Tsahal : La grande catastrophe est-elle en route ?

[15 mai 2023]
Eviatar BenTsadaf, News 1

L’opération « Bouclier et flèche » (début mai) n’a pas prouvé un changement dans la stratégie adoptée par l’armée israélienne durant les six décennies écoulées depuis la guerre des Six Jours. Les éliminations ciblées, à elles seules, ne peuvent mener à la victoire, ni même donner une image d’un Israël victorieux.

« Conflits routiniers »

L’opération « Bouclier et Flèche » à Gaza (début mai) n’a pas été différente des opérations précédentes de Tsahal et qui n’ont fait que de détériorer, encore plus, de ce qui reste de la dissuasion israélienne. Les opérations de l’armée israélienne à Gaza n’ont rien donné dès le départ, et n’avaient pour but que de convaincre le public israélien que Tsahal le protégeait. En d’autres termes, évacuer la colère de la population face à l’inaction de l’establishment sécuritaire, qui a échoué, principalement depuis l’expulsion par Israël, des Juifs des implantations de Gaza (2005). Ainsi, au fil des ans, la dissuasion israélienne s’est systématiquement « évaporée » et les terroristes du Djihad islamique ont réussi à créer un « nouvel équilibre de dissuasion » » en imposant « l’endiguement » au gouvernement et à notre armée. – un terme bien euphémique pour l’inefficacité de l’action et le manque de créativité opérationnelle.

Depuis des décennies, l’armée d’Israël n’a pas été capable de comprendre, (et peut-être n’a-t-elle pas encore pleinement compris) qu’elle a gagné la guerre des Six Jours uniquement parce que Yitzhak Rabin, chef d’état-major de Tsahal d’alors, n’a pas supporté le stress et la tension nerveuse durant l’attente de l’attaque des armées arabes. En effet, Rabin c’est effondré nerveusement, quelques jours avant qu’Israël ait réalisé une attaque préventive. Ce n’est pas le lieu pour commenter cet épisode, à propos duquel les responsables de l’establishment ont écrit pas mal de mensonges flagrants. C’est Ezer Weizmann, commandant de l’armée de l’air qui, au pied levé, a remplacé Rabin à l’état-major. Ezer Weizmann a immédiatement, changé les plans de l’état-major pour ordonner l’attaque préventive, le plan « Moked », de l’aviation israélienne sur les bases aériennes de l’Égypte. Ce plan « Moked » a donné à Israël une victoire historique. Pour la petite histoire, le plan « Moked » avait été présenté, par Ezer Weizmann, bien avant la guerre à Rabin et à tout l’état-major. Il avait été rejeté, avec mépris.

En ce qui concerne la première guerre du Liban en 1982, appelée « Paix en Galilée », qui devait, entre autres et selon les déclarations de Ménahem Begin premier ministre de l’époque, « effacer la honte d’Israël lors de la guerre du Kippour », elle n’a pas tenu ses promesses, car les quelques succès tactiques, Israël les a payés par un lourd tribut humain.

Quelle victoire ?

L’ennemi doit être vaincu. À cette fin, les hauts responsables de l’armée, de la Sécurité intérieure et du Mossad sont dotés de moyens financiers conséquents. L’armée et l’establishment de la défense qui reculent devant le mot « victoire » trompent le public. Le cas de Gail Tzur, un commandant de division, qui a échoué dans la deuxième guerre du Liban et a dit plus tard à ses hommes que les victoires apportaient des désastres à l’État d’Israël. Malgré cela, il a été promu major-général au lieu d’être expulsé de l’armée. Cet esprit délétère de l’establishment de la défense serait, peut-être, le résultat de la formation de ses hauts fonctionnaires par le biais de la Fondation Wexner1 ? Qui est connue par ses positions gauchistes et antisionistes.

La victoire signifie la reddition complète de l’ennemi. C’est-à-dire un complet anéantissement de sa capacité à nuire à Israël.

À cette restriction près : « la victoire » sur une organisation terroriste, comme l’a définie le Dr Henry A. Kissinger il y a plus de cinquante ans, est impossiblecar on ne peut obtenir sa reddition. »

Le Jihad islamique, comme le Hezbollah et le Hamas, malgré des bombardements, ont continué à tirer sur Israël jusqu’au cessez-le-feu et même après. Si on considère le dernier conflit entre Israël et le djihad islamique « Le bouclier et la flèche », suivant les considérations mentionnées plus haut, la victoire n’a sûrement pas été du côté d’Israël.

