Israël : L’ONG qui a payé 120 millions de shekels pour les manifestations contre la réforme judiciaire

Par Gideon Dokov, Makor Rishon
[14/02/2025]

L’argent des manifestations : Une analyse des documents d’une ONG israélienne appelée« Avenir bleu et blanc »pour 2023, tels que soumis au Registre des Associations, montre qu’il s’agit de l’une des campagnes les plus coûteuses de l’histoire du pays

Pas moins de 120 millions de shekels – c’est une somme énorme qui a financé directement la campagne et les manifestations contre la réforme judiciaire en 2023, et qui a été transférée aux organisateurs à partir d’une seule association.

Au cours de ces manifestations de gauche contre la réforme, la droite avait affirmé plus d’une fois qu’il ne s’agissait pas de manifestations spontanées, mais plutôt d’une campagne planifiée, alimentée par des financements sans précédent.

Une analyse des documents d’une ONG israélienne appelée « Avenir bleu et blanc » (Atid kahol lavan) pour 2023, tels que soumis au Registre des Associations, montre qu’il s’agit bien de l’une des campagnes les plus coûteuses de l’histoire du pays.

Plus de 120 millions de shekels y ont été investis – une somme sans précédent par rapport à d’autres organisations opérant dans le domaine social.

Environ la moitié de la somme a été transférée à des organisations de terrain qui ont organisé des manifestations dans tout le pays. L’autre moitié a servi au recrutement de porte-parole et de spécialistes de relations publiques, et au financement de publicités dans les médias et les réseaux sociaux.

Les fonds reçus par Blue and White Future (Atid kahol lavan) ont été transférés à des organisations telles que Brothers in Arms (Ahim laneshek), Builders Alternative (Bonot Alternativa)– l’organisation à l’origine de la « Marche de la servante écarlate¹ » – et à de nombreuses autres organisations de protestation, y compris dans le monde académique. En outre, un document révélé sur le site Web de la chaîne Mida montre que « Blue and White Future » a engagé une société de relations publiques à Washington pendant trois mois pour un coût total de 75 000 dollars, afin de promouvoir ses positions vis-à-vis de l’administration Biden.

Blue and White Future a été fondée en 2009 sous le nom de « Peace Blue and White » (Shalom kahol lavan), mais a rapidement changé de nom. Ses objectifs déclarés sont

« d’intensifier et de mettre en évidence le soutien public à la solution à deux États pour deux peuples, Israël en tant que foyer national du peuple juif et la Palestine en tant qu’État-nation palestinien, afin de préserver le caractère d’Israël en tant qu’État juif et démocratique ».

Les principales figures de l’association sont Orni Petrouchka, l’avocat Gilad Sher – qui a été le chef de cabinet d’Ehud Barak et a été membre de l’équipe de négociation à Oslo et à Camp David – et Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet et membre du Parti travailliste.

La plupart du temps, l’association a fonctionné avec un profil et un budget relativement bas. Les dons reçus variaient de 150 000 à 1 million de shekels par an. En 2020, l’organisation a intensifié ses activités en faveur de protestations contre l’Initiative de souveraineté en Judée-Samarie, mais même à ce moment-là, le budget de l’organisation était inférieur à 7 millions de shekels, dont la grande majorité provenait de dons aux États-Unis.

Le bond des activités et des budgets de l’organisation s’est produit en 2023. L’avocat Sher a déclaré que le 14 décembre 2022, après la victoire de la droite aux élections, mais avant la prestation de serment du gouvernement actuel, plusieurs militants de premier plan, tels que Shikma Bressler, Ilan Shiloach, Dan Halutz, Orni Petrushka et d’autres, se sont réunis pour établir le « Comité directeur du quartier général de la lutte ».

Plus tard, à partir de janvier 2023, Atid Kakhol lavan a amplifié ses actions, et a commencé à employer un PDG et une équipe logistique, a collaboré avec d’autres organisations et a loué les services de fournisseurs divers. Plus tard dans l’année,

elle a modifié ses statuts afin que ses membres bénéficient d’une assurance et d’une protection juridique en cas de poursuites judiciaires liées aux activités de l’association à leur encontre.

Les rapports de l’organisation révèlent qu’en 2023, le chiffre d’affaires financier de l’organisation a grimpé en flèche, approchant les 160 millions de shekels, dont 120 millions de shekels destinés à la lutte publique contre la réforme judiciaire menée par le ministre Yariv Levin.

Ainsi, les documents de l’organisation montrent qu’environ 56 millions de shekels ont été utilisés pour l’information du public, les campagnes, le porte-parole et la consultation des médias.

