Hamas : Yahya Sinwar a-t-il reçu l’immunité de facto d’Israël ?

Source : Yoni Ben Menahem,
News 1 3/6/2021

Le chef du Hamas Yahya Sinwar provoque Israël, en profitant de la situation politique sensible et du fait des pourparlers délicats pour consolider le cessez-le-feu, afin d’échapper à une élimination ciblée par Tsahal.

De hauts responsables en Israël affirment que Yahya Sinwar ne bénéficie d’aucune immunité contre une possible élimination ciblée, lequel, par son comportement arrogant, défie Israël. On rappelle qu’un ancien haut responsable du Jihad islamique, Baha’u Abu Alta Asher, de part ses vantardises et provocations, entre autres, a été éliminé par Israël.

Lors de l’opération « Gardien des remparts », Israël a tenté d’éliminer Yahya Sinwar à deux reprises. Une fois en bombardant sa maison et l’autre en visant un véhicule censé le transporter. Les deux tentatives ont échoué. Cependant, d’après les cercles bien informés et malgré l’accord de cessez-le-feu, la décision de le neutraliser n’a pas changé. Elle dépend d’un renseignement « béton » des services secrets et de l’opportunité opérationnelle. Du point de vue d’Israël, Yahya Sinwar est, avec une « cible dans le dos », un mort en sursis.

Yihliya Sinwar, qui figure en tête de la liste des cibles d’Israël, a fait ostensiblement plusieurs apparitions publiques. Il a été photographié dans les rues de Gaza, serrant les mains des habitants, puis toujours devant les caméras, il a rendu une visite de condoléances au domicile de Bassem Issa, le général de brigade de la bande de Gaza, éliminé par Tsahal par un tir chirurgical sur sa voiture, lors de la confrontation du mois dernier. Le 26 mai, en compagnie d’Abu Obeida, un porte-parole de la branche armée du Hamas, il a convoqué une conférence de presse en direct et, par provocation, il a défié Israël de l’éliminer.

« Le plus beau cadeau que l’ennemi puisse me faire est de me tuer. Ensuite, je viendrai à Dieu guidé par sa main. J’ai 59 ans aujourd’hui. Mourir d’un missile ou d’un F-16 est tellement plus noble. », a déclaré Sinwar, et de rajouter : « vous (Israël) savez où je vis et je vous attends. Je rentre chez moi par les rues de Gaza, Israël a une occasion en or de m’éliminer ».

Yahya Sinwar a diffusé une photo surréaliste de lui-même, assis sur un canapé dans son bureau en ruine, où il a été photographié en train de serrer dans ses bras le chef du renseignement égyptien, le général Abbas Kamel.

Yahya Sinwar profite de l’initiative intensive égyptienne, soutenue par les administrations Biden, l’UE et l’ONU, qui, exploitant une instabilité électorale en Israël, voudraient parvenir à un cessez-le-feu durable (houdna) entre Israël et le Hamas. De hauts responsables politiques israéliens disent que Yahya Sinwar met à profit la période israélienne, politiquement indécise, pour narguer Tsahal, en créant de facto, une immunité contre son élimination physique, supposant à tort que l’armée a « les mains liées » par l’échelon politique, paralysé par d’éventuelles réactions de la communauté internationale, qui ne manquera pas d’accuser Israël d’avoir torpillé le cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Un autre haut responsable de la sécurité estime que l’assassinat de Yahya Sinwar, maintenant, déclencherait une énième guerre entre Israël et le Hamas et ruinerait les efforts dans les négociations pour la libération des prisonniers et des dépouilles de soldats de Tsahal détenus par le Hamas. Par conséquent, dit la même source sécuritaire, restons patients car tôt ou tard, Israël soldera ses comptes avec Yahya Sinwar. Des sources bien informées soutiennent que le chef du renseignement égyptien, le général Abbas Kamel, a personnellement averti Yahya Sinwar que la continuation de ses provocations vis-à-vis d’Israël, affecterait gravement les contacts pour pérenniser le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Il y a environ deux mois, lors des élections internes à la direction de la branche militaire du Hamas, après trois tours de scrutin laborieux, Sinwar a perdu au profit de son rival Nizar Awadallah. Par conséquent, dans son esprit, ses bravades envers Israël devraient réhabiliter sa position dans le Hamas. Au quatrième tour (les statuts du mouvement terroriste sont tout sauf transparents), et après un accord politique de circonstance avec un autre candidat qui lui a offert ses voix, Sinwar a gagné malgré une sourde opposition. Cette opposition, qui ne dit pas son nom, reproche à Sinwar, non seulement que la guerre contre Israël, à son initiative, n’a pas amélioré le sort des Gazaouis mais, que le cessez-le-feu conclu à la hâte, témoigne d’une perte de désir de Sinwar de lutte armée « jusqu’à la mort, contre l’ennemi sioniste honni ».

Il faut se souvenir qu’en 2018 Sinwar, durant deux ans, a dirigé la campagne « La Marche du retour » à la frontière de la bande de Gaza. Cette campagne a lamentablement échoué et a fait plusieurs dizaines de tués chez les Palestiniens. Devant cet échec, car aucun des objectifs n’a été atteint, et sévèrement critiqué, Sinwar a été contraint d’arrêter cette campagne. Par conséquent, il est très important qu’Israël agisse avec discernement et laisse Yahya Sinwar dans son viseur, jusqu’à ce que le bon moment se présente pour l’éliminer. Ce moment se rapproche, car de sérieux problèmes dans la stabilisation du cessez-le-feu apparaissent selon les dires du chef du renseignement égyptien Abbas Kamel : Tsahal exige que les négociations d’échange de prisonniers et disparus soient liées aux pourparlers concernant la reconstruction de Gaza, ce dont le Hamas ne veut pas entendre parler. Par ce biais le Hamas pourra maximaliser et durcir les conditions de libération de centaines de terroristes emprisonnés en Israël. En cas d’impasse dans les pourparlers, il est tout à fait concevable que le Hamas reprenne ses tirs de roquettes, afin de faire pression sur Israël pour qu’il accepte ses exigences. EG♦

Édouard Gris, MABATIM.INFO
Traduction et adaptation

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