Pierre Legendre, un grand penseur de la filiation, méconnu en France

Photo : Hannah Assouline

[24 mars 2023]

Pierre Legendre fut professeur de droit (agrégé de droit romain et d’histoire du droit.) Il fut aussi psychanalyste. Il vient de disparaître à l’âge de 92 ans. « Il a produit une œuvre importante sur les fondements du droit, le phénomène religieux, la filiation et la généalogie »1. Sa pensée, originale et féconde, est malheureusement méconnue du grand public en France. Il est vrai qu’il allait à contre-courant de notre époque !

En ces temps de pulvérisation des fondements culturels et symboliques de notre civilisation occidentale, et Française en particulier, je voudrais, non en spécialiste, mais en simple lectrice de la pensée de Pierre Legendre, souligner l’importance de son œuvre qui, depuis des années, nous met en garde contre la destruction des fondements civilisationnels qui permettaient à nos sociétés occidentales et singulièrement à la France, de vivre, de se reproduire, de créer, de mourir sans euthanasie obligée…

Dans « La fabrique de l’homme occidental2» Pierre Legendre pose d’entrée de jeu la question fondamentale :

« Au nom de quoi peut-on vivre ? C’est-à-dire, pourquoi vivre ? Oui, pourquoi ? Il n’est au pouvoir d’aucune société de congédier le « pourquoi ? », d’abolir cette marque de l’humain. »

Question fondatrice s’il en est ! En effet, il semble assez évident que nous ayons perdu le sens de notre passage sur terre. Après la catastrophique expérience hitlérienne, la tentative d’abolir l’ordre de la filiation semble renaître aujourd’hui sous d’autres formes. Et il ajoute :

« Nous les descendants de l’Europe, enfants des guerres qui furent des holocaustes, promoteurs du Bonheur industriel, conquérants de sciences inouïes, nous avons oublié que la Fabrique de l’homme, partout sur la planète, est la fabrique des fils-fils de l’un et l’autre sexe, comme dit la tradition juridique de l’Occident. »

Legendre, voyait arriver depuis longtemps ce qui nous submerge aujourd’hui et l’analysait en décrivant ce que devient la société occidentale :

« Occidentaux industrialistes, nous avons inventé le bruit incessant, les montagnes d’objets, la présence totalitaire du plein. »

Or, nous y sommes. Lentement mais opiniâtrement, le travail de destruction a commencé sous le règne du Moi tout puissant, dès lors que Dieu, ou les textes sacrés des Commandements, étaient remisés au cabinet des vieilleries inutiles.

La destruction de l’école et de la culture, entamée depuis plus de quarante ans, celles qui nous avaient construits depuis des générations, se poursuit et s’accélère avec l’arrivée triomphante du wokisme, cette hydre aux multiples tentacules, qui déferle sûre d’elle, et détruit tout sur son passage, à commencer par le langage qui unissait les générations, assurait la continuité du sens. Elle se poursuit par la confusion des sexes, changeables à volonté remettant en question la différence des sexes qui, jusqu’à présent, permettait la continuité de l’espèce et instituait l’enfant issu de ses deux parents de l’un et l’autre sexe, pour « naître à l’humanité » comme le dit Pierre Legendre.

Le wokisme, c’est d’abord la destruction du Père qui a commencé sans crier gare depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Citons encore Pierre Legendre :

« Le père est d’abord une affaire de symbole, quelque chose de théâtral, l’artifice vivant qui déjoue la société des sociologues et la science des biologistes… » « Venir au monde, ce n’est pas seulement naître à ses parents, c’est naître à l’humanité. En Occident comme dans toutes les civilisations, l’homme doit naître une seconde fois – naître à ce qui le dépasse, lui et ses parents. »

La technologie toute puissante et la science adulées, parachèvent le tableau d’un monde qui navigue, à l’inverse de l’Arche de Noé, non vers une re-naissance, mais un abîme dont on ne mesure pas encore la profondeur. Jusqu’où iront toutes les déviances accueillies comme la liberté absolue du Moi qui s’auto-engendre ? Quelles autres, toujours plus folles et destructrices défigureront l’image de l’Homme ? Il faut désormais être l’origine et la fin, au nom d’une volonté de toute puissance illusoire qui ne peut que nous conduire à notre perte.

