Israël : L’écho du Deep state* ou le fruit amer de la subversion Kaplan

Par Serge Siksik,
[Tel-Aviv, 15 octobre 2025]

Samedi soir 11 octobre, place des Otages à Tel Aviv.

Alors que le pays tout entier retenait son souffle à la veille de la libération de nos derniers otages, un instant d’unité nationale aurait dû s’imposer.

Au lieu de cela, les sifflets ont fusé dès que Witkoff a prononcé le nom de Benyamin Netanyahou. Cette scène, glaçante, en dit long sur la fracture morale qui mine Israël :

Comment peut-on conspuer son propre Premier ministre au moment où nos frères reviennent de captivité, meurtris mais vivants ?

Ces huées contre Netanyahou, n’étaient pas un simple dérapage de foule c’était le symptôme d’un poison bien plus ancien, celui du dénigrement systématique du leadership élu, et l’aboutissement d’une mécanique patiemment huilée.

Depuis des années, sous les dehors d’une « défense de la démocratie », un axe politico-judiciaire-médiatique – l’État profond israélien – travaille à déposséder le peuple de sa souveraineté au profit de quelques juges, hauts fonctionnaires et metteurs en scène d’opinion.

Kaplan n’était pas une promenade citoyenne : c’était une stratégie.

Il s’agissait d’installer, par l’usure et la pression, l’idée qu’un gouvernement élu serait illégitime s’il contredit la doxa de ces élites.

Universités, rédactions, ONG, institutions judiciaires : un réseau de gatekeepers s’est constitué.

Ils parlent au nom de l’universel, mais récusent la volonté nationale lorsqu’elle vient du bulletin de vote.

– Ce système ne veut pas convaincre ; il veut discipliner.

– Il ne cherche pas à disputer l’avenir ; il veut confisquer le présent

Le soir du 11 octobre, place des Otages, la fracture se donne en spectacle, la scène a dépassé l’indécence !

On aurait attendu un recueillement unanime, une gratitude élémentaire, une suspension des querelles ; la libération de tous les otages aurait dû rassembler.

Au lieu de cela, une minorité militante a transformé un moment de soulagement national en tribunal de rue, avec huées, sifflets et slogans destinés à faire vaciller non seulement un homme, mais la légitimité même du gouvernement et, par ricochet, celle de l’État en temps de guerre.

Qu’on aime ou non le Premier ministre n’est pas la question. Il y a des heures où l’on s’interdit de fracturer davantage un peuple déjà éprouvé. À ce moment-là, la haine n’était pas « critique » : elle était nihiliste.

Les dates ne sont pas anodines.

Le 7 octobre 2023, jour de Sim’hat Torah, a marqué l’obscurcissement d’une lumière. Le jour où nous dansons avec la Torah, la joie du Don, fut profané par ceux qui voulaient éteindre la flamme même de la vie juive.

Et voilà qu’exactement deux ans plus tard, à l’issue d’une nuit de veille universelle, dans toutes les synagogues du monde où l’on priait et étudiait la Torah, survint la délivrance : la libération des derniers otages, au matin d’Hoshanah Rabbah, ce moment où, selon la tradition, les jugements célestes sont scellés.

Depuis deux ans, les croyants, en Israël et partout dans le monde, n’ont cessé de prier : pour nos otages, pour nos hayalim, pour notre peuple et pour notre État.

Ce n’est pas une coïncidence, c’est un rendez-vous divin. Le calendrier hébraïque n’obéit pas aux lois du hasard mais à celles du sens.

À Sim’hat Torah, la haine a frappé ; à Hoshanah Rabbah, la justice céleste a répondu.

Et même les laïcs devraient reconnaître dans cette symétrie le signe d’un mystère plus grand que nous tous : l’Histoire d’Israël s’écrit toujours en dialogue avec le Ciel.

Ce qui s’est donné à voir place des Otages, c’est la collision de deux récits.

– Le premier, hérité et vivant, lie Torah, peuple et terre. Il sait que la puissance d’Israël n’est pas seulement matérielle : elle tient à l’alliance, à la mémoire, à l’éthique de responsabilité et à la fidélité aux morts comme aux vivants.

