La diplomatie « America First » bouscule l’Europe

Par Yves Mamou, 
[25 février 2025]

Les dirigeants européens ont vu leur univers tanguer au premier jour de l’élection de Donald Trump. Amis ou ennemis ?

Donald Trump a été élu le 6 novembre 2024, mais il n’a pris ses fonctions que le 20 janvier 2025. Dans cet intervalle de presque trois mois, le Président-elect s’est bien gardé d’empiéter sur les prérogatives de l’administration Biden sortante. Il s’est tu. Mais il a laissé la bride sur le cou à Elon Musk, patron de Tesla, dont chacun savait qu’il allait occuper des fonctions importantes dans l’administration Trump.

Et le patron de Tesla a multiplié les « excentricités ». Lesquelles peuvent être considérées comme les jalons de ce que va être l’action diplomatique du président républicain.

La guérilla diplomatique d’Elon Musk.

Allemagne. Le 20 décembre 2024, au lendemain d’une attaque islamiste particulièrement meurtrière sur un marché de Noël allemand, Musk a appelé sur X le chancelier allemand Olaf Scholz à « démissionner immédiatement ». Il l’a également traité d’« Imbécile incompétent ».

Le même jour, Elon Musk a exprimé son soutien au parti Alternative für Deutschland (AfD) en Allemagne, affirmant que seul ce parti peut sauver l’Allemagne. Et le 9 janvier, Elon Musk a organisé sur X, un entretien d’une heure avec la chef de file de l’AfD, Alice Weidel

Déjà le 29 septembre 2023, Elon Musk avait dénoncé sur X, ces ONG allemandes qui recueillent des migrants à la dérive en Méditerranée pour les déverser en Italie.

« Le public allemand est-il conscient de cela » avait demandé le patron de Tesla ?

Angleterre. Le 9 janvier, le Financial Times a accusé Elon Musk de chercher à faire tomber le Premier ministre britannique Keir Starmer avant les prochaines élections générales. Début janvier, Musk avait accusé Keir Starmer, ancien procureur général chargé des poursuites publiques, d’avoir volontairement minoré les centaines de milliers de violences sexuelles infligées à des jeunes filles mineures blanches de la classe ouvrière par des gangs d’origine pakistanaises.

Elon Musk a exigé une nouvelle enquête nationale, a qualifié M. Starmer de « totalement méprisable » et a déclaré qu’il devrait être « en prison ».

Musk a également soutenu Tommy Robinson, un activiste britannique qui cumule les peines de prison en raison des campagnes qu’il mène contre les gangs de violeurs pakistanais.

Le 25 janvier Politico a annoncé que Musk avait payé les amendes infligées à Tommy Robinson par la justice britannique.

Italie. Les relations entre Elon Musk et Georgia Meloni, premier ministre italien sont en revanche au beau fixe. Meloni, dirigeante du parti Fratelli d’Italia, a été élue Premier ministre en 2022. Son engagement en faveur de la lutte contre l’immigration illégale, lui a valu les faveurs de Donald Trump et d’Elon Musk. Le 16 décembre 2023, Elon Musk s’est déplacé à Rome pour assister au festival Atreju, un événement apparenté à l’ « extrême droite » italienne depuis 2014 (il était plutôt associé à la droite auparavant). Organisée par Fratelli d’Italia, le parti politique de la première ministre Giorgia Meloni, la manifestation politique a déjà vu défiler Steve Bannon, Marine Le Pen ou Viktor Orbán. L’édition 2023, qui avait pour slogan « Bentornato Orgoglio Italiano » (le Retour de la Fierté Italienne), a misé sur la présence d’Elon Musk, en plus de la visite de chefs d’État étrangers.

En septembre 2024, Elon Musk a remis à Meloni un prix décerné par l’Atlantic Council de New York. Meloni espère apparemment que sa relation avec Musk donnera à l’Italie un rôle privilégié dans les relations des États-Unis avec l’Europe. SpaceX, la société de M. Musk, est également en pourparlers avec le gouvernement de Mme Meloni pour fournir des communications militaires sécurisées via son réseau de satellites Starlink.

Le 20 janvier 2025, Donald Trump est entré en fonction et le vice-président américain J.D Vance a pris le relais d’Elon Musk.

Lors de la Conférence sur la sécurité qui a eu lieu du 14 au 16 février, à Munich,

J.D. Vance,vice-président américain, a poursuivi – officiellement cette fois – le travail de déstabilisation d’Elon Musk.

Il a déclaré aux dirigeants européens que leurs démocraties étaient imparfaites et que la plus grande menace à laquelle l’Europe était confrontée n’était pas extérieure : elle était intérieure.

Autrement dit, J.D Vance a accusé les dirigeants européens de représenter eux-mêmes un danger pour leurs compatriotes.

Pour l’administration Trump, la Russie ou la Chine menacent moins l’Europe que

  • l’immigration de masse,
  • la censure des opposants,
  • le refus d’écouter les électeurs sur la question de l’immigration,
  • et le barrage politique que les partis de gauche et du centre imposent aux partis populistes nationalistes.

« Je peux vous le dire clairement : il ne peut y avoir de sécurité si vous avez peur des voix, des opinions et de la conscience qui guident votre propre peuple », a déclaré J.D Vance à Munich.

/… YM

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