La réalité, c’est qu’il faut faire table rase du passé, donc de la Nation

Tous les moyens sont bons pour hâter cette destruction voulue par l’Europe (avec son mentor les États-Unis) et par nos « élites » politiques qui n’aiment pas la France et qui lorgnent vers le mondialisme des richissimes : ceux de Davos qui ont pris le pouvoir afin de réaliser « la grande réinitialisation » prometteuse d’avenir radieux pour eux, bien sûr ! Et le prix à payer, c’est la destruction à l’échelle de la nation, de notre économie, notre industrie, notre agriculture, de nos paysages. « La France vendue à la découpe » comme l’illustre très bien Laurent Izard dans son livre3.

Legendre nous rappelle que :

« Massacrer les paysages est l’équivalent de brûler les livres, ces images de nous-mêmes ; défigurer le territoire est un meurtre d’image. Mais l’homme réinvente indéfiniment l’horizon. Attendons pour voir ce que produira la nouvelle illusion de l’individu sans lieu, l’être délocalisé et démuni de limites, un nomade de caricature, l’homme fusionnel qui ne connaîtrait que le Grand Tout mondial folklorisé, ignorant de l’universel et du particulier. Quelle administration se prépare pour une société de cette sorte, vidée de l’idée même d’habiter ? »4

Oui, c’est bien au déracinement sur notre propre terre que nous assistons : zones commerciales et industrielles qui multiplient les mêmes enseignes aux abords des villes. Leurs architectures sans âme enlaidissent le paysage. Elles sont interchangeables et vouées à la consommation de masse. Les villages sont désertés comme si la vie était ailleurs. Les éoliennes envahissent les campagnes et les côtes ; elles brassent sans conviction le ciel qui n’a rien demandé, concept idéologique qui ne signifie rien5. Saccager le paysage pour un résultat dérisoire et qui génère des nuisances autrement plus dangereuses est criminel. A-t-on demandé leur avis à la population ? Non, bien sûr, car les « experts » sont les experts et l’éolienne rapporte beaucoup d’argent, à l’Allemagne et à la Chine, notamment !

Mais, comme si cela ne suffisait pas, la destruction de notre nation vient de l’immigration, dont on nous dit qu’elle est nécessaire parce que plus personne ne veut travailler. Or ceux qui arrivent s’installent pour des raisons économiques mais aussi dans le but à peine voilé de répandre leur religion : outil de domination qu’ils affûtent patiemment. Certes, il ne s’agit pas des pauvres gens qui sont à la recherche d’un Eldorado ! Ils sont, sans toujours le savoir, l’instrument de la submersion. Nos gouvernants nous imposent, depuis des décennies, l’obligation d’accueillir des migrants et font mine de croire que l’islam est une religion comme les autres, qu’elle s’intégrera dans le tissu social en adoptant les mœurs des autochtones. La réalité nous démontre chaque jour le contraire. L’islam veut reconquérir ce qu’elle a failli gagner à Poitiers en 732. C’est une religion de conquête qui a imposé aux États européens, avec leur accord, le pacte Eurabia6, non seulement l’accueil de populations musulmanes sans restriction de nombre, mais l’obligation de les recevoir sans exiger (en opposition à la loi de 1905 sur la laïcité), qu’elles s’intègrent à la société d’accueil. Leur religion, l’islam, devant être pratiquée et respectée dans tous ses aspects. L’Europe avait-elle prévu le cataclysme que représente cette arrivée massive, répétition dans l’histoire d’un djihad (conquête) que l’on peut observer à peu près chaque jour ? Nous commençons – je parle du peuple, à réaliser la folie d’un tel projet dûment signé par les pays européens et mis en place dès 1973/75 en échange du pétrole à un prix raisonnable, mais pas que… Ces accords avaient pour but de soutenir les « Palestiniens » contre Israël ! Ainsi peut-on célébrer la mémoire de la Shoah et soutenir, en douce, les revendications arabo-musulmanes, à savoir la création d’un État palestinien.

