
Par Yves Mamou,
[4 août 2025]
Cette guerre de Gaza mobilise les trois monothéismes. Comme à chaque fois.
René Girard, philosophe et anthropologue, écrit que « la Bible, toujours et partout, fait passer les victimes au premier plan1 ».
La guerre de Gaza est, à cet égard, une illustration du texte biblique2. Il n’y est question que de victimes musulmanes, chrétiennes, juives.
A) De qui les musulmans sont-ils les victimes ?
Au lendemain du pogrom du 7 octobre, le peuple arabe et musulman est entré en liesse. Du Moyen-Orient à l’Europe, en passant par les campus de l’Ivy League aux États-Unis, ce peuple s’est senti vengé d’une offense juive.
« Israël est perçu comme une profanation, une abomination », explique Eliezer Cherki, orientaliste et spécialiste de l’islam. Et le 7 octobre a en partie réparé cette blessure.
De quoi les Juifs sont-ils coupables ?
Pas d’une injuste répartition du territoire. Pas de l’absence d’un État palestinien.
Non, ils sont coupables d’avoir attenté à la promesse cosmique d’une islamisation totale de la planète.
« L’islam est une religion politique qui a une vision planétaire des choses », explique encore Eliezer Cherki.
« Les musulmans divisent le monde en deux : il y a, d’un côté, le monde soumis à Allah (dar al islam) et, de l’autre, le monde de la guerre (dar al harb), qui doit être conquis pour être soumis à l’islam. »
Israël est une impudence : des Juifs ont conquis par les armes une position de souveraineté sur un territoire autrefois occupé par l’islam. Ils représentent une blessure toujours vive dans le flanc de tous les musulmans.
Dans son dernier ouvrage, Les Non-dits d’un conflit, Daniel Sibony, psychanalyste et philosophe, ajoute que la guerre du 7 octobre est une tentative d’effacement des origines juives du Coran :
« Le Coran s’est approprié la Bible au point de s’identifier à son message ; et au point de ne plus savoir quoi faire des Juifs, sinon tenter de les faire disparaître. »
La réaction banale de tout plagiaire qui a du mal à reconnaître le partage, c’est-à-dire la part de l’autre – cet autre qu’il a pourtant aimé au point de vouloir l’incorporer –, sa réaction est bien de vouloir l’effacer.
Le conflit au Proche-Orient est donc l’histoire d’un plagiat inassumable, d’un plagiat qui s’empêtre dans le problème de tout plagiaire : comment faire disparaître l’original ? […] C’est le jihad qui s’en charge. »
En sus de ces fautes juives, une angoisse fondamentale taraude les djihadistes depuis presque 80 ans :
Est-il imaginable qu’en 1948, Allah ait autorisé le retour des Juifs sur leur terre ancestrale ?
Sous-entendu : si le Tout-Puissant a toléré la création d’Israël, alors la position élective des musulmans est compromise.
Allah peut-il avoir voulu que les musulmans ne soient pas le seul peuple élu ?
Comme l’écrit le célèbre historien Bernard Lewis à propos de la guerre d’indépendance d’Israël en 19483 :
« Il était déjà terrible d’être défaits par les grandes puissances occidentales, mais être battus par une bande de Juifs dépenaillés était une humiliation intolérable. »
À partir de 1948 et jusqu’en 1967, les Arabes ont immédiatement interrogé Allah : était-il possible qu’« Il » se soit tenu du côté des Juifs ?
Était-il pensable qu’Il ait favorisé leur retour sur leur terre d’origine ?
Après des années d’angoisse et de mortification (« nous n’étions pas d’assez bons musulmans »), les Arabes ont trouvé la réponse : les Juifs ont été aidés par le diable.
Ce que Bernard Lewis traduit ainsi4 :
Les Arabes ont expliqué « leur défaite par un regain d’antisémitisme et une diabolisation du Juif en monstre maléfique et rusé ».
Les Juifs sont le diable, et il est permis de les détruire.
B) De qui les chrétiens sont-ils les victimes ?
