
Tout au long de mon enfance, mon adolescence et ma maturité, la musique classique a joué un rôle primordial dans mon existence. Je me souviens surtout avoir écouté avec adoration les belles œuvres des grands compositeurs sans réellement prêter attention à leur biographie. Il faut dire que le temps nous manquait toujours et que la course pour la survie dans un monde en perpétuelle effervescence nous laissait peu l’occasion de nous pencher sur les vies de ces compositeurs.
Je n’ignorais pourtant pas que leur majorité était d’origine juive. Quelle fut donc ma surprise lorsque par pur hasard la sépulture de Félix Mendelssohn sauta à mes yeux :

L’énorme croix sur sa tombe m’invitait à lire sa biographie et celle de ses parents. Ils étaient juifs, en effet, comme leur nom de famille l’indiquait.
Wikipédia : Le grand-père, Moses Mendelssohn, célèbre philosophe et rabbin, inspirateur (sans en être fondateur) du judaïsme réformé a acquis, par lettre royale, pour lui et sa famille, des droits civiques, auxquels les juifs n’avaient normalement pas accès. Cela lui permet de s’allier, par mariage, au milieu des affaires. Abraham, le père de Felix, est un banquier berlinois prospère, qui finit par convertir sa famille au luthéranisme.
Comment ne pas discerner dans sa musique – surtout dans son concerto pour violon, son agonie, sa lancinante torture à travers ses notes flûtées… Je me demandais pourquoi j’étais toujours en larmes après l’avoir écouté.
Était-ce à cause de la mort de sa femme, qu’il joignit de très près à l’âge de 38 ans ? Ou bien était-ce ce tourment d’avoir été contraint de porter une peau d’âne pour camoufler sa judéité ?
Mais n’était-ce pas là le courant principal qui traversait la majorité des juifs d’Europe ? Une intégration qui ne se contentait pas d’accepter une culture, un régime, mais aussi contraignait à se destituer de ses racines juives, de sa foi, de son identité pour ne pas dénoter, pour ne pas être mis au ban, être exclus et surtout satisfaire cette prétendue noblesse qui se fardait de fausses revendications…
Beaucoup de juifs d’Europe se sont affublés d’une peau d’âne pour être admis dans le cercle élitiste des goyim.
L’absurde est que toutes les religions ont un DIEU commun, sous des noms différents. JEHOVA, LE SAINT ESPRIT, ALLAH… ce qui rend toute conversion ou dénigrement ridicule. La vénération et les éléments accompagnateurs éclipsent la raison, éclipsent la logique qui fait de nous des frères – et c’est bien ce que nous sommes, en vérité.
Nous avons créé des barrières meurtrières qui n’ont rien à voir avec la foi, avec les lois Divines, avec l’humanisme.
Une phrase émise par la sœur de Félix Mendelssohn a remis les aiguilles à leur place :
« Felix ne renonce pas au nom de Mendelssohn, comme le lui demande Abraham, mais, par respect pour son père, signe ses lettres et fait imprimer sur ses cartes de visite ‘’Mendelssohn Bartholdy’’ ».
La même année, sa sœur Fanny lui écrit à propos de
« Bartholdy […] ce nom que nous détestons tous ».
Le génie qui avait écrit à l’âge de douze ans son premier opéra, les Deux Précepteurs, souffrait sans doute de cette peau d’âne dont ses parents l’avaient affublé. Et comme tant d’autres qui refusent de la rejeter afin de ne pas dénoter, ou alors de jouir de quelques atouts ridicules et vains que les goyim leur balancent avec nonchalance. Ces juifs vivront le calvaire de la renonciation, de la substitution de leur identité dont ils ne se débarrasseront jamais, puisque « juifs renégats ou convertis », s’étaient retrouvés ensembles dans les camps de concentration nazis.
Aujourd’hui, ce maléfice se répète en Israël, qui comme par le passé, a oublié ses promesses faites aux pieds du mont Sinaï.
L’Europe et l’Occident les attirent, les envoûtent et les incitent à les dupliquer… même au prix de s’affubler d’une peau d’âne. TZ-D♦

Thérèse Zrihen-Dvir, le Blog de Thérèse