Le meurtre et l’assassinat

Des meurtres sont commis chaque jour au nom d’Allah ! Interrogeons-nous sur le laxisme des pouvoirs publics qui détournent ces assassinats de leur véritable visée pour les transformer en actes de folie qui rendent les assassins irresponsables. Or nos lois qui protégeaient les citoyens sont devenues (sous couvert des Droits de l’homme), ridiculement faibles eu égard à la gravité des délits. Mieux, les délits ne sont plus nommés : ainsi l’assassin de Sarah Halimi n’est pas un criminel mais un homme « sous l’emprise » du cannabis, et, selon notre ministre de l’Éducation nationale, l’assassinat d’une enseignante d’espagnol par un élève, est tout simplement un « décès ». On pourrait citer une multitude d’autres exemples. Rappelons aussi que chaque fois qu’un musulman commet un assassinat, on oublie de donner son nom afin qu’il ne soit pas « stigmatisé » et porte tort à la communauté dont il est issu. Les mots ne veulent plus rien dire et nous sommes entrés dans l’ère du langage orwellien. Le vocabulaire réduit, aseptisé, est une insulte à la langue française si riche et qui a donné naissance à des œuvres littéraires connues dans le monde entier. A contrario, ceux qui critiquent ou mettent en garde contre les projets de l’islam conquérant sont eux immédiatement menacés, ainsi Florence Bergeaud-Blackler7 est-elle menacée de mort suite à la publication de son livre sur les Frères musulmans.

Mais nous avons oublié Abel et Caïn, et l’injonction des Commandements : « tu ne tueras point »

Or, si le meurtre entre musulmans est puni par l’islam, il est autorisé à l’égard des non musulmans.

Il eût été sage de noter cette discordance civilisationnelle et religieuse de taille, et d’en tirer les conséquences, avant d’accueillir en nombre toujours exponentiel des populations qui, par essence ne souhaitent rien changer à leurs « valeurs », même quand elles s’opposent aux valeurs occidentales dont, soit dit en passant, on nous rebat les oreilles !

Or, ainsi que nous l’explique Pierre Legendre, les sociétés juive et chrétienne ont condamné le meurtre et l’assassinat dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Il est utile ici de rappeler, comme le fait le juriste et psychanalyste Pierre Legendre, fin connaisseur de la Bible, ce que les Juifs appellent « la Ligature – l’Aqedah » et qu’ils célèbrent de génération en génération.

« Énigme admirable, mémoire de la fête juive de la Ligature, célébration de l’abolition du meurtre, qui montre le père dans sa fonction d’humanisation, liant et déliant le fils au prix d’avoir renoncé à lui-même.
L’homme industriel d’Occident a-t-il donc oublié la loi de l’espèce, les grandes scènes théâtrales qui disent l’indicible, pour imposer à l’homme la limite autrement que par le meurtre accompli ? »

Le crime n’est plus le crime

Appauvrir le langage, l’aseptiser, le distordre, revient à imposer une pensée totalitaire. Victor Klemperer, philosophe Juif allemand a observé « La langue du IIIe Reich », livre dans lequel il détaille avec une grande précision, à partir des discours de Hitler et Goebbels, un langage totalitaire nécessaire pour imposer une pensée simple et martelée qui tourne en boucle et qui très vite s’incruste dans les esprits. On peut dire que la solution finale fut préparée des années durant par la dégradation des Juifs en paroles : les insultes à leur égard, leur mise au ban de la société, prélude à leur génocide.

Et Pierre Legendre de conclure :

« S’il en est ainsi, si l’homme ultramoderne prétend, sans risquer la Raison de l’espèce humaine, abolir la ligature des fils, cela veut dire que nous sommes entrés dans l’ère de la banalisation du meurtre et que, l’assassinat n’ayant plus aucun sens, le procès de l’assassin n’est plus qu’un acte bureaucratique. »

Il est à craindre, hélas, que nous en soyons déjà là !

Le nazisme totalitaire comme tentative d’attaquer la filiation8

La réflexion de Legendre sur les crimes d’Hitler est profondément intéressante. Si après la guerre, la réprobation fut unanime, sauf dans les pays arabo – musulmans, les raisons invoquées d’ordre historique, pour justes qu’elles soient, ignorent souvent un élément symbolique essentiel.

En effet, pour Pierre Legendre, le génocide perpétré contre les Juifs est en réalité une attaque majeure contre le principe de filiation.

