Les Amitiés judéo-chrétiennes, la fille ainée de l’Église, et l’UNESCO
Par Samuel Sandler
Discours de Samuel Sandler,
à l’Assemblée Générale Nationale des Amitiés Judéo Chrétiennes Versailles, le 5 Mai 2016
Mesdames les Présidentes,
Chers amis,
Permettez-moi de vous exprimer, mesdames les présidentes, ma gratitude pour l’honneur que vous me faites en m’accordant de prendre la parole en ce jour.
C’était hier…
Il y a une quarantaine d’années j’étais alors jeune ingénieur chez Safran à Bordeaux et, à la demande des Amitiés Judéo Chrétiennes locales, j’avais fait quelques exposés. A cette époque je n’avais pas bien saisi l’intérêt de cette association.
Pourquoi ?
De par mon éducation je faisais partie de la minorité juive en terre chrétienne.
Mes parents dirigeaient un restaurant universitaire casher en face du jardin du Luxembourg et, par commodité, nous habitions un hôtel voisin, l’hôtel Saint-Sulpice.
Entre le restaurant et l’hôtel, je côtoyais des gens de toutes les nationalités et de toutes les religions.
Visites de château et de cathédrales étaient de mise lors des rares moments de temps libre que s’accordaient mes parents.
France terre chrétienne, pendant la guerre ma famille s’était établie à Limoges
Mes grands-parents paternels trouvèrent accueil et refuge chez le curé de La paroisse, ma sœur Léa chez les bonnes sœurs.
Lier amitié entre chrétiens et juifs était pour moi des plus naturels. Je m’étais fait mienne, sans le savoir, la devise de Mahir Charleville ancien rabbin de Versailles :
« hors le temple et en dehors de nos
prescriptions religieuses
nous devons être confondus avec
nos concitoyens des autres cultes. »
Plus tard à Bordeaux, mais surtout à Versailles, je compris l’importance de notre association. Vivre ensemble c’est une chose, se connaître en est une autre.
J’ai admiré ces trente dernières années à Versailles la volonté le dévouement des présidentes successives quant à la qualité des intervenants. Elle a été pour nous tous d’un enrichissement incomparable.
Qu’en sera-t-il demain ? Je ne sais pas.
Permettez-moi de citer ma sœur aînée Léa : c’était dans les années de guerre à Limoges avant qu’elle trouve refuge chez les sœurs elle aimait lire ou acheter dans une librairie voisine un journal pour enfant « Les belles aventures » et dévorait celle des trois mousquetaires, les palpitantes aventures de cadets de Gascogne.
Et c’est là dans la rue, ce magazine à la main et en pensant sans doute à des nouvelles peut-être d’arrestations, avec ce mot étrange « rafles » qu’elle venait d’entendre à la maison, qu’elle se dit : « Tout ça n’arriverait pas si on avait un pays à nous. »
Maintenant une vieille dame, elle habite Jérusalem.
« Tout ça n’arriverait pas si on avait un pays à nous »
C’est certainement ce à quoi ma fille Jennifer devait penser en ce matin du jeudi 8 janvier 2015 quand les coups de feu qui venait d’abattre Clarissa Jean-Philippe résonnèrent dans son appartement de Montrouge.
Ma fille, marquée par l’assassinat de son petit frère Jonathan qu’elle aimait tant, et de ses deux neveux Arie et Gabriel, apprit quelques jours plus tard les intentions des terroristes de Charlie Hebdo et de l’hyper cacher de s’en prendre à une école juive de Montrouge.
École où sont scolarisés mes petits-enfants.
Depuis juillet dernier ma fille entourée de sa famille vie à Jérusalem.
Mes petits-enfants sont tous aujourd’hui à Jérusalem
Ont-ils enfin le droit eux aussi à vivre en paix ?
Je l’espère je n’en suis pas sûr.
Semaine dernière nous célébrions Pâque. En fin de la soirée du Seder, comme nous le faisons depuis deux mille ans, nous terminons en chantant avec ferveur et enthousiasme.
« L’an prochain à Jérusalem »…
Oui, mais reste-t-il quelque chose de Juif à Jérusalem ?…
Quelques jours plus tôt, l’UNESCO décrétait que le mur occidental du Temple faisait partie de l’esplanade des mosquées.
Comme le note le père Michel Remaud :
« L’un des sommets du pontificat de Jean-Paul II fut sans conteste son voyage en Israël au mur occidental du Temple. L’opinion aura retenu l’image du vieux pape appuyé sur sa canne et venant prier le Dieu d’Israël, le Dieu de nos pères, au lieu le plus saint de l’histoire juive. »
… Non déclare la France !
De par la volonté de l’UNESCO, le mur du Temple est palestinien, la France, fille aînée de l’Église approuva cette décision.
Nicolas Coustou, « Attributs de l’Ancien Testament », Chapelle Royale
A l’occasion d’une prochaine session pourquoi l’UNESCO ne demanderait elle pas :
De déboulonnerles statues des rois d’Israël de la façade de Notre-Dame de Paris?
de recouvrir d’un enduitles fresques de Saint-Symphorien à Versailles représentant l’Arche Sainte, le chandelier à sept branches?
de démonter, à la Chapelle Royale, le tétragramme en lettres d’or ornant le dessus de l’autel et de recouvrir le bas-relief représentant les dix commandements en hébreu, entourés des ustensiles de temple ?
Le vote de l’UNESCO est un vote de pur antisémitisme qui renie au peuple juif son histoire.
Je citerai pour conclure l’appel lancé par Jean-Christophe Rufin dans son rapport[1] sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme : « Ce serait une grave lâcheté que de laisser la communauté juive se débattre seule dans ces sables mouvants »
Aujourd’hui encore plus qu’hier, la communauté juive française a besoin de l’amitié judéo-chrétienne. Cette amitié sincère est sans faille. ♦
[1] « Chantier sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme », Jean Christophe Rufin, Octobre 2004. Lire/Télécharger ce rapport
Ce vote est une honte. Les autres pays européens n’ont pas voté ce texte. Les diplomates français auraient fait pression sur leurs homologues espagnols pour ne pas être le seul pays européen à voter pour avec l’Iran et autres pays démocratiques.
Il serait bien que nos amis chrétiens montent également au créneau pour dénoncer ce négationnisme historique, car sinon de ce fait Jésus n’aurait pas existé (il n’y a pas de temple ni de juifs…) jamais pu être présenté au temple ni chasser les marchands du temple…
Ce vote est une honte. Les autres pays européens n’ont pas voté ce texte. Les diplomates français auraient fait pression sur leurs homologues espagnols pour ne pas être le seul pays européen à voter pour avec l’Iran et autres pays démocratiques.
Il serait bien que nos amis chrétiens montent également au créneau pour dénoncer ce négationnisme historique, car sinon de ce fait Jésus n’aurait pas existé (il n’y a pas de temple ni de juifs…) jamais pu être présenté au temple ni chasser les marchands du temple…
J’aimeJ’aime