« Split » : une des plus anciennes communautés juives en Europe

Split-Syna1Par Véronique et Pierre Lévy

Au cœur de la  ville de Split en Croatie se niche une synagogue, bâtie contre le mur Ouest du palais très bien conservé de l’Empereur Romain Diocletien (243-313).

Nous avons sonné à la porte et Monsieur Altaras, le président de la communauté,  nous a fait rentrer et nous a raconté l’histoire de cette communauté.

La communauté de Split est très ancienne puisque les premiers juifs sont arrivés à l’époque romaine. Cette présence est établie grâce aux vestiges découverts dans la ville voisine de Salone, alors capitale administrative romaine de la région. Au 7ème siècle, les

Palais de Diocletien (243-313)
Palais de Diocletien (243-313)

habitants de l’importante cité de Salone ont fui devant l’invasion des Avars et des Slaves, et ont trouvé refuge dans l’enceinte de l’ancien palais qui deviendra alors la ville de Split. Split continuera à s’étendre au cours des siècles suivants.

Après l’expulsion de 1492, des Juifs d’Espagne et du Portugal rejoignent la communauté de Split. En 1510, ils acquièrent une maison pour en faire une synagogue. En 1728, avec l’arrivée de Juifs Ashkénazes, la synagogue devient trop petite. La communauté achète la maison voisine dont elle abat le mur mitoyen pour agrandir la synagogue et y construire la galerie des dames.

L’apparence actuelle de la synagogue date de cette époque. La niche de la Thora, orientée vers l’Est, est logée dans la muraille Ouest du Palais.

Vers la fin du 18ème siècle, un ghetto englobant la synagogue est établi sur le modèle de la puissance dominante vénitienne.

Split-mortsPendant la seconde guerre mondiale, les Juifs de Split ont souffert comme le reste des Juifs de l’ex-Yougoslavie. Près de la moitié des Juifs de Split ont disparu en déportation et également en combattant au sein des partisans. Les occupants italiens ont commencé par regrouper les Juifs sur des îles, et principalement sur l’île de Pag. Les conditions étaient très difficiles, et de nombreux décès ont été à déplorer. Mais il n’y a pas eu de politique d’extermination comme celle mise en œuvre par les occupants allemands et leurs supplétifs croates oustachis à partir de 1943.

Les parents de Monsieur Altaras étaient tous deux des partisans. Le père de Monsieur Altaras avait tout d’abord été déporté sur une île. Ils se sont mariés à Split en 1947.

Actuellement, la communauté de Split compte une centaine de membres. La Seconde Guerre mondiale et quarante ans de communisme ont porté un coup presque fatal à toute pratique religieuse juive en Croatie.

Malgré tout, la synagogue fonctionne toujours. Dépourvue de rabbin permanent, la communauté est plus traditionnelle que religieuse. Il n’y a qu’un seul rabbin pour toute la Croatie, localisé dans la capitale Zagreb, et qui fait régulièrement la tournée des communautés. Lorsque le rabbin est présent, les Juifs de Split, bien que non religieux, répondent présent. Ils lisent les prières en hébreu avec la translittération en croate. Il n’y a aucun restaurant ou épicerie cachère. Le dernier mariage juif à Split s’est tenu en septembre 2012, le précédent ayant eu lieu en 1943.

Il n’y a pas de manifestation d’antisémitisme en Croatie, en tout cas pas à la hauteur de ce que la presse rapporte sur d’autres pays d’Europe à l’occasion des évènements du Proche Orient.

Nous prenons congé de Monsieur Altaras, en le remerciant pour toutes ses explications et sa disponibilité pour notre visite. En sortant, nous croisons d’autres visiteurs français. V&PL♦

Pour en savoir plus

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