« La question demeure en suspens : quel point sensible de la culture touchait le nazisme ? Les essais d’analyse politique ou la pédagogie des procès intentés aux bourreaux-fonctionnaires ont apporté une sorte de soulagement. Mais à voir l’académisme des discussions comparatistes, amalgamant les holocaustes du XXe siècle dans la statistique de quelque championnat du mondial du meurtre, je doute que la logique institutionnelle en sorte éclaircie – la logique qui donnait au geste de tuer le Juif, c’est-à-dire le fils d’Israël, valeur institutionnelle.

N’avons-nous pas plutôt verrouillé l’accès au point sensible, ce point-là précisément, à savoir que l’extermination consistait, dans son principe, à tuer des fils en tant que fils, les fils de ces fils, et comme disait la tradition juridique européenne issue de l’Antiquité latine, les fils de l’un et l’autre sexe, indistinctement donc hommes, femmes enfants, tous ceux qui font lignée ? »

Prétendre éteindre des lignées, parce qu’elles sont des lignées, qu’est-ce que cela veut dire, en Occident où ces meurtres ont eu lieu ? »

Cette question fondamentale, l’Occident, qui a laissé commettre ce crime, ne se l’est pas posée. De même qu’elle ne se pose pas davantage le pourquoi de l’impossibilité d’une paix entre Israéliens et « Palestiniens ». N’y aurait-il pas une question de filiation dans cette histoire ? Le refus du droit à la filiation des Juifs qui ont occupé cette terre bien avant la naissance de l’islam et qui l’ont recouvrée après la guerre, fut le juste retour après la tentative d’anéantissement dont ils ont fait l’objet !

Or c’est cette filiation, ce droit au retour sur la terre ancestrale que contestent fondamentalement les arabo-musulmans. S’ils avaient voulu le partage et la paix, ce serait fait depuis la fondation de l’État d’Israël. Étrangement, l’Occident continue à ne pas voir ce qui a conduit à la Shoah. Il ne voit pas davantage l’atteinte mortelle à sa propre filiation qui est en train de s’accomplir : par ses ennemis de l’extérieur qu’ils ont laissé entrer comme le cheval de Troie et leurs propres démons qui les assiègent de l’intérieur.

Pierre Legendre nous a quittés, mais il a ouvert, grâce à son œuvre, les pistes qui, espérons-le, éclaireront les jeunes générations dans la quête de la loi retrouvée : filiation humaine, par un homme et une femme, culturelle et civilisationnelle sans lesquelles une nation est condamnée à périr. ET

Évelyne Tschirhart, MABATIM.INFO


1 Voir biographie de Pierre Legendre dans « La fabrique de l’homme occidental », éditions Mille et Une nuits. 1996

2 Pierre Legendre : La fabrique de l’homme occidental. Éditions Mille et une Nuits 1996

3 Aurant Izard : La France vendue à la découpe (L’Artilleur 2019)

4 Pierre Legendre : Miroir d’une Nation, l’École Nationale d’Administration. Mille et une Nuits 1999

5 Voir à ce sujet : Fabien Bouglé : Éoliennes, la face noire de la transition écologique, éditions du Rocher 2022

6 « Eurabia l’axe Euro-Arabe » de Bat Ye’or éditions Jean-Cyrille Godefroy 2006

7 Florence Bergeaud-Blackler : « Le frérisme et ses réseaux, l’enquête » Odile Jacob 2023

8 « L’attaque nazie contre le principe de filiation » Pierre Legendre Leçons IV, suite 2 Filiation, fondement généalogique de la psychanalyse. Pierre Legendre : article paru dans la revue américaine Continuum (Chicago)

Voir aussi :

  • Intellectuel méconnu, Pierre Legendre était un penseur majeur de l’Occident et de l’État Marianne
  • Pierre Legendre, Ars dogmatica

5 commentaires

  1. Merci à Dov kravi pour le rappel de l’article dans Gatestoneinstitute sur l’intelligence artificielle qui m’avait échappé !
    Merci à Pendanx Daniel pour son bel éloge de mon article. Je vous serais reconnaissante de m’indiquer la parution de votre prochain article.

