La décennie du grand obscurcissement

Par Serge Siksik,
[Tel Aviv 23 octobre 2025]
J’ai aimé la France comme on aime une source de grandeur. Né à Paris, j’ai reçu un précieux héritage : le français comme langue maternelle. Cette langue n’était pas seulement un moyen d’expression, c’était une conscience. J’ouvrais ses livres, j’écoutais ses poètes, je respirais une Histoire qui m’apprenait l’harmonie, la majesté, l’exigence.
– De Clovis, fondateur de l’unité spirituelle, à Philippe Auguste, qui affirma la souveraineté face à l’empire ;
– de Jeanne d’Arc, incarnation du sursaut providentiel, à Richelieu, architecte de l’État moderne ;
– de Louis XIV, sommet de la majesté française, à Napoléon, qui fit rayonner la France par le génie et l’épée ;
– de Victor Hugo, conscience universelle, à Marcel Proust, qui fit de notre langue un royaume d’éternité et une souveraineté intellectuelle ;
– jusqu’à De Gaulle, qui releva la France par la seule force d’une volonté nationale.
La France s’est construite siècle après siècle en un peuple, un corps et une âme. Mille ans de civilisation. Mille ans de ressemblance entre une nation et elle-même.
Puis vint 2017. Emmanuel Macron surgit au théâtre du pouvoir français comme l’enfant gâté du monde liquide : européen, manager, start-upper…
Il fit de son arrivée un spectacle, le spectacle d’un homme porté par la musique d’un monde sans racines, qui préférait l’hymne de l’Union Européenne, musique post-nationale, qui efface la singularité française au profit d’un rêve administratif sans peuple ni mémoire.
Ce choix n’était pas esthétique mais idéologique, il faisait de la France une province d’un empire sans visage, il ouvrait notre décivilisation.
Dix ans plus tard, le résultat est sous nos yeux : la France n’est plus gouvernée, elle est dissoute.
Une nation n’est pas une entreprise ;
Elle est un sang, une Histoire, une lignée d’ancêtres et une archéologie sacrée qui enseigne aux vivants.
Macron, dans sa logique managériale, a méthodiquement substitué
– l’emblème au principe,
– le verbiage permanent à l’autorité,
– la mise en scène à la réalité.
L’Élysée, palais qui fut longtemps l’écrin du pouvoir régalien et de la sobriété présidentielle, s’est mué en scène hédoniste, en Cour des apparences : soirées techno, happenings, spectacles, une logique d’événementiel qui dit tout d’une conception de l’État comme parc d’attractions pour classes urbaines connectées.
Ce changement de mœurs est une stratégie de délitement et pendant qu’on célébrait la modernité paradeuse au palais, on a laissé se défaire le tissu national.
L’école, au lieu de transmettre la conscience d’un héritage commun, a été détournée vers la repentance et la culpabilisation, puis livrée à un militantisme LGBTQ+ qui enseigne désormais à nos tout-petits qu’ils ne sont plus nés hommes ou femmes, mais qu’ils peuvent, et même doivent, choisir, modifier ou renier leur sexe.
Ce n’est plus une pédagogie,
– c’est une intrusion dans l’intimité de l’enfant,
– une déconstruction de son identité la plus profonde,
– une rupture avec l’ordre naturel et symbolique sur lequel reposent toutes les civilisations.
La langue a été grignotée par des usages qui atomisent le sens ; l’Histoire devient un tribunal perpétuel, et non plus une mémoire qui instruit la volonté collective.
– Là où l’autorité devait protéger la continuité, elle s’est transformée en machine à s’excuser.
– Là où l’État devait affirmer la laïcité et la loi, il a souvent choisi la complaisance, le clientélisme et l’air du temps.
Le résultat est radical : en dix ans, la société française a perdu la fermeté de ses repères.
Des quartiers entiers ont cessé d’être des lieux de transmission nationale pour devenir des poches où la loi de la République est contournée non pas partout, mais assez pour que la fragilité devienne contagieuse.
Les signes de souveraineté culturelle se diluent :
Le voile gagne des espaces, les normes communautaires s’imposent, l’ordre public s’effrite.
Ce que Macron n’a pas compris, ou ce qu’il a choisi d’ignorer, c’est que l’ennemi principal n’est pas une communauté, c’est le vide.
Mais ce vide ne reste jamais vide, il appelle une substitution.
– Lorsqu’une nation cesse d’affirmer sa mémoire, un autre récit s’avance pour la remplacer.
– Un peuple qui cesse de se nommer cesse d’exister.
Celui qui renonce à sa langue, à sa loi et à son héritage laisse la place à ceux qui viennent imposer une autre loi, un autre mode de vie, un autre nom, une autre souveraineté.
