La relation Israël – États-Unis arrive à un point de saturation

Par Yves Mamou,
[20 octobre 2025]
Deux articles parus le même jour, l’un dans le journal israélien Ynet et l’autre dans le Wall Street Journal, dessinent la relation israélo-américaine de manière discordante.
– Dans Ynet, le journaliste Ben-Dror Yemini accuse Benjamin Netanyahou d’avoir transformé Israël en « république bananière ». Le terme ne désigne pas ici une corruption morale ou financière, mais une perte de souveraineté stratégique.
La preuve qu’Israël n’est plus maître de ses décisions est que « deux envoyés de la Maison-Blanche, Brett McGurk et Amos Hochstein, ont assisté à la réunion du cabinet pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de surprises ».
Le plan en vingt points de Donald Trump pour terminer la guerre à Gaza ne devait pas connaître d’imprévu du type bombardement du Hamas à Doha, capitale du Qatar.
Par ailleurs, ajoute Ben-Dror Yemini, ce règlement en vingt points du conflit à Gaza ne respecte pas les « cinq principes » que Benjamin Netanyahou a lui-même édictés :
— désarmement du Hamas ;
— retour des otages vivants et morts ;
— démilitarisation de Gaza ;
— contrôle de sécurité israélien sur Gaza ;
— administration de Gaza qui ne soit ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne.
En effet, affirme Ben-Dror Yemini :
— le Hamas n’a pas désarmé ;
— le retour des otages n’est accompli que pour les vivants ;
— la démilitarisation de l’enclave est aussi incertaine que le désarmement du Hamas ;
— le contrôle sécuritaire israélien sur Gaza n’est pas inclus dans l’accord ;
— enfin, l’Autorité palestinienne participera de toute façon à la gestion de la bande de Gaza.
Ce plan en vingt points n’a donc rien d’une victoire : il illustre la perte d’autonomie stratégique d’Israël.
– Dans le WSJ, le son de cloche est tout autre. À travers le portrait de Ron Dermer, l’homme à qui Netanyahou a confié le soin de gérer la relation Israël–États-Unis, la journaliste Anat Peled présente l’accord en vingt points comme un succès israélien.
Dermer serait l’homme qui « chuchote à l’oreille de Donald Trump » et qui aurait ainsi réussi à insérer dans l’accord « des changements de dernière minute favorables à Israël, qui ont suscité la colère des responsables arabes ».
Lesquels ? On ne sait pas bien.
Dermer est présenté aussi comme l’homme du grand basculement. Il est celui qui a poussé Bibi à acter que contrairement au parti Républicain, le parti Démocrate soutenait moins fermement l’État d’Israël.
En 2015, c’est aussi Dermer qui aurait convaincu Netanyahou de s’exprimer au Congrès des États-Unis contre l’accord sur le nucléaire iranien concocté par l’administration Obama — un discours qui aurait creusé une brèche difficile à combler entre les démocrates et Israël.
Dermer serait également celui qui a poussé Netanyahou à jouer la carte des évangélistes :
« Il faut que les gens comprennent que les chrétiens évangéliques constituent l’épine dorsale du soutien à Israël aux États-Unis », a-t-il déclaré en 2021.
Or les évangélistes sont aussi l’épine dorsale de l’électorat du Parti républicain.
Qui manipule qui ?
Les articles de Ynet et du WSJ reprennent, chacun à leur manière, les termes d’un vieux débat : qui manipule qui ?
– Les États-Unis imposent-ils à Israël des contraintes préjudiciables à ses intérêts ?
– Ou la diplomatie américaine est-elle manipulée par le lobby israélien à Washington ?
Clarification :
— Les États-Unis sont le principal allié, fournisseur et protecteur stratégique d’Israël : ils apportent 3,8 milliards de dollars d’aide militaire annuelle, une coordination en matière de renseignement, et un bouclier diplomatique à l’ONU.
— Mais contrairement au Hezbollah, dont l’agenda militaire et politique est dicté par Téhéran, Israël n’est pas sous commandement américain.
— Les opérations israéliennes (Gaza, Syrie, Iran, etc.) sont décidées par Jérusalem sans consultation automatique préalable de Washington. Certains raids militaires peuvent même nuire aux intérêts stratégiques américains (ex. : attaques en Syrie, offensive terrestre à Gaza, raid contre les dirigeants du Hamas au Qatar).
En d’autres termes, Israël agit avec l’aide américaine, mais pas pour le compte des États-Unis.
Cette liberté d’action a un prix :
— la dépendance logistique.
L’administration Biden n’a pas hésité à restreindre ses ventes d’armes à Israël pour empêcher Tsahal d’envahir Rafah à Gaza. Peu après le 7 octobre 2023, les États-Unis ont également obligé Israël à laisser passer une aide humanitaire conséquente qui a été volée par le Hamas pour être revendue aux Gazaouis afin de financer son effort de guerre. En d’autres termes, Israël a été obligé de financer l’effort de guerre de son ennemi.
— La dépendance diplomatique
Si Israël déplaît, il encourt des mesures de rétorsion dans les instances internationales. En décembre 2016, à la fin de son second mandat, Barack Obama n’a pas opposé le veto habituel des États-Unis à la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies demandant la fin des implantations israéliennes en Judée-Samarie et à Jérusalem-Est.
Même une rénovation dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem est considérée comme attentatoire au « droit international ». En septembre 2025, l’administration Trump a soutenu une résolution du Conseil de sécurité condamnant le raid d’Israël contre le Hamas à Doha. « Après la frappe d’Israël au Qatar, nous nous sommes sentis trahis », a affirmé Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump.
QUEL AVENIR POUR CETTE RELATION ASYMÉTRIQUE ?

…/… YM♦
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Tout a commencé en 1967, après la victoire d’Israël dans la guerre des Six Jours. Les cow-boys étoilés ne voyaient plus Israël comme un petit juif looser issu du shtetl, mais comme eux: un winner, un cowboy aux pistolets d’argent. Ils se l’ont approprié à coups de dollars et de chewing-gums, et les Juifs, pauvres innocents impressionnables, sont tous (ou presque) devenus les laquais des États-Unis. Et nous sommes devenus ce pays corrompu, pire parfois que Taïwan ou la Corée du sud…
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Depuis que les américains nous soutiennent nous n’avons plus jamais gagné une guerre. Nous venons de perdre la guerre du Gaza, nous aurions dû raser Gaza et ne laisser qu’un champ de ruines inhabitable, nous aurions dû pousser les arabes de Gaza dans le Sinaï et libérer Gaza une bonne fois pour toute. Au lieu de cela nous avons vendu nos enfants, qui meurent les uns après les autres dans ce nouvel גי הינום, pour une poignée de dollars. Nous les avons sacrifiés, et l’avenir d’Israel, sur l’autel du dieu Dollar. Voilà la vérité sur Israel et les USA.
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