L’année 2020 a commencé par un feu d’artifice bien différent de celui auquel les Français sont habitués : dans la nuit du 2 au 3 janvier, le général Kassem Soleimani, commandant en chef des forces iraniennes al-Qods, a été abattu par les États-Unis lors d’une frappe chirurgicale, sur l’aéroport de Bagdad.
En France, Soleimani est devenu célèbre en mourant
Ailleurs, il était craint par tous les démocrates et tous les opposants (passés, présents, futurs et soupçonnés de le devenir) au régime des mollahs. Témoin la réaction des opposants syriens, qui n’ont pas caché leur joie : « ‘Soleimani était un tueur impitoyable. Il est rare que, dans une bataille d’ego, justice soit ainsi rendue par ricochet’ », écrit un opposant sur un groupe WhatsApp réunissant des activistes et des journalistes du monde entier (l’Orient le Jour). »
Hélas, cette réaction est celle qui eût dû embarrasser nos médias : nous, citoyens de la patrie des Droits de l’homme, sommes opposés à Bachar el-Assad, alias « le boucher de Damas » : « Après analyse des gaz employés, le 4 avril dernier, contre la population de Khan Cheikhoune, 88 morts dont 31 enfants, les services français ont conclu à la responsabilité directe de Bachar al-Assad (France Inter). » Nous devrions donc nous réjouir autant que les démocrates syriens. Sauf que la frappe qui a débarrassé le monde du bourreau iranien a été ordonnée par Trump. Donc c’est une mauvaise chose. Dilemme médiatique ? Nenni ! Il suffit de ne diffuser que les critiques contre Trump. D’accord, cela élimine celle des gens qui sont directement concernés, mais qu’est-ce qu’on en a à faire, nous, en France, des démocrates iraniens et irakiens ? Rien.
Aux USA aussi, l’important c’est le rose
Les Democrats, les élus américains opposés à Trump, ça, ça nous parle ! Surtout les antisémites avec lesquels, curieusement, nous sommes toujours d’accord. Rachida Tlaib et Ilhan Omar, par exemple : « La représentante d’extrême gauche Rashida Tlaib (D-MI) a attaqué le président Donald Trump vendredi pour avoir tué un terroriste iranien de haut niveau, responsable de la mort de centaines de soldats américains et de milliers de blessés. Tlaib a tweeté: ‘’ Nous ne pouvons pas garder le silence alors que ce président hors-la-loi nous rapproche imprudemment d’une nouvelle guerre inutile, qui met en danger des vies innocentes chez nous et à travers le monde. Seul le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre, et nous devons reprendre notre responsabilité et dire non à la guerre avec l’Iran (Dailywire)’’.»
Quant à sa complice en racialisme, Omar, elle a vu dans cette opération une simple diversion contre la procédure d’impeachment. Malgré la déclaration du ministère de la Défense, selon laquelle « le général Soleimani élaborait activement des plans pour attaquer les diplomates américains et les militaires en Irak et dans toute la région », elle a tweeté : « Et si Trump voulait la guerre, s’il savait que cela mènerait à la guerre et avait besoin d’une diversion ? La vraie question est : ceux qui détiennent l’autorité du Congrès vont-ils intervenir et l’arrêter ? Pour moi, la réponse est Oui (Dailywire). »
Précisions pour ceux qui refusent le daltonisme
On aurait pu espérer que la politique ne soit pas aussi politicienne outre-Atlantique que de ce côté-ci, mais on en sera quitte pour perdre encore un espoir. En effet, les démocrates ne sont pas tous aussi anti-Trump pavloviens que les dames de l’antisémitisme nouvelle vague, mais ils respectent la discipline du parti.
Ils la respectaient tout autant du temps d’Obama, en oubliant de remarquer que l’accord à sens unique qu’il avait conclu avec l’Iran n’engageait que sa personne privée et non la personne morale du pays, puisqu’il n’avait pas consulté le Congrès, les sondages lui ayant suffi pour savoir que l’autorisation lui en aurait été refusée.