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  2. A dov kravi, qui m’a fait découvrir ce texte remarquable :
    Merci à vous. Je viens de lire ce texte de madame Tschirhart, et j’en suis très touché, comme chaque fois que je découvre un nouveau lecteur, sincère et authentique, de Pierre Legendre. Evelyne Tschirhart ne barguigne pas et va à l’essentiel comme en témoigne les citations choisies ; et j’ai beaucoup apprécié sa si belle conclusion, plaçant ses espoirs dans une jeunesse qui retrouverait le chemin de la Loi. Elle n’est pas de ces hors-dettes, rivaux inconscient, qui lisent Legendre avec des pincettes. Je vous en donne un dernier exemple.
    J’ai lu cet après-midi le petit bouquin de Dany Robert Dufour sur la question trans, un auteur avec lequel j’ai eu l’occasion il y a des années de cela d’échanger un peu. Suffisamment pour comprendre alors, comme cela s’est vérifié par la suite, qu’à l’identique de la plupart il allait participer de l’opération qui, de façon consciente ou pas, fait passer à l’as ou contourne l’apport de P. Legendre, classé par la plupart du côté des conservateurs honnis…
    Nombre de ceux qui voient bien que le wokisme s’enracine dans le renouveau de l’idéal totalitaire, celui de « l’homme nouveau » , vont naturellement se féliciter de cette nouvelle publication contre le wokisme. Mais cela s’en voir plus loin – qu’ils me pardonnent. Même si au fond la plupart d’entre eux, pour être justement de cette droite que Dufour voit de haut et a propension à assimiler à l’extrémisme, s’y trouvent peu ou prou insultés .
    Un tel livre, s’il relève bien sûr des points clés, avec le talent qui est celui de Dufour (sa thèse de jeunesse sur la trinité était remarquable), ne mesure pas selon moi avec la rigueur qui s’exige, jusqu’au nœud de l’affaire – puis-je dire, jusqu’à l’os ?. Il ne mesure pas la façon dont l’idéologie lgbtiste irradie bien au-delà des seuls « pratiquants » les liens familiaux et sociaux.
    Ce qui échappe à Dufour, comme malheureusement à la grande masse des psys, des cliniciens, c’est bien la façon dont les fondements sont touchés depuis des décennies, mis culturellement et juridiquement à disposition du fantasme tout-puissant du sujet, avec pour effets de mettre cul par-dessus tête l’ordre même de l’identité qui préside à la dialectique identificatoire, i.e. au cours de la différenciation subjective de soi et de l’autre. Et c’est pourquoi Dufour, comme la plupart des intellectuels et des psychanalystes (ce fut le cas de Melman qu’il cite, et c’est toujours le cas de Lebrun, qu’il cite aussi), obture la problématique clé de l’institution du sujet, le fait, comme n’a cessé de le rabâcher Legendre, dans un quasi désert, qu’il n’y a de sujet de la parole que sujet institué. Autrement dit, c’est bien gentil de se faire en aval les réparateurs de la casse, mais il faudrait quand même regarder d’un peu plus près ce qu’il en est de l’organisation de celle-ci en amont. Et arrive là un des nœuds de l’affaire, déployé dans Le crime du caporal Lortie et particulièrement dans l’ouvrage Filiation de son épouse Alexandra Papageorgiou Legendre, vers laquelle vont ces jours-ci mes pensées: celui de la Question juridique et de la légitimité. Tout cela demanderait des développements. J’en avance quelques uns dans un article à paraître très prochainement. Mais vous savez, ce n’est pas tant de développements dont on manque – ceux-là sont déjà là, sur la table –, mais d’interprètes qui, selon une formule chère à Pierre Legendre, ne causent pas comme des têtes coupées. Des interprètes qui n’aient pas perdu le sens de la transmission, celui de l’Énigme, ou dit autrement, qui n’aient pas éliminé la Sphinge de l’horizon, lui préférant la nouvelle Chimère, La Femme. La Femme mise au lieu du Père… Je vous laisse, en vous remerciant à nouveau de m’avoir fait connaître ce texte, si profondément habité.
    Daniel Pendanx

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  3. « En Occident comme dans toutes les civilisations, l’homme doit naître une seconde fois – naître à ce qui le dépasse, lui et ses parents. » Que cette pensée de Pierre Legendre éclaire l’abîme qui s’ouvre sous nos pas. Merci Evelyne Tschirhart pour ce remarquable travail de présentation.

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