Une autre somme, environ 50 millions de shekels a été utilisée pour des « activités de terrain visant à renforcer la démocratie ».

2,2 millions de shekels ont été alloués à l’aide juridique – une partie a été allouée aux détenus de la manifestation, 2 millions de shekels pour les salaires, 1,8 million de shekels pour les dépenses logistiques des entrepôts et des loyers, 680 000 shekels pour la gestion et la production de divers projets, et environ 300 000 shekels pour les déplacements à l’étranger.

En d’autres termes, derrière la campagne de bombardement médiatique et les manifestations dans tout le pays se trouvaient d’énormes sommes de dizaines de millions de shekels, qui ont aidé à diriger les masses à s’opposer à la politique du gouvernement.

Il est important de noter que Avenir bleu et Blanc n’était pas le seul financeurdes manifestations contre la réforme judiciaire, et en plus des énormes sommes d’argent transférées par l’organisation, l’opposition à la réforme a reçu de nombreuses autres contributions.

Une lecture attentive des documents de l’association fournis au Registre des Associations ne permet pas de faire la lumière sur une question importante : quelle est la source des fonds reçus par l’association ? La plupart des fonds provenaient des États-Unis, avec un total de plus de 83 millions de shekels de dons de l’étranger. Cependant, il est difficile d’identifier une source claire pour toutes ces sommes importantes.

Par exemple, le don le plus important reçu par Kakhol lavan Atid s’élève à près de 64 millions de shekels, qui provient d’une organisation américaine appelée PEF Israël. Cependant, PEF Israël est une organisation à but non lucratif dont la seule fonction est de servir d’intermédiaire pour le transfert de dons déductibles des impôts des États-Unis vers Israël, il est donc difficile de connaître la source de ces 64 millions de shekels.

Une autre somme importante de plus de 14 millions de shekels, provenait d’une organisation américaine appelée le Middle East Peace Dialogue Network (MEPDN). Cette organisation a été l’un des donateurs réguliers d’Avenir Kakhol Lavan pendant plusieurs années, mais les années précédentes, elle avait transféré des sommes de dizaines à des centaines de milliers de shekels. En 2023, la contribution a explosé, passant à 14 millions de shekels.

Le site Web américain Data Republican, qui suit les dépenses gouvernementales aux États-Unis et analyse d’où elles proviennent, affirme que le MEPDN a servi d’intermédiaire pour le transfert de fonds de l’organisation gouvernementale américaine USAID à diverses entités à travers le monde. Le site Web précise que les fonds du gouvernement n’ont pas été transférés directement au MEPDN, mais qu’ils lui ont été transférés par l’intermédiaire de divers autres organismes, ce qui rend difficile l’identification de la source des fonds. Quoi qu’il en soit,

Atid Kakhol lavan prétend qu’elle n’a pas reçu un seul dollar de l’USAID ou de toute autre agence gouvernementale aux États-Unis.

Contrairement à l’argent américain, les dons provenant d’Israël sont plus faciles à tracer. Le total cumulé des dons israéliens reçus par Kakhol lavan dépasse les 71 millions de shekels. Parmi les donateurs figurent des milliardaires et des millionnaires bien connus tels que Morris Kahn, Ora Stibbe – épouse d’Eitan Stibbe et belle-mère de Stav Shafir – le milliardaire israélo-canadien Mark Sheinberg, qui dans le passé s’est porté caution de 2 millions de shekels en faveur de Tikva Hadasha² de Gideon Saar, Paz Litman et Jonathan Kolber.

Des dons ont également été fournis par des entreprises telles que Paragon, dont le nom est lié à l’ancien Premier ministre Ehud Barak, Paradox Capital, qui est lié à Ilan Shiloach, et Tzur Shamir Holdings, qui possède, entre autres, la société « Direct Insurance ».

Parmi les autres organisations qui ont transféré des fonds à l’organisation, citons l’Observatoire sous-marin d’Eilat, le kibboutz Mishmar HaEmek, qui a fait don de 1 million de shekels, le kibboutz Gilad de Ramot Menashe, qui a fait don de 250 000 shekels, et l’organisation « Zulat », fondée par Zehava Gal-On³, qui a alloué plus de 250 000 shekels pour aider à financer le système de défense juridique des manifestants arrêtés dans le cadre d’activités de protestation. D’autres donateurs de l’association ont reçu l’approbation du Bureau des Associations de rester anonymes.

Kakhol lavan a répondu que l’organisation « n’a pas reçu un seul dollar de l’USAID ou de tout autre organisme gouvernemental américain, ce qui est faux. GD♦