Le second, technocratique et déraciné, réduit Israël à une administration, à des protocoles, à la « gestion de l’image ». Il veut une normalité sans racines, une paix de vitrines, la paix des boutiques.

Le 7 octobre a pulvérisé les illusions : celles d’une normalisation sans sécurité, d’une fraternité sans vérité, d’une communauté internationale sans courage. Et l’issue d’Hoshanah Rabbah a rappelé, par contraste, que la prière du peuple n’est pas un folklore : elle pèse sur l’Histoire.

On nous explique que huer, c’est « tenir le pouvoir pour responsable ». Non !

– Huer au moment de la délivrance, c’est refuser la gratitude ;

– c’est mépriser le miracle collectif ;

– c’est instrumentaliser la douleur des familles pour un agenda partisan.

On peut contester une politique ; on ne piétine pas un soulagement national.

Ceux qui sifflaient se croient du côté de la morale.

Mais leur morale est à géométrie variable : ils scrutent Israël au microscope et regardent ses ennemis à l’œil nu.

Ils voient nos fautes supposées et s’aveuglent sur la responsabilité massive des Gazaouis, sur l’embrigadement, sur la culture de mort institutionnalisée. Ils prêchent la nuance là où il y a un crime, et l’hystérie là où il faudrait tenir.

  • Nous devons aux otages une mémoire reconnaissante et active.
  • Nous devons à nos soldats unité, clarté et respect.
  • Nous devons à notre gouvernement le soutien loyal que mérite toute autorité élue afin qu’il puisse agir avec force, lucidité et cohésion pour préserver notre peuple et notre terre.
  • Nous devons à nos enfants la transmission d’un récit vrai, qui ne s’excuse pas d’exister et n’emprunte pas son vocabulaire à ceux qui veulent notre disparition.

Aux porteurs de la foi de parler aux laïcs sans animosité mais sans mollir.

Expliquer, patiemment et fermement,

– que Torah-Défense-Unité n’est pas un slogan : c’est un pacte de survie.

– Que la critique n’est pas la haine.

– Que la démocratie n’est pas l’empire des juges.

– Que la paix ne se signe pas avec des fantômes mais avec des peuples capables de vérité.

Les sifflets de la honte n’ont pas le dernier mot. Ils n’auront jamais le dernier mot.

Parce qu’à Sim’hat Torah, nous n’avons pas cessé de danser malgré tout ; et qu’à Hoshanah Rabbah, nous n’avons pas cessé de prier jusqu’à la délivrance.

Notre réponse ne sera ni la capitulation, ni la haine, elle sera la fidélité.

Fidélité à la Torah, à nos hayalim, à nos otages, à notre peuple, à notre État.

Am E’had – un seul peuple, une seule flamme, un seul destin. SS

Serge Siksik, MABATIM.INFO


* L’« État profond » (ou Deep State) désigne un ensemble d’institutions, de hauts fonctionnaires, de magistrats, de responsables sécuritaires, d’universitaires et de médias d’influence qui, bien que non élus, détiennent un pouvoir réel sur la conduite des affaires publiques. Ils forment une bureaucratie parallèle, capable d’orienter, de bloquer ou de contourner les décisions du gouvernement légitime


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3 commentaires

  1. Il y a les Sionistes et les Juifs antisionistes.
    Ces derniers sont pires que le Hamas qui, au moins, affiche clairement ses sentiments!

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  2. Excellent texte!

    La division semée par une minorité arrogante et haineuse met l’unique état juif au monde, ou nous ne sommes plus « à la merci… » (des antisémites de tout poil…) en danger de mort!

    Aimé par 1 personne

  3. MAGNIFIQUE TEXTE – encore une fois – qui traduit la réalité (surtout à Tel Aviv) qui a en effet transformé KAPLAN en stratégie mais également en tragédie depuis plus de trois ans et le soir du 11 octobre en indécence et en impertinence.Merci pour ce bel hommage qui me réjouit le coeur.« À Sim’hat Torah, la haine a frappé ; à Hoshanah Rabbah, la justice céleste a répondu ».

    Aimé par 2 personnes

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