Par Andrée Saban
L’ACIV a offert le 29 janvier dernier, à un public venu nombreux, une soirée particulièrement intéressante à travers l’intervention de Monsieur Zeev Levy, professeur d’hébreu. Cet exposé avait pour thème : « Les 7 piliers de la langue hébraïque ». Dans une construction rigoureuse, nous a été présenté tout ce qu’il y avait d’original dans cette langue, par ses spécificités « uniques au monde ».
En voici l’essentiel :
Premier pilier
Importance capitale, primordiale de la racine de chaque mot, le fil conducteur étant la pensée. Les différentes déclinaisons des verbes (entre paal (פעל), piel (פיעל), etc..) reprenant les sept catégories verbales nous offrent une richesse de sens inséparables de la racine.
Deuxième pilier
Contrairement aux autres langues, les lettres hébraïques elles-mêmes nous parlent, chacune a un message, et l’on nous dit que le monde a été créé à partir de ces lettres. L’histoire de la lettre א « alef » nous invite à reconnaître son humilité, mais en même temps, si elle est la seule à ne correspondre à aucun son, elle est cependant chargée d’une spiritualité qui l’élève au dessus des autres lettres.
Troisième pilier
Le contenu sémantique autonome d’un mot : le mot a en lui-même son propre « signifié » (le mot אדמה « adama » par exemple qui signifie « terre » interroge sur la nature de l’homme : אדם מה « adam ma ? » = qu’est-ce que l’homme ?)
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Quatrième pilier
La polysémie : un même mot peut avoir plusieurs sens .Cependant il y a un fil conducteur, quelque chose de commun entre ces différents sens : le mot בריאה « bria » signifie « création » mais aussi « bonne santé » ; d’où l’idée que la création était « une bonne chose ».
Cinquième pilier
L’antonymie : le même mot contient deux « signifiés » opposés : ainsi, selon « une vision dialectique » peut apparaître ce qu’il y a de contradictoire, voire d’antagoniste dans un mot. (le terme נגד « negued » peut signifier à la fois « contre » et « pour », « en face de »… Selon la Bible, Dieu créa la femme comme aide pour- « negued »- l’homme, ou, autre interprétation, contre-« negued »- lui, selon le comportement de ce dernier….)
Sixième pilier
La permutation des lettres : on découvre le lien surprenant qu’il peut y avoir entre des mots différents mais constitués par les mêmes lettres, ces lettres se promenant à l’intérieur du mot, au gré du sens… (זר « zar »= étranger et רז « raz »= mystère… עברי « ivri » et ערבי « aravi »).
Septième pilier
La numérologie : chacun connaît ce « jeu » (la « guematria ») qui consiste à rapprocher des mots ou des expressions en fonction de leur équivalence numérique. Même si certains rapprochements sont étonnamment convaincants, l’orateur nous dit avec le sourire que cela peut donner lieu à des excès d’interprétation….
Précisons que de nombreux exemples précis et parfois surprenants viennent étayer chacun des points d’analyse.
Pour conclure, Zeev Levy insiste sur l’originalité de la langue hébraïque, en particulier sur le fait que ce langage a finalement une portée qui va bien au delà du mot stricto sensu, à savoir qu’il peut porter en lui la survie ou la destruction du monde, l’homme en étant le dépositaire…

Merci au conférencier de nous avoir fait partager sa passion pour cette langue toujours à découvrir, et à l’ACIV pour avoir organisé une telle réunion. AS♦
conclusion : apprenez l’hébreu, vos efforts seront récompensés
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