Le 7 décembre 2024, au Vatican, en pleine guerre de Gaza, feu le pape François s’est recueilli devant une crèche où Jésus était allongé sur un keffieh, symbole du peuple palestinien.
En se faisant photographier ainsi, le pape répudiait sans oser le dire les origines juives du christianisme.
Le Juif, là-haut sur sa croix, avait démérité.
Trop violent. Il méritait d’être remplacé par une « vraie » victime, et ce Palestinien génocidé et affamé (par des Juifs) faisait très bien l’affaire.
Les Chrétiens ne sont pas directement impliqués à Gaza. Mais, ils sont spectateurs à travers les médias. Et pour eux, les rôles ont été inversés. Certes, le 7 octobre 2023, le Hamas a attaqué Israël tuant, violant, brûlant vifs 1 200 Juifs, hommes, femmes et enfants.
Mais depuis que Tsahal est entré à Gaza, la victime a changé de camp et les rôles se sont inversés.
Les Juifs (Israël) ne se défendent pas. Ils assassinent, génocident, affament un innocent : le « peuple palestinien ». Ils ne se défendent pas, ils exécutent. Ils sont le bourreau.
Pour les médias occidentaux, le transfert victimaire est achevé depuis longtemps.
Le Gazaoui désarmé, errant dans les sables de Gaza en quête d’un abri et d’un peu de nourriture, incarne le Juif errant.
Du faux bombardement de l’hôpital al-Ahli de Gaza en octobre 2023 (« des centaines de tués », clamait le New York Times) à l’accusation de famine, en passant par le génocide organisé à Gaza, les médias européens ont fait de la souffrance palestinienne une liturgie quotidienne :
– ils reprennent le décompte des victimes fourni par le Hamas sans précaution ;
– ils réclament un plan d’après-guerre alors que la guerre n’est pas achevée ;
– ils jugent illégale l’utilisation de bombes de gros calibre en zone urbaine, alors que l’ennemi s’y dissimule ;
– ils filment à l’infini les pleurs et les cris de femmes arabes dans les ruines de Gaza.
Ces tunnels du Hamas, conçus pour incarcérer des Juifs pris en otage, ont également capturé la ferveur de nombreux chrétiens en vue d’un simulacre médiatique de seconde crucifixion du Christ.
Pour calmer les médias en colère, les dirigeants européens – France, Grande-Bretagne… – s’apprêtent à sacrifier Israël.
– Ils vont reconnaître un État palestinien sans exiger la réciprocité, sans que cet État soit obligé de reconnaître le droit à l’existence d’Israël.
– L’Union européenne envisage de geler l’accès des start-ups israéliennes à une partie du programme de recherche Horizon, doté de 100 milliards d’euros (soit 115 milliards de dollars).
– Plusieurs pays refusent de livrer des armes à Israël, y compris ceux, comme la Slovénie, qui n’en ont jamais fabriqué.
– Plusieurs pays ont sanctionné des personnalités politiques israéliennes dites d’extrême droite, comme le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui défendent l’idée qu’Israël doit se réapproprier Gaza et la Judée-Samarie (Cisjordanie).
C) De qui les juifs sont-ils victimes ?…

…/… YM♦
Lire la suite sur Yves Mamou Décryptages
1 René Girard « La route antique des hommes pervers »
2 René Girard, Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978)
3 Bernard Lewis. What went wrong ?
4 Idem
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les juifs sont victimes depuis 2000 ans de la folie » remplaciste » chretienne .
100% des premiers chretiens etaient juifs et l ideologie de remplacement est inseparable du christianisme , nous n avons pas le droit d exister en tant que peuple souverain car notre role s est arreté depuis 2 millenaires .le retour d Israel sur sa terre , la renaissance de l hebreu , la souverainetė sur Jerusalem sont des cataclysmes successifs qui ebranlent la chretienté .
les occidentaux issus de cette croyance ont longtemps esperė que les barbares orientaux regleraient ce » probleme » , mais Israel survit , Israel triomphe , Israel explose economiquement .
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