Mesdemoiselles Tlaib et Omar n’étaient probablement pas nées à la politique quand le même président noir (synonyme : « parfait ») avait procédé avec Ossama Ben Laden comme son successeur avec Soleimani. Cela leur évite d’avoir à se contredire…
Tous les acteurs concernés ne le sont pas pareillement
Au Liban, on sait que les rapports affectueux de l’assassin iranien avec son bras armé local ne sont pas du goût de la population : «‘’Kassem Soleimani n’a jamais fait d’apparitions publiques au Liban, comme en Syrie et en Irak. Cela risquait d’embarrasser le Hezbollah qui aurait été acculé à faire face à une contestation virulente de la part d’une large frange de l’opinion publique’’, estime Hilal Khachan, professeur à l’AUB et spécialiste du Hezbollah. Avant son assassinat dans la nuit de jeudi à vendredi, Kassem Soleimani se trouvait vraisemblablement au Liban, où il aurait rencontré le secrétaire général du Hezbollah, avant de se rendre en Syrie, puis en Irak où il a été éliminé à son arrivée…(l’Orient le Jour) »
En France, certains sont directement concernés. Certain, au singulier, qui gagne sa vie avec opulence dans les dictatures pétrolifères, en délégitimant Israël, tout en prétendant être empêché de le critiquer, regrette la disparition d’une de ses âmes sœurs : « Il est sûr que Soleimani a beaucoup de sang sur les mains, mais… » Mais on sent bien que dans l’esprit (« esprit » ?) du directeur de l’Iris, tout n’est pas perdu et qu’il espère encore voir retomber son assassinat sur le nez des Juifs : « Oui cette frappe est une déclaration de guerre.[1] »
Chez Médiapart aussi, on regrette, mais plus discrètement, comme en témoigne l’élément mis en avant, à savoir que cet événement regrettable a pour origine l’homme le plus haï au monde : « Une frappe décidée par Donald Trump a tué le tout-puissant chef de la force al-Qods à Bagdad. Le stratège iranien de 62 ans était auréolé des victoires remportées contre l’État islamique en Irak et en Syrie. Téhéran promet de le venger. Jamais une personnalité de la République islamique d’Iran n’a joué, composé, écrit à ce point avec la partition de l’ombre et celle de la lumière. Il utilisait l’une et l’autre comme – on n’échappe pas à ce cliché – un chef d’orchestre (Mediapart). »
Quant au journal de référence dont s’enorgueillit la France, il ne cache pas son admiration pour le disparu. En témoigne cette description élogieuse, donnant l’impression que l’Amérique lui a rendu service : « Depuis quarante ans qu’il arpentait les terrains de guerres de la région, Ghassem Soleimani n’avait cessé d’exprimer son dégoût à l’idée de connaître une mort paisible, chez lui à Téhéran. L’un des hommes les plus puissants du Moyen-Orient, général iranien deux étoiles, patron des opérations extérieures de Téhéran au sein de la Force Al-Qods des gardiens de la révolution, a été abattu sur le sol de son premier conflit, en Irak. (…) Par la violence, par la patience et par un sens politique aigu, cet exécutant de la puissance iranienne a largement contribué à remodeler le Proche-Orient, en cimentant l’axe d’influence iranien de l’Irak à la Syrie et au Liban (le Monde). » Si on ne le sait pas avant de lire ce panégyrique, on ne peut pas deviner qu’il s’agit d’une brute épaisse qui tue des enfants, si ?
Deux médias francophones connaissent le sens du mot « info »
L’un est français, l’autre canadien. Félicitons donc Marianne et Dreuz de ne pas avoir plongé avec leurs confrères dans la soupe du antitrumpolitiquement correct. Les autres ont rivalisé de nombrilo-centrisme : Sur « la voix de la France officielle », alias FranceTvInfo, on cite François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran, qui s’indigne du manque d’égard montré par Trump pour le général : « C’est un militaire de haut rang qui est tué par un tir de drone comme s’il s’agissait d’un terroriste.» Une salve de 21 coups de canon eût, en effet, été plus respectueuse, mais comment qualifier autrement que de terroriste celui qui organisait l’assassinat de civils à grande échelle ? Dans le même article, un « spécialiste » Iris de l’Iran, Thierry Coville, estime que si Trump veut renégocier l’accord avec l’Iran, il s’y prend mal « en mettant une pression maximum sur l’Iran, c’est irréaliste » (France TV Info). La pression sur la Norvège eût été plus payante ? Mais non, qu’on est bête ! Il faut faire pression sur Israël !
