Australie : Le Premier ministre est propalestinien, et alors ?

Par Liliane Messika,
[26 décembre 2025]

Des images vieilles de deux ans ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant le Premier ministre australien, Anthony Albanese, sous une banderole « Arrêtez le massacre israélien, libérez la Palestine », lors d’un rassemblement propalestinien à l’époque de la deuxième intifada (2000-2005).

Circonstance atténuante : le contexte

Ce énième épisode de violences palestino-israéliennes avait commencé, selon les versions, par la visite du député Ariel Sharon sur le Mont du Temple (de Salomon) le 28 septembre 2000, ou le surlendemain, par la diffusion mondiale (et gratuite) par France 2 d’une accusation de meurtre contre un enfant au moyen de balles israéliennes (identifiées par le journaliste Charles Enderlin, absent de la scène tournée par son cameraman fétiche, lui-même un pro des clips de propagande).

Dans le premier cas, le passage sans incident d’un Israélien à kippa sur ce que l’Autorité palestinienne (AP) et les médias français appellent « l’Esplanade des mosquées » depuis que les lieux ont été libérés de l’occupation jordanienne a été considéré, après-coup, comme une provocation insupportable :

« La mosquée Al-Aqsa est à nous. L’église du Saint-Sépulcre est également à nous. Les Juifs n’ont pas le droit de profaner la mosquée avec leurs pieds fétides, nous ne les laisserons pas faire. » (Mahmoud Abbas,17/09/2015)

La version « provocation » a été contredite à plusieurs reprises par Yasser Arafat, alors Président de l’AP, par son ministre de la communication, Imad Faludji , puis par sa veuve Suha, qui a déclaré avoir essayé de le convaincre de ne pas torpiller les Accords d’Oslo, quand il lui avait déclaré :

« Je vais lancer une intifada. Ils veulent que je trahisse la cause palestinienne. Ils veulent que je renonce à nos principes, mais je ne le ferai pas. »

Les principes en question étaient la violence et les négociations de paix.

Dans le deuxième cas, France 2 a fait cadeau de son reportage à toutes les chaînes du monde, qui ont donc passé en boucle « l’assassinat d’un enfant par des soldats israéliens1».

Que ce soit du fait des reportages citant les quelques minutes d’Ariel Sharon sur le Mont du Temple (en territoire israélien, donc) comme un casus belli incontestable ou « grâce à » la campagne mondiale anti-israélienne menée sous l’effigie du petit Mohammed al-Dura il fallait être un polyglotte d’une curiosité insatiable pour connaître les faits (par opposition aux émotions idéologiquement enrobées) et ne pas haïr la soldatesque universellement accusée d’assassinat volontaire.

On ne comprend donc pas pourquoi, après les meurtres de Bondi Beach, il est reproché à Albanese son enthousiasme de jeunesse. Y aurait-il autre chose ?

Propalestinien, très bien, mais anti-judéo-israélien, hum…

D’aucuns comparent aujourd’hui Albanese Anthony à son homonyme Albanese Francesca, championne olympique de la discipline Israel-bashing.

Précision : le patronyme Albanese semble aussi courant chez les antisionistes que Cohen chez les Juifs, donc aucune conclusion ne doit être tirée concernant une possible collusion entre Anthony et Francesca.

En revanche, beaucoup de manifestants propalestiniens ignorent la différence entre propalestinisme et antisémitisme, et entre antisionisme et hitlérisme. En témoigne la vidéo tournée par la mission « Canari dans la mine » et titrée « le mouvement « pro-Palestine » souffre du virus Hitler ».

On y voit des manifestants en keffieh faire le salut hitlérien en se vantant de « ne pas avoir peur de leurs opinions », d’autres se contentent d’alterner les slogans : un coup « Free Palestine », un coup « A-dolf-Hi-tler, A-dolf-Hi-tler ! » et pour les participants, souhaiter « qu’on tue tous les Juifs » semble aller de soi.

Soyons lucides : si les gouvernements occidentaux protègent les synagogues et les écoles juives, c’est qu’ils savent que l’anti-israélisme n’est rien d’autre qu’un banal antisémitisme.

Partout, dans notre pays comme aux antipodes.

« Down under », là-bas tout au sud, l’incitation à la haine a été tolérée, minimisée ou ignorée par le gouvernement fédéral.

