Israël est-il vraiment le laboratoire du monde ?

Pierre Lurçat vient de publier Seuls dans l’Arche ?

Il y a plusieurs façons de lire un livre. Marc-Alain Ouaknin a même soutenu que le lecteur y est pour autant que l’auteur. En effet, l’intérêt de l’étude du Talmud n’est-elle pas, avant tout dans les commentaires ?

Il y a pourtant des gens qui lisent le texte avec les yeux, sans y toucher, sans se risquer à l’interpréter. Ils ont l’intention religieuse, mais la pratique plutôt idolâtre qui fait prendre la lettre pour l’esprit.

Et puis, il y a les traducteurs : traduttore, traditore ?

Entre les deux, dévorent les lecteurs avides d’apprendre, de se remémorer et d’approfondir, qui soulignent, surlignent, reviennent sur leurs pages, repartent le long du fil du raisonnement, ou inventent des idées buissonnières…

Seuls dans l’Arche ?, sous-titré « Israël, laboratoire du monde » sans point d’interrogation, ne compte qu’une centaine de pages (123, pour être précis), mais il fait partie des ouvrages dont l’épaisseur se mesure à la réflexion qu’ils inspirent et non au poids du papier.

Que l’on soit en accord avec l’approche transcendantale de l’auteur ou que l’on se sente étranger à la dimension religieuse de sa sensibilité, on trouve dans ce livre largement de quoi nourrir son aspiration intellectuelle. Les anglophones parlent de « food for thought », de nourriture pour la réflexion. Quand on lit ces chapitres, l’appétit vient en mangeant.

Objets et sujets

Le virus, l’écologie, les réseaux sociaux, l’Homme et les humains trop humains, le complotisme et plus, car affinités, sont passés à la moulinette d’une réflexion originale et offrent au lecteur l’occasion de se poser et de s’interroger, dans l’urgence d’une pandémie, mais dans une situation de confinement qui élude la vélocité habituellement caractéristique de notre monde stressé.

En effet,

« Confinés depuis un an dans l’Arche de la pandémie, nous attendons d’entrevoir la colombe porteuse de la feuille d’olivier, qui annoncera la décrue, puis la fin du Déluge et le retour sur la terre ferme et chaleureuse, augurant d’un nouveau départ pour une humanité plus juste et plus confiante »,

explique l’auteur.

On a eu du mal à prendre au sérieux le Président de la République quand, il y a un an, il a déclaré que l’après virus ne serait pas comme l’avant. Pourquoi du mal ? Parce que « en même temps », il montrait simultanément des signaux contradictoires.

Pierre Lurçat est plus crédible, dont la réflexion n’est pas celle de la Castafiore, si belle en son miroir, mais celle du juste qui cherche en suivant le conseil de Rabbi Nahman de Bratslav :

« Ne demande pas ton chemin à un qui le connaît : tu risquerais de ne pas te perdre ».

Des chapitres à picorer

La structure du livre ne fait pas apparaître une arborescence hiérarchisée, mais une suite de thèmes qui occupent souvent la Une des journaux par des affirmations ou des imprécations, comme autant de slogans, mais sans les indispensables démonstrations : le traitement de la pandémie, le rôle de l’État, l’écologie et ses dérives, Socrate ou le Talmud ?, les médias sociaux et la propagande, l’infantilisation du monde et le délitement de la pensée…

Il y a même un chapitre qui compare la Couronne d’Angleterre avec le Livre des Rois juifs ! Où l’auteur va-t-il chercher une telle inspiration ?

« Certains chapitres m’ont effectivement été inspirés par des événements particuliers : pour le chapitre 10, il s’agit de l’épisode du couronnement d’Elizabeth II, dans la série « The Crown ». »

C’est en effet d’actualité, puisque le Prince Philip est décédé très récemment (9 avril 2021), à quelques semaines de son centenaire. Mais ce n’était pas à l’ordre du jour quand ce chapitre a été écrit, alors quoi ? Réponse :

« C’est plutôt une réflexion sur l’aspiration au sacré. Dans un monde où il a été chassé de la vie publique, il réapparaît sous des formes diverses et parfois monstrueuses, comme le djihad. La seule manière d’y répondre effectivement consisterait à réinvestir l’espace politique et social en y réintroduisant cette dimension. L’humain a besoin de grandeur et de rituels ! »

