Égaux devant la mort mais pas devant les médias
Le 9 août 2020, un petit Américain de cinq ans, qui faisait du vélo en compagnie de ses sœurs de sept et huit ans dans son jardin en Caroline du nord, a été abattu d’une balle dans la tête à bout portant par un voisin.
Ce fait-divers douloureux n’aurait aucune raison de se retrouver en Une des quotidiens français et, d’ailleurs, il ne s’y trouve pas. Ni en dernière page. Le petit Cannon Hinnant, qui allait rentrer à l’école maternelle la semaine suivante, n’a été mentionné, jusqu’à présent (24 août) que par un magazine de la fachosphère hexagonale, dix jours après les faits (Valeurs Actuelles).
A contrario, la Une de 20 minutes du 24 août 2020 titre : « États-Unis : Un policier tire sept fois à bout portant dans le dos d’un homme noir » pour un crime qui s’était produit la veille.
Le fin mot de l’histoire, c’est que le gamin de Caroline du nord est blanc, alors que l’adulte du Wisconsin, Jacob Blake, est noir.
D’après les témoins de la scène, le petit cycliste blanc a été tué dans son jardin par un voisin noir, qui avait déjà été condamné pour des faits mineurs (vol d’armes à feu, possession de drogues, etc.) et qui s’est enfui aussitôt en voiture, avant d’être rattrapé par la police et mis sous les verrous.
Le père et la grand-mère de l’assassin ont pris les devants en affirmant qu’ils « ne pensaient pas que le meurtre avait été provoqué par une motivation raciale (Washington Post). »
Dans le Wisconsin, on ne sait pas ce qui a provoqué le tir de sept balles dans le dos d’un père de famille noir par un policier blanc. « Certains médias avancent que Jacob Blake interrompait une bagarre au moment où les policiers sont arrivés, tandis que d’autres ont expliqué qu’il tentait de pénétrer dans un véhicule garé (20 Minutes/AFP). » Quelle que soit la raison alléguée, rien ne peut excuser sept balles, a fortiori dans le dos.
Pour éviter tout malentendu, une précision : si la réactivité des médias à nous informer de ce scandale est admirable, on serait fondé à s’étonner de l’omerta qui frappe d’autres événements similaires.
Médias d’information et médias de conviction
Les médias du XXIe siècle sont tous diffusés sur le Net en 16,7 millions de couleurs différentes, mais les articles sont majoritairement écrits en noir et blanc bien tranchés.
Circonstance aggravante, le père de famille noir a été tué par un policier. Il est troublant qu’on ne trouve que des circonstances atténuantes quand l’assassin est noir.
Autre affaire, à Aurora, dans le Colorado. Le 25 août 2020, un trentenaire noir, Steve Sinclair a grièvement poignardé un Blanc promenant son chien, après avoir indiqué « je vais vous crever, toi et ton chien » et crié à plusieurs reprises : « Black Lives Matter ». Ce slogan, qui signifie littéralement « les vies noires comptent » est l’équivalent black de Allahu Akbar (Allah est le plus grand) : il signe la supériorité de la cause pour laquelle le djihadiste/combattant/forcené s’en prend à « l’ennemi ».
Vraisemblablement motivé par un espoir de gloire posthume, Sinclair (qui changerait certainement de patronyme s’il connaissait le sens du sien en français) a demandé aux policiers venus l’arrêter « de lui tirer dessus » et devant leur refus, au moins d’user de leur Taser. Cela n’a, finalement, pas été nécessaire et il a été arrêté pour tentative de meurtre raciste (CBS Denver).
En France, il aurait été estimé trop fou pour être jugé ou peut-être aurait-il été élevé à la dignité de héros, car ce n’est pas de sa faute si le racisme systémique des policiers les a empêchés de le tuer, pour ne pas obéir à un Noir !
Lorsqu’on fait une recherche en français sur Google, la seule mention du nom de Steve Sinclair date du 29 août et concerne un entrefilet sur le forum d’un site consacré aux jeux vidéo.
Dis-moi qui tu tues, je te dirai si tu es héros ou coupable
Le meurtre du petit Cannon Hinnant n’a atteint un média d’audience nationale que deux jours après les faits, et encore, dans un titre britannique : le Daily Mail. Aux USA, seul Fox News, qui a la réputation sulfureuse de ne pas être de gauche, a réagi rapidement.
Jason Howerton, rédacteur en chef de The Blaze, un média américain qui touche chaque mois plus de 165 millions d’internautes et qui se définit comme « résolument pro-américain et pro-liberté d’expression (Blaze) », a fait une recherche du nom du petit garçon sur Twitter. Il a eu zéro résultat sur les sites web des plus grands médias télévisuels (ABC, CBS, CNN, MSNBC). Idem sur les principaux titres de la presse écrite (New York Times, Washington Post, Newsweek, Time Magazine…)
CNN a publié un bulletin le 14 août et, si la plupart des confrères a suivi, le New York Times, qui est au politiquement correct ce que Le Monde est à la Pravda, une copie conforme, a attendu deux semaines, jusqu’au 23 août (New York Times).
Ce qui va sans dire va encore mieux en le précisant : le meurtre du petit garçon n’a donné lieu qu’aux pleurs de sa famille. En revanche, l’assassinat de Jacob Blake par un policier a provoqué de nombreuses manifestations violemment antiblanches.