Ce remplacement n’est pas un fantasme, l’islam politique ne cherche pas à coexister mais à supplanter :
Son objectif déclaré est de faire de la France une terre musulmane, soumise à une norme religieuse totale. Depuis plus de quatre décennies, ce mouvement est à l’œuvre dans l’ombre, alimenté par la démographie, la conquête culturelle et l’effacement volontaire de l’État. Ce n’est pas un conflit entre croyants, c’est un basculement civilisationnel.
De la romanité à la monarchie, de Clovis à De Gaulle, quinze siècles d’un même élan national et en dix ans, de 2017 à 2027, Macron a brisé cette continuité !
Dire cela, ce n’est pas verser dans la haine. C’est constater.
– Macron n’a pas seulement gouverné, il a programmé l’effacement.
– Il a tué l’aptitude du peuple français à se reconnaître comme une continuité, à se sentir « nous ».
– Sa politique est une révocation de la nation par la mise en avant d’une modernité qui nie la commune appartenance.
La condamnation est sans appel : il a trahi la mission première d’un chef d’État : conserver, transmettre, protéger.
– Au lieu de cela, il a dilapidé.
– Au lieu d’affirmer la souveraineté culturelle, il l’a soumise à des cadres de pensée qui fragmentent.
Que faire ? Le NON et le OUI
La colère seule n’est pas une stratégie ; la démission civique non plus.
Il faut une insurrection morale, mot qui signifie : relever la tête, dire NON, restaurer ce qui fait nation. Ce NON doit être clair : non à l’effacement de notre Histoire, non à la culpabilisation permanente, non à la substitution civilisationnelle.
Et à côté du NON, il faut un OUI articulé :
– oui à la langue,
– oui à l’école qui enseigne la grandeur et les failles,
– oui à l’ordre républicain,
– oui à la souveraineté,
… OUI AU SAUVETAGE DE L’IDENTITÉ FRANÇAISE.
Je ne vous appelle pas à la violence.
Je vous appelle à la rue comme agora républicaine, pour montrer que la France n’est pas une marque, mais un peuple. Direction Place de Grève, rassemblement, manifestation pacifique, chœur de voix qui réclament la réparation. Montrons que le peuple existe encore, qu’il refuse d’être désossé par une élite qui préfère la scène au pays réel. Agissons par votes, par manifestations, par création d’écoles, par réseaux de solidarité civique, par soutien aux lieux qui enseignent la langue et l’Histoire. Réclamons des comptes, prenons la parole.
Ce qui s’est passé entre 2017 et 2027 n’est pas un accident, c’est une politique.
– Sa face visible, soirées, hashtags, plateaux télé, est symptomatique.
– Sa face mortelle est plus profonde : l’octroi d’une nouvelle légitimité aux modes qui brisent la continuité d’un peuple.
– Sa tâche est Historique, Macron a abdiqué devant l’urgence du temps au détriment de la permanence.
– Sa responsabilité est immense ;
– sa condamnation morale est sans appel.
La France n’est pas morte, elle est blessée. Et la guérison exige qu’on refuse l’oubli volontaire et qu’on reprenne, sans faiblesse, la mission de tenir la ligne : la langue, l’école, l’autorité et la mémoire.
Le temps des accommodements est passé. Place de Grève. Debout. NON à l’effacement. OUI à la France.
Macron, sous tes mandats, une justice dévoyée a fait de l’innocence une marchandise : un ancien président humilié au spectacle public, accusé sur la foi d’un document désormais largement contesté pendant que toi, auteur avéré de tant de dérives, tu serais condamné, non par des rumeurs, mais par la sentence implacable de l’Histoire.
Ce n’est plus demain : c’est déjà là. Le basculement n’a pas à venir, il est en cours, sous nos yeux, chaque jour un peu plus visible, chaque silence un peu plus complice. Ce n’est pas un « changement de population », c’est un changement de civilisation.
Depuis plus de quarante ans, un mouvement souterrain progresse, patiemment, méthodiquement, profitant de notre sommeil collectif, de nos renoncements successifs, de notre refus de nommer le réel.
Les clochers de France, les croix des calvaires, les noms des saints et les pierres millénaires des églises ne seront pas abattus par la force, ils seront effacés par substitution.
Là où résonnaient les cloches, s’élèvera l’appel d’une autre loi, d’un autre dieu, d’un autre désordre du monde. Ce n’est pas un débat idéologique c’est une survie spirituelle, historique, existentielle.
La France n’a plus le luxe du doute. Elle se tient désormais devant l’alternative nue :
– transmission ou disparition,
– continuité ou soumission,
– éveil ou dissolution.
Elle ne survivra que si elle retrouve la conscience d’elle-même non comme une option culturelle, mais comme un réflexe vital, un sursaut d’honneur.
« Rien ne tuera jamais la France, sinon le renoncement de ses enfants. »
Romain Gary. SS♦

Serge Siksik, MABATIM.INFO
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