L’antisémitisme rampant est sorti en plein air et s’est propagé, pendant que le gouvernement d’Albanese voyait des tensions intercommunautaires dans une campagne terroriste en devenir : le genre de broutilles auxquelles un gouvernement n’a pas à s’intéresser. Mais il n’y avait pas deux communautés face à face, seulement la discrimination raciale d’un tout petit groupe (environ 100 000 individus sur une population totale de 27 millions), par un nombre d’agresseurs en croissance exponentielle.

L’entrisme islamiste au-dessus, en dessous, à l’endroit et à l’envers

Albanese est, comme tous les dirigeants, sensible aux réservoirs de suffrages. C’est là que son tropisme palestiniste entre en ligne de compte dans sa réaction à la possibilité d’un pogrom contre les Juifs australiens :

Lorsque, le surlendemain du 7-octobre 2023, une foule d’excités a envahi l’Opéra de Sydney, brûlant des drapeaux israéliens et scandant des menaces contre les Juifs, pas contre les Autorités israéliennes, la consigne donnée à la police n’a pas été de disperser les manifestants, mais de conseiller le calme à la communauté juive.

Cela ressemblait comme deux gouttes de fiel à une bénédiction pour les excités. Pour prouver qu’il ne s’agissait pas d’une ressemblance, mais du produit brut, en août 2025, des députés de gauche ont joint le geste à leur silence :

Ils ont manifesté bras dessus bras dessous avec des djihadistes sur le pont du port de Sydney en agitant des bannières de Daech, en arborant un portrait de Khamenei et en criant des slogans appelant à détruire l’État d’Israël.

Ces manifestations n’ont pas été interdites par les Autorités, même pas critiquées, malgré les formules « Intifada mondialisée » et « Gazez les Juifs de la rivière à la mer ».

Les graffitis comme celui-ci couvrent encore les murs de Sydney et de Melbourne aujourd’hui. Leurs auteurs n’ont pas été poursuivis.

Qu’a fait Anthony Albanese pour protéger ses concitoyens juifs ?

Rien. Il n’a rien fait.

À l’inverse, il a jeté des tonnes d’huile sur le feu, en condamnant Israël à diffamations que veux-tu. Ses ministres des Affaires étrangères, Penny Wong, et de l’emploi et des relations au travail, Tony Burke, tous deux appartenant à son parti socialiste, l’ont aidé à porter les seaux de combustible.

Haïr les Juifs en toute bonne conscience et en se prenant pour des justiciers leur ont permis d’accuser Israël de génocide, alors même que la population de Gaza a augmenté pendant les deux ans de guerre, comme le compile le CIA World Factbook.

L’attentat de Bondi n’était pas une déclaration politique. Il ne s’agissait pas d’une attaque de « Palestiniens » contre des « Israéliens », mais d’antisémites qui ont attaqué des Juifs.

Le Président et le ministre des Affaires étrangères israéliens avaient averti à de nombreuses reprises le gouvernement Albanese de ce qui risquait d’arriver.

La communauté juive a plaidé pendant deux ans pour des actions soient entreprises et, comme l’ont fait les Juifs français auprès de Macron, a souligné qu’Albanese récompensait le terrorisme en reconnaissant la Palestine juste après le pogrom du Hamas.

En effet, c’est ce qu’il faisait et il ne pouvait pas l’ignorer : il n’y a pas de raison qu’il ait été plus bête ou plus mal informé que les citoyens juifs de France ou d’Australie !

Quand c’est arrivé, Netanyahou l’a accusé d’avoir encouragé l’antisémitisme en reconnaissant la Palestine, dans une politique de « faiblesse et d’apaisement ».

L’accusé a estimé qu’il n’existait aucun lien entre les deux. Une coïncidence, peut-être ?

Anthony Albanese est propalestinien et alors ? Alors, il a encouragé les antisémites et « oublié » de protéger les juifs.

Cela, ce n’est pas une opinion politique en faveur des Palestiniens, c’est un clientélisme sanglant appuyé sur de la haine antisémite. LM

Liliane Messika, Causeur


1 De nombreuses enquêtes ont contredit l’accusation par ouï-dire du journaliste français, notamment le documentaire d’Esther Schapira « 3 bullets and a dead child » sur la chaîne allemande ARD en 2002 : « Un film sur la vérité victime de la guerre, sur le rôle des médias, sur la logique meurtrière de la politique d’occupation et sur l’utilisation des enfants à des fins de propagande ; un film qui amènera les spectateurs à remettre en question les images qu’ils ont en tête. »


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