
Par Pierre Lurçat,
[23 décembre 2025]
Pour comprendre les enjeux et la signification de la fermeture de la station de radio de l’armée, Galei Tsahal, un rappel historique est indispensable.
Galei Tsahal remonte aux premières années de l’État. Lors de sa création, le 24 septembre 1950, le Premier ministre et ministre de la Défense David Ben Gourion déclare solennellement que :
« La radio de l’armée est un nouveau maillon dans l’ensemble des instruments et organes du peuple pour mobiliser et éduquer la jeunesse et le peuple qui vit à Sion»
75 ans plus tard, qu’en est-il de cette vocation éducative et sioniste ? Quelques exemples permettent de saisir l’évolution de l’ethos de Galei Tsahal depuis trois quarts de siècle.
Selon les critères admis couramment, la station de l’armée a évolué d’une radio éducative et militaire vers une radio « généraliste » (avec l’apparition concomitante de Galgalatz, station purement musicale). Elle demeure toutefois une « école de communication » unique en son genre, puisque des soldats effectuant leur service obligatoire en sont les animateurs et qu’elle est dirigée par un général de Tsahal.
Mais par-delà la fonction officielle de Galei Tsahal, celle-ci a longtemps participé à la formation d’un certain ethos, qu’on peut définir comme étant celui du sionisme laïc de gauche, identifié au parti Mapai.
On en donnera pour preuve le fait que, lors des débats sur la création de la station, le rabbin Levin se plaignait que les soldats religieux n’étaient pas pris en compte dans les programmes de la station, qui comportaient en tout et pour tout un quart d’heure quotidien de lecture du Tanakh1.
À cet égard, la situation actuelle est à de nombreux égards bien pire…
L’ethos sioniste socialiste reflétant l’idéologie dominante dans les années 1950 a ainsi fait place à un ethos post-sioniste et progressiste.
Le « jingle » de la radio de l’armée, « habayit shel ha’hayalim » (« la maison des soldats ») est devenu récemment « habayit shel ha’hayalot » (« la maison des soldates »).
Plus grave, l’esprit combatif de Tsahal a été petit à petit érodé, pour faire la place à un esprit pacifiste et souvent défaitiste, dont de nombreux soldats se sont plaints pendant la guerre actuelle.
Le rabbin Avraham Zerbib, qui s’est illustré depuis deux ans comme conducteur de bulldozer à Gaza, relatait ce matin sur une radio concurrente avoir été interviewé sur de nombreux médias, en Israël et à l’étranger… sauf sur Galei Tsahal. L’esprit combatif et la « émounah » de Zerbib ne correspondent pas aux valeurs « progressistes » de la radio militaire, qui préfère consacrer des émissions aux problèmes de motivation ou aux troubles psychiques (bien réels) dont souffrent une minorité de combattants…
C’est en définitive le reproche principal qu’on peut adresser à la station créée en 1950.

Si la radio de l’armée ne sert pas l’objectif crucial de gagner la guerre, elle n’a plus de raison d’être...
Ceux qui prétendent s’opposer à la fermeture de Galei Tsahal au nom de la « liberté d’expression » oublient que le rôle de Tsahal n’est pas de former les futurs journalistes d’Israël mais, de manière plus prosaïque et plus essentielle, de protéger notre pays contre ses ennemis. Jusqu’à la victoire ! PL♦

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem
1 16 Mann.pdf https://share.google/MHlgLIS2wdtFsyjJ3

« Avec ses chroniques et avec ce livre, Pierre Lurçat a véritablement cherché à « penser l’événement » : face à la réalité nouvelle du 7 octobre, mettre en question plusieurs notions héritées qui en entravent la compréhension et empêchent d’y faire face, mettre en place un nouvel appareil intellectuel et spirituel. » Jacques Dewitte
« Une lecture passionnante, qui tient à la fois du journal intime et de la philosophie politique. Daniel Horowitz
« Lurçat va droit au centre du séisme. Son livre le démontre : le 7 octobre n’était pas imprévisible, il était annoncé. »
Serge Siksik
« Un livre lumineux et essentiel pour comprendre ce qui se passe en Israël comme en France » Christine Tassin
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