De Nuremberg à Gaza : La peine de mort et la victoire morale d’Israël

Par Pierre Lurçat,
[13 novembre 2025]

« Nuremberg », le film de James Vanderbilt actuellement sur les écrans en Israël, est un film ambitieux, dérangeant et talentueux. Basé sur le roman de Jack El-Hai, The nazi and the psychiatrist, il aborde le procès des dirigeants nazis à Nuremberg sous l’angle de l’affrontement psychologique entre Hermann Goering (interprété par Russel Crowe) et le psychiatre militaire Douglas Kelley.

L’angle choisi par le réalisateur américain donne sans doute la part trop belle à la dimension psychologique et le film pêche parfois par une trop grande « humanisation » du dirigeant nazi, numéro deux de Hitler. Mais c’est un film captivant qui donne à réfléchir, à l’heure où Israël continue d’affronter le mal absolu incarné par le Hamas, lequel n’a pas encore capitulé à Gaza, au bout de deux ans de guerre.

Comment juger les criminels du Hamas, et quelles doivent être les peines infligées ?

Ces questions sont redevenues d’actualité avec le retour des derniers otages détenus vivants et avec le vote en première lecture, cette semaine à la Knesset, du projet de loi sur la peine de mort pour les terroristes du 7 octobre.

Pendant de longues années, Israël s’est abstenu d’infliger la peine de mort, que la législation israélienne avait prévue dès les années 1950 à l’encontre des criminels nazis et qui existe ailleurs dans le code pénal israélien.

Mais au-delà des questions juridiques posées par l’application de la peine de mort (qui n’a pas été utilisée en Israël depuis le lointain procès Eichmann), celle-ci pose surtout une question morale.

Il s’agit en effet de savoir si Israël, victime du plus grand pogrom antijuif depuis la Shoah, possède encore aujourd’hui la force morale et politique pour réaffirmer à la face du monde entier que ceux qui s’en prennent à ses citoyens – femmes et enfants, vieillards et bébés – et qui ont commis les crimes atroces du 7 octobre ne peuvent connaître aucun autre sort que la peine capitale.

La réponse ne devrait faire aucun doute, et notre pays a démontré au cours des deux années écoulées sa capacité de résistance, de contre-attaque et de vaincre.

Cependant, comme l’a prouvé le dernier rebondissement dans l’affaire des accusations calomnieuses contre les soldats de Sdé Teiman, le « Deep Sate » israélien, de son côté, est loin de démontrer la même force et surtout la même clarté morale que celle de nos soldats. Bien au contraire !

L’affaire Sdé Teiman illustre les normes perverties de la justice israélienne, que j’ai analysées dans un récent livre*, au nom desquelles celle-ci est capable de porter des accusations mensongères contre des soldats de Tsahal, tout en faisant preuve de clémence envers les pires tortionnaires du peuple Juif depuis la Shoah !

« La pitié pour le méchant fait tort au Juste », avait énoncé le Talmud.

Cette institution judiciaire, dont on commence à révéler les turpitudes, relève plus de la « justice de Sodome » dont nous parle la Bible que d’une justice hébraïque authentique, inspirée par le « Tsedek ou Mishpat ».

Comme le faisait remarquer le professeur Henri Baruk,

« Le pardon inconditionnel des méchants est très dangereux, caril encourage les méchants à persévérer… et à massacrer et à torturer les justes. On l’a vu avec Hitler et les terroristes modernes »1.

Lignes prémonitoires, écrites bien avant l’apparition du Hamas !

Ainsi, la question de la peine de mort pour les terroristes du Hamas est une question cruciale pour la victoire d’Israël contre le Hamas, car elle a précisément à voir avec l’affirmation au monde entier du bien-fondé de notre cause.

Ce n’est nullement un hasard si le grand scandale concernant les institutions judiciaires israéliennes qui vient d’éclater au grand jour, concerne lui aussi les fondements moraux de la guerre d’Israël.

L’État hébreu ne pourra en définitive triompher du mal absolu incarné par le Hamas qu’en procédant à un profond remaniement de ses institutions (armée, justice, médias, etc.) inspiré par l’esprit de justice de la Torah et des Prophètes.

Ad Hanitsa’hon ! Jusqu’à la victoire ! PL

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem


1 H. Baruk, Le message des patriarches hébreux, éd. Colbo 1990, p.32

Avec ses chroniques et avec ce livre, Pierre Lurçat a véritablement cherché à « penser l’événement » : face à la réalité nouvelle du 7 octobre, mettre en question plusieurs notions héritées qui en entravent la compréhension et empêchent d’y faire face, mettre en place un nouvel appareil intellectuel et spirituel. Jacques Dewitte

Une lecture passionnante, qui tient à la fois du journal intime et de la philosophie politique. Daniel Horowitz


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