisme », Hannah Arendt fait de l’idéologie un fondement du système totalitaire. “L’idéologie, explique-t-elle, n’est pas un discours mensonger, mais l’invention d’une vérité nouvelle”. L’idéologie ne ment pas, elle oblige à croire en une réalité qui n’existe pas.
C’est pourquoi ChatGPT ou Grok vont tenter de nous convaincre que le Hamas n’est pas une organisation terroriste islamiste qui s’est donné pour but d’éradiquer l’État d’Israël, mais un « mouvement de résistance » contre la colonisation. Il ne détient pas des « otages », mais des « prisonniers » qu’il entend échanger contre d’autres prisonniers. Il n’est pas un « tortionnaire », mais une « armée de libération ». Il n’attente pas aux droits humains, il satisfait aux exigences d’Allah.
Les vidéos d’otages tournées et diffusées par le Hamas illustrent cette transfiguration de la réalité.
Au début de la guerre, la vidéo d’Alexandre Troufanov (novembre 2024) a un souci pédagogique : la guerre n’est pas le fait du Hamas, mais d’Israël. On voit l’otage en phase avec ses ravisseurs, il serre la main de son bourreau, sourit, écoute la lecture de son « ordre de libération » – gros plan sur l’« ordre de libération », un document qui montre que la prise d’otages n’est pas du banditisme politique, mais l’acte d’une administration d’État – et l’otage dit « alhamdulillah » (Dieu merci). Troufanov a tellement aimé avoir été kidnappé qu’il en a découvert une réalité qu’il ignorait : il est filmé dans un souterrain, assis par terre, mais aussi en train de pêcher à la ligne sur les berges de Gaza. Il est prisonnier, mais libre, otage, mais heureux.
Moralité : Alexandre Troufanov a découvert la réalité. Ou plutôt, il satisfait à la fiction qui fonde le Hamas : Israël est responsable des souffrances des Palestiniens (blocus, frappes), et le Hamas agit pour la « libération » palestinienne. Les otages souriants, fraternels avec leurs ravisseurs, valident cette propagande.
Avec la vidéo d’Evyatar David (24 ans),filmé début août 2025, squelettique, en train de creuser sa propre tombe, le Hamas montre qu’il affame et torture ses otages. Pour Peggy Sastre du Point, c’est« une déclaration d’ascendant ». « Il se meurt sous vos yeux, et vous ne pourrez rien faire. Voyez ce que nous faisons et ce que vous ne ferez pas », écrit-elle.
Alors que le monde entier accuse Israël de « génocide », le Hamas promet à Israël qu’il le regardera tranquillement mourir.
Une organisation totalitaire impose son « narratif » par la terreur
Là encore, Hannah Arendt l’explique très bien : une organisation totalitaire ne peut convaincre une population de renoncer à son bon sens que par un seul moyen : l’usage de la terreur.
- La terreur paralyse. Elle a empêché la population gazaouie de se rebeller.
Transformée en bouclier humain, impuissante à empêcher les bombardements, ballottée d’un bout de Gaza à l’autre, contrainte aux privations, la population arabe de Gaza a aussi accepté – sans mot dire – les désastreuses conditions de vie que le Hamas lui a imposées. - Et quand, parfois, elle a osé – un peu – protester, la violence en retour a été immédiate. Au point d’offusquer la très complaisante Amnesty International qui a dénoncé les « menaces, l’intimidation et le harcèlement » exercés par le Hamas contre des Gazaouis.
- Mais la terreur vise d’abord l’ennemi, le Juif, que le Hamas cherche à anéantir. Quand le Hamas rend les cadavres de la famille Bibas, une mère et ses deux enfants assassinés à mains nues, l’affiche d’un homme debout au-dessus de cercueils enveloppés dans des drapeaux israéliens proclame : « Le retour de la guerre = le retour de vos prisonniers dans des cercueils. » Pour le Hamas, de petits enfants rouquins sont une incarnation de l’ennemi. Parce qu’ils sont juifs.
« Les familles des otages sont exposées jusqu’au bout à la terreur sans limite du Hamas », écrit la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock sur X.
Même le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, peu suspect d’israélophilie, s’est indigné de ces mises en scène.« La parade des corps que nous avons vue ce matin […] va à l’encontre du droit international. Nous demandons que tous les retours soient effectués en toute confidentialité, avec respect et soin », a assuré le Haut-Commissariat aux journalistes.
Qui a convaincu le Hamas de restituer les otages ?
Ces quelques exemples d’inhumanité montrent qu’une organisation totalitaire ne se rend jamais. Jamais elle ne négocie sur la base d’un « win-win ». Plutôt crever que traiter en égal l’ennemi qu’elle souhaite exterminer. Les libérations d’otages l’ont montré : chaque fois, le Hamas a réclamé – et obtenu – plus qu’il ne concédait. Pour humilier et affirmer sa suprématie.
Pourquoi renoncer à ces otages qui, deux ans durant, ont représenté un extraordinaire moyen de pression sur huit millions d’Israéliens juifs en Israël ? Pourquoi céder sur cet outil de guerre qui rend les tunnels inutiles ?
Une seule explication :

…/… YM♦
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