Nous intéressant à l’aspect médiatique de ces événements, nous ne pouvons manquer de remarquer que la dépêche AFP reçue par les médias français, précisait : « Ben Crump, un avocat des droits civiques, a affirmé que les trois fils de Jacob Blake se trouvaient dans la voiture, et que la victime tentait de s’interposer dans une dispute entre deux femmes. ‘’Ils ont vu un policier tirer sur leur père. Ils seront traumatisés à vie’’, a-t-il affirmé sur Twitter. L’avocat représente la famille de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié à Minneapolis le 25 mai par un policier blanc, et dont la mort avait déclenché des manifestations antiracistes à travers les États-Unis et le monde. »
« George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié à Minneapolis », ça vous a un petit air de « Adolf Hitler, un quinquagénaire autrichien, suicidé le 30 avril 1945 » … Quant aux manifestations, il faut être l’AFP pour les trouver « antiracistes » quand elles accusent tous les policiers de racisme (même les Noirs), et font de tous les blancs des coupables, d’où qu’ils viennent, quoi qu’ils pensent et quoi qu’ils fassent.
Pendant ce temps-là, dans l’Hexagone de Marlène Schiappa
« Le calvaire vécu par une jeune femme de nationalité bosniaque âgée de 17 ans, violentée et tondue ce lundi à Besançon par sa propre famille, a été relayé par de nombreux médias étrangers, suscitant de vives réactions à travers le monde. Tous insistent sur la dimension religieuse de ce passage à tabac, évoquée par le parquet bisontin (Est Républicain). »
À l’international, on en a parlé, sans passer sous silence la motivation islamique du forfait. En France, la fachosphère (tout ce qui n’est pas à gauche de L’Obs) a repris l’info. Mais pas seulement ! Le Monde lui-même l’a évoquée, avec les précautions d’usage : « En dépit des tensions restées vives entre communautés de l’ex-Yougoslavie, la relation entre deux jeunes gens, un garçon serbe de 20 ans et une adolescente bosniaque de 17 ans, n’avait jamais paru poser problème à leurs familles, installées à Besançon. Tous résident dans le même bâtiment des Clairs-Soleils, un quartier à forte population immigrée (le Monde). »
On traduit pour les Martiens de passage : il aurait été normal que des jeunes gens issus de communautés antagonistes (qui ont été séparées dix ans avant leur naissance) soient agressifs l’un envers l’autre. Mais comme ceux-là habitaient dans un quartier à forte population immigrée (synonyme : le vivre-ensemble est une panacée), il n’y a jamais eu de problème.
Sauf qu’il y en a eu un, et d’une taille telle que même la presse internationale en a parlé. D’autant qu’une procédure d’expulsion de la famille était en cours, qui a été interrompue pour cause de Covid. Alors le quotidien de référence de la bien-pensance ne nous explique pas pourquoi, dans ce climat idyllique, dès qu’il a été question de mariage, « tout a basculé. »
France – Suède : même silence
Pour apprendre ce qui est arrivé à deux adolescents suédois, quand on ne parle pas la langue de Stieg Larsson[1], il faut recourir à des sites « communautaires » français ou parler allemand. On peut aussi se faire traduire l’article allemand par Google :
« Un véritable acte d’horreur s’est produit en Suède samedi dernier : deux jeunes hommes âgés de 18 et 21 ans, ont violé et frappé deux jeunes mineurs dans un cimetière de la ville de Solna pendant plusieurs heures, les pillant également. Ils ont ensuite enterré vivants les deux garçons et les ont laissés à leur sort. Les jeunes n’ont été sauvés que parce qu’un promeneur est passé et a appelé la police.
Les deux suspects, actuellement en garde à vue, seraient un Iranien et un Arabe. À l’origine, ils voulaient vendre de la drogue aux deux mineurs rencontrés dans le centre-ville peu après 23 heures. Lorsque les jeunes ont refusé, leur calvaire a commencé, qui devait durer plus de dix heures (Kronen Zeitung). »
Il y a obèse à parier que si les deux ados avaient été noirs, Mélenchon et Royal Ségolène auraient convié les médias à les regarder s’agenouiller dans un cimetière parisien pendant 10 heures… euh, disons dix minutes, pour commémorer le martyre des gamins.
Mais il s’agissait de blancs, donc silence. En revanche, « Des manifestants sont descendus dans la rue, ce vendredi soir à Malmö, dans le sud de la Suède, pour protester contre des sympathisants d’extrême droite qui ont brûlé un Coran. Des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre, faisant plusieurs blessés, a annoncé la police, ce samedi. Entre dix et vingt manifestants ont été interpellés avant d’être « tous relâchés », a indiqué Patric Fors, le porte-parole de la police (20 Minutes/AFP) »
De même qu’un escroc catholique ou athée est un escroc, alors qu’un escroc juif est un juif, un assassin blanc est un raciste, un assassin noir et un agresseur musulman sont des victimes et une victime blanche est invisible. LM♦
Liliane Messika, MABATIM.INFO
[1] L’inoubliable auteur de Millenium.
Ouh là! Faut pas compliquer les lignes éditoriales des rédactions main stream. Liliane Messika n’est pas une âme charitable. C’est vrai à la fin: c’est quoi ces pinailleries? On a un schéma bien peinard, des cases bien rangées et voilà-t-y pas qu’une obscure éditorialiste de Mabatim vient perturber nos siestes en prétendant noir sur blanc (Euh… pardon sombre sur clair) qu’on serait tous des fainéasses formatées dans les écoles de journalisme alors qu’on a notre carte professionnelle, nous, et elle pas! Non, mais!
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Même schéma comportemental envers les juifs face aux musulmans avec puissance dix pour les juifs d’Israel face aux Palestiniens.
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