Boucler la boucle

Par Élisabeth Rozen,
[27 octobre 2025]

Il y a deux ans, un samedi de Simhat Torah, j’étais à Tel Aviv avec eux pour les vacances. On devait rentrer dans le Nord en début d’après-midi. Et puis les sirènes, et les infos, et le choc. On avait pris la route de la maison, sonnés, assimilant le mot de guerre qui venait d’être posé.

Il y a deux semaines, un lundi veille de Simhat Torah, j’étais à nouveau à Tel Aviv pour les vacances. Et en début d’après-midi, on a repris la route vers le nord, enivrés de bonheur et d’images réjouissantes qu’on n’osait plus imaginer.

En hébreu on appelle ça סגירת מעגל. Boucler la boucle.

Il y a quelques jours, ce vendredi, cerise sur la boucle bouclée, j’étais avec des centaines d’autres sur le bord de la route, comme dans un rêve, la bouche pleine de chants, pour accueillir l’enfant de la région de retour chez lui, avec un pansement sur l’œil mais un sourire immense.

Et hier soir, un dimanche, j’étais assise dans la salle des fêtes de mon yichouv avec les autres habitants pour voter le projet de rénovation de la chambre blindée locale en salle de jeux pour les enfants. On a décidé du budget de la piscine à balles et des matelas colorés, et puis ils se sont mis à discuter, comme si c’était évident, de comment s’organiser quand il faudra tout vider pour que ça redevienne une chambre blindée.

J’ai presque crié : « oh, les gars, on peut continuer à respirer tranquillement ? »

Mais je n’ai rien dit.

J’ai juste pensé que si j’ai pu vivre presque normalement pendant ces deux années, c’est parce qu’il y en a, ici, qui n’arrêtent jamais d’anticiper.

C’est ainsi, de ce côté de la Méditerranée, on boucle les boucles en chantant, mais on garde quand même une main sur la poignée de la chambre blindée. ER

Élisabeth Rozen, Le blog


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