Un fil conducteur pour une réflexion qui passe par l’ADN d’Israël

Vu le nombre et la variété des sujets traités, on peut se demander s’il s’agit d’un recueil d’articles. Quand on pose la question à l’auteur, il répond par la négative :

« C’est plutôt un livre écrit sous forme de feuilleton, durant la première année du Covid, de mars 2020 à mars 2021. Le projet initial était de mener une réflexion plus philosophique, sous forme d’essai aux sources d’inspiration multiples (juives et non juives, poétiques et philosophiques, etc.) »

Mais qu’est-ce qui l’a guidé, dans ses choix, dans ses développements, dans ses conclusions ?

« Le fil conducteur est double : d’une part, une réflexion quelque peu désabusée sur l’état de la société en Occident et ailleurs, vu le rôle néfaste des médias sociaux pour l’intelligence humaine et d’autre part, la conviction que l’État d’Israël représente un espoir pour l’humanité et une source d’inspiration.
C’est dans ce double état d’esprit – à la fois pessimiste et optimiste – que j’ai écrit ce livre. La conclusion, qui donne son titre au livre, était à cet égard une surprise extraordinaire, qui a confirmé mon optimisme. Initialement, j’avais pensé intituler le livre ‘’Repenser l’homme pour refonder le monde après le Coronavirus’’. »

Parenthèse désenchantée

La comparaison entre la parenthèse de la Covid et l’Arche de Noé ne manque pas de pertinence : nous n’avons pas idée du temps que prendra cette période d’abstinence du social, ni des conditions exactes de sa genèse. Au commencement était le pangolin ?

La pandémie aurait dû nous donner un temps de réflexion pour réinitialiser nos priorités, mais l’homme contemporain semble plus occupé à chercher des responsables que des solutions. En l’absence que déplore Lurçat du sacré, la science a été installée sur l’autel du veau d’or.

Hélas, les prophètes sont nombreux et se contredisent. La première branche d’olivier pourrait bien s’appeler Pfizer, ou Moderna et la première nation prête à accoster au rivage du pays du lait et du miel y est déjà réinstallée depuis 72 ans.

Pour autant, la quête de transcendance n’est pas satisfaite. Dans Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas persiflait :

« L’homme ne sera parfait que lorsqu’il saura créer et détruire comme Dieu. Il sait déjà détruire, il a fait la moitié du chemin. »

C’est loin de combler Lurçat, qui voudrait que l’on « réenchante l’espace politique, sans sacrifier les acquis de la démocratie » et que l’on redonne « “corps” au politique sans, pour autant, abolir l’espace privé et la liberté de penser. »

Cet optimisme, venant d’un ashkénaze, est à souligner. D’autant qu’on aurait plutôt tendance à faire confiance à Winston Churchill. Il savait, lui qui n’était même pas juif, que

« les hommes trébuchent parfois sur la vérité, mais la plupart se redresse et passe vite son chemin, comme si rien ne lui était arrivé. » LM♦

Liliane Messika, MABATIM.INFO

Seul dans l’Arche ? À acheter de toute urgence ici et à lire len-te-ment pendant qu’on peut encore profiter du temps du confinement.


Lire les articles de Pierre Lurçat
dans MABATIM.INFO

2 commentaires

  1. « La première branche d’olivier pourrait bien s’appeler Pfizer, ou Moderna et la première nation prête à accoster au rivage du pays du lait et du miel y est déjà réinstallée depuis 72 ans. » écrivez-vous ; je vous invite à vous informer auprès de la généticienne Alexandra Henrion Caude sur les d’Angers que nous font courir les vaccins à ARNm ; nous avons par ailleurs un très bon article et de multiples témoignages selon lesquels nous avons été réduits au rang de cobayes par l’industrie pharmaceutique, ces injections étant au stade probatoire jusque 2022 voire 2024 et n’ayant reçu qu’une mise sur le marché conditionnelle. Enfin nous savons que le pass sanitaire est la première étape de la mise en œuvre d’une hyper surveillance de la population sur le modèle chinois. Pourquoi se voiler la face et accepter cette dérive monstrueuse ?

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