La méthode « écouter TOUS les discours »
Marianne a utilisé une autre méthode que le recours aux affidés de l’Iris : elle ne s’est pas contentée des experts bien-pensants, elle a aussi interrogé des spécialistes qui pensent tout court… Des qui connaissent l’Iran et qui en parlent la langue. Ça peut aider. Cela a aidé Mahnaz Shirali, chercheuse iranienne à Sciences Po. Déjà sur son sentiment, en tant qu’Iranienne, qui diffère singulièrement du respect empesé montré par les « chercheurs de l’Iris », ceux qui cherchent, mais ne trouvent que leurs propres opinions. Elle, « ne peut que se réjouir de ce qui s’est passé. Je parle en mon nom mais je peux vous l’assurer aussi au nom de millions d’Iraniens, probablement la majorité d’entre eux : cet homme était haï, il incarnait le mal absolu ! Je suis révoltée par les commentaires que j’ai entendus venant de certains pseudo-spécialistes de l’Iran, le présentant sur une chaîne de télévision comme un individu charismatique et populaire. Il faut ne rien connaître et ne rien comprendre à ce pays pour tenir ce genre de sottises. Pour l’Iranien lambda, Soleimani était un monstre, ce qui se fait de pire dans la République islamique (Marianne). »
Ça alors, les Iraniens considèrent comme un monstre un type qui a comme gagne-pain d’exterminer des civils ? Vraiment, vraiment, ils ne savent pas que Trump est responsable de tout ce qui va mal ? Réponse : « Il a considérablement affaibli ce régime, comme jamais auparavant, et peut-être même a-t-il signé leur arrêt de mort. Nous verrons. Lors des manifestations populaires, à Téhéran et dans d’autre villes, les noms de Khameini, de Rohani, de Soleimani étaient hués. Il n’y a jamais eu de slogans anti-Trump ou contre les États-Unis. »
Et il n’est pas interdit de penser « en-dehors de la boite »
C’est ce qu’a fait un analyste de Dreuz, sous le pseudo d’Hélios d’Alexandrie, qui voit, dans l’élimination du numéro 2 iranien, un plan plus vaste : « un règlement de compte longtemps dû, Souleimani et les gros bonnets terroristes éliminés avec lui étaient certes responsables de la mort de plus de six cents soldats et civils américains, principalement au Liban et en Irak ; cependant l’objectif principal de l’opération était de faire échec au plan stratégique des dirigeants iraniens. »
Ce n’est pas ce nigaud de Trump qui aurait été manipulé par les militaires de la Perse, pourtant berceau de l’intrigue, mais l’inverse. Une hypothèse impossible à envisager pour qui ne lit que la presse hexagonale et qui est donc convaincu que le président américain a un QI inférieur à celui d’une amibe. Pourtant, on doit se rendre à l’évidence : la guerre d’usure, menée par les mollahs pour mobiliser les idiots utiles américains contre leur adversaire, a échoué.
Trump a attendu le bon moment, sans céder aux escarmouches de provocation et quand il a frappé, il a fait coup triple : non seulement Soleimani, mais « Abu Mahdi al Muhandess le chef des milices irakiennes et l’ennemi numéro un des Américains en Irak se trouvait à ses côtés, comme Naem Quassem l’ennemi numéro deux des israéliens au Liban. Le tableau de chasse compte d’autres figures, moins importantes mais néanmoins significatives. (…) Du coup les pasdarans perdent un commandant expérimenté et charismatique, les milices pro-iraniennes leur chef dévoué corps et âme à la cause des mollahs et le Hezbollah libanais le chef adjoint après Hassan Nasrallah. »
Profil baba cool
En France, les démocrates, qui voient dans cette victoire américaine un encouragement pour la jeunesse iranienne à se révolter contre les mollahs afin de recouvrer la liberté, ont intérêt à faire profil bas : dans notre pays, il est bon de passer pour droit-de-l’hommiste, mais toute démocratie bue, on préfère l’échec d’une révolution populaire à la victoire d’un salaud de machiste blanc !
N’oublions pas que, du temps de Saddam Hussein, les Français étaient persuadés que les Etats-Unis n’en avaient que pour le pétrole irakien (dont nous étions, en réalité, quasiment les seuls bénéficiaires) et qu’un tiers d’entre eux espérait que le dictateur vaincrait l’Hyperpuissance (Voir notamment Le Devoir).
La collaboration n’a pas pris fin avec la seconde guerre mondiale. LM♦
Liliane Messika, MABATIM.INFO
[1] Pour Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, « la frappe américaine ne sera pas sans conséquence. » (YouTube)
La majorité des médias français semble en deuil. Idem pour les démocrates et gauchistes de tous poils…
Je pense que pour mieux exprimer leur chagrin, ils devraient reprendre en cœur, la chanson de Nicoletta :
« Il est mort, il est mort le soleil ».
Cette chanson devrait être maintenant l’hymne à lui dédier. Le panégyrique mystifié et imposteur, est d’autant mieux et davantage chanté ; carrément même seriné depuis sa mort… surtout parce que, selon eux, cela pourrait nuire à Trump …
Oui, c’est vrai, le ridicule ne tue pas ! Je pense même que plus ces comiques font les bouffons, plus ils deviennent caricaturaux et grotesques…. Et plus ils s’acharnent à démontrer qu’ils adorent s’ébattre béatement dans la fange du marécage puant de leur marais idéologique.
Parterre idéal pour leurs comédies fantasmées, qui facilite les jeux de scènes les plus délirantes.
Ils baignent avec bonheur dans la fosse aux serpents.
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