Les Trois Coups, de Roger Chemouni : « Liliom, de Ferenc Molnar »

LiliomThéâtre de la Colline jusqu’au 4 avril 2014

Par Roger Chemouni
Ferenc Molnar est un dramaturge juif hongrois (1878-1952). Il est l’auteur de plusieurs œuvres dont Liliom 1919, La nuée blanche 1916 inspirée par la guerre, André dont le héros est un jeune juif névrosé et Moulin rouge en 1923 et, surtout, en 1909 les Gars de la rue Paul, qui raconte l’affrontement de deux bandes de gamins dans les rues de Budapest au début du XXe siècle.

Lors la Seconde Guerre Mondiale il émigre aux États Unis pour échapper aux persécutions nazis contre les juifs hongrois.
Sa pièce Liliom inspirera des cinéastes comme Michael Curtiz (1919 Hongrie ) Frank Borzage (1930 USA), Fritz Lang (France 1934), Henry King Carousel (1956), film musical –Usa) Kurt Meise (1963 Autriche), sans oublier les adaptations pour la télévision et les représentations théâtrales dont une d’Elia Kazan.
Soixante-dix films furent réalisés d’après ses écrits, c’est dire l’impact de ses pièces notamment celle-ci qui repose sur une « histoire de banlieue de Budapest aussi naïve que primitive que celles qu’ont coutume de raconter les vieilles femmes de Josefstadt » (l‘auteur).
Liliom Zadowski est un bonimenteur de foire où il fait tourner un manège attirant par sa gouaille et sa belle gueule la gente féminine. Liliom, dragueur invétéré et rustre professionnellement, courtise la tendre et innocente Julie qu’il trompe et violente. Celle-ci un jour lui déclare porter le fruit de ses amours et voilà notre Liliom ivre de bonheur, tout en le taisant. Il cachera aussi l’entreprise frauduleuse destinée à assurer ses nouveaux soucis pécuniaires dus à sa paternité nouvelle. Mais le sort va contredire ses projets et les cieux seront charitables avec lui, dirons nous pour ne point dévoiler l’épilogue.
Molnar met en scène des êtres frustres candides, Julie avec ses utopies sentimentales, sa candeur et son incrédulité ; Liliom un vaurien sans cœur qui méconnait la tendresse, distribue gratuitement la violence. Les autres personnages restent truculents comme la propriétaire dudit manège prête à tout quand Liliom ne se soumet plus à ses commandements, comme cette photographe qui radote, recolle les morceaux et met sur pellicule des tranches d’autosatisfaction permanente.
L’auteur semble nous dire que le bonheur est éphémère, la repentance tardive, que tout est illusion et que les humains sont de grands naïfs et des êtres contradictoires. Tableau noir et absurde qu’un épilogue positif vient contredire.
L’adaptation théâtrale étonne, le metteur en scène à voulu situer l’action de nos jours, mettre en antagonisme la joie de la fête foraine et la déception amoureuse. Ce contraste ne porte Roger Chemounipas toujours ses fruits : Marie est jouée par une actrice loin d’être frêle par son apparence, malgré l’effort qu’elle développe pour paraitre innocente, et il manque un peu un vrai air de fête pour constater un monde parallèle.
Néanmoins l’interprétation est là, le sujet plaisant et l’émotion encore intacte ne fût-ce que par ses thèmes : l’amour, la rédemption et la misère psychologique et financière. RC♦.

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