La stratégie de « tonte d’herbe »2

L’État d’Israël emploie une stratégie, appelée par dérision la « tonte de l’herbe » vis-à-vis du Hezbollah au Liban, du Hamas et du Djihad islamique à Gaza. En fait, ce sont des opérations cosmétiques, qui calment la conscience des chefs de l’establishment de la défense et trompent le public et les membres de la Knesset, jusqu’à une prochaine fois, que la « tondeuse à gazon » entrera en action. Dans ces actions, largement médiatisées, les bombes israéliennes ont écrasé, à plusieurs reprises, toutes les dunes de la bande de Gaza. Une autre définition de l’inutilité de ces actions est : « accélérateur et frein à fond ».

Il semblerait que « tondre la pelouse » n’est destiné qu’à transférer beaucoup d’argent aux industries de défense israéliennes, ce qui en soi n’est pas une mauvaise chose.

La stratégie efficace contre des organisations terroristes de Gaza, que l’establishment de la défense n’ose pas essayer, est de frapper le cœur du Hamas et du Djihad. Depuis vingt ans, Israël gaspille son énergie et ses ressources pour « attaquer » des cibles mineures, à des fins de fausse et bruyante médiatisation. Israël dispose des moyens pour endommager et détruire les quartiers généraux souterrains, les installations de fabrication de fusées, les dépôts d’armes et les lanceurs et évidemment les armes de précision pour les éliminations ciblées. Malheureusement le Hamas et le Djihad ont bien compris que la « tonte d’herbe » est infructueuse. À cause des actions inefficaces d’Israël, les terroristes ont bien intégré le fait que tant qu’ils restent sous terre, bien protégés par le bouclier humain des civils de Gaza, Israël ne pourra pas les atteindre….

Le changement

Le problème de professionnalisme de l’armée israélienne et de son appareil de sécurité est très ancien. Depuis la fin des années 1960, surtout après la Guerre de Six jours et à la suite d’un sentiment de mépris des armées arabes, qui s’est instauré dans Tsahal, une routine ronronnante, qui a endormi la vigilance non seulement de l’armée, mais de tout l’appareil politique jusqu’à son sommet. Cette irresponsabilité coupable a conduit à la défaite et l’impasse politique de la Guerre d’usure, menée par l’Égypte. sur le canal de Suez (1969-1971). L’arrogance de l’armée et de l’establishment de la défense israéliens vis-à-vis des Arabes a précipité Israël dans la catastrophe de la Guerre de Kippour. Afin de dissimuler au public toutes ces impérities, le haut commandement a fabriqué des légendes sur l’excellence de l’armée et auxquelles la population, par ignorance, a cru. De plus, les idéologies postmodernes et post-sionistes frappent nos dirigeants de la sécurité, qui ne comprenaient pas grand-chose à la sécurité, ou à l’armée au départ. Voir les recommandations enthousiastes des hauts responsables de la réserve (le Conseil pour la paix et la sécurité, remplaçant les commandants pour la sécurité d’Israël) sur les Accords d’Oslo, l’expulsion des Israéliens de Gaza, et tous les actes de folie stratégique qui ont émergé depuis.

Conclusion

Aucun bilan économique de l’opération « Bouclier et flèche » n’est pas encore disponible. Il sera sûrement « salé » pour l’État d’Israël. En revanche, face au manque de résultats sécuritaires, ceux concernant l’anxiété sur le front intérieur et des dommages à la résilience du pays, et particulièrement des Israéliens vivant dans le pourtour de Gaza, sont nettement négatifs. Par contre les terroristes sont retournés dans leur paisible routine, d’autant plus qu’Israël fournit à ses ennemis de l’électricité, denrées alimentaires, des biens de consommation et surtout du travail. Aujourd’hui les terroristes de Gaza tirent jusqu’à Tel-Aviv et Jérusalem. C’est cette réalité que notre armée et l’establishment de la défense ne veulent pas voir. Par conséquent, Israël a besoin de courage pour changer son « logiciel » avant la « grande catastrophe ». EG

Édouard Gris, MABATIM.INFO
Traduction et adaptation


1 Cette fondation, sélectionne des officiers et des fonctionnaires israéliens, de façon très élitiste, du niveau moyen à supérieur et les fait former, à ses frais, dans des universités américaines coûteuses et prestigieuses, telles que Harvard. Ces formations universitaires de Wexner se caractérisent par des orientations idéologiques de la gauche progressiste américaine mâtinée de wokisme.

2 Cette expression de dérision, compare la renaissance des organisations terroristes, après chaque opération de Tsahal à l’herbe qui repousse à chaque fois après sa tonte.

3 commentaires

  1. quelle prémonition et quelle justesse !!!!!
    écrit 6 mois avant la catastrophe du 07 octobre 2023.
    vous avez bien défini l’HYBRIS DE CES OFFICIERS ET HOMMES POLITIQUES qui peuvent encore et ENCORE mettre en DANGER ERETZ ISRAEL.
    L’ état d’ ISRAEL AURAIT BESOIN DE CONSEILLERS DE VOTRE COMPETENCE.
    kol AKAVOD.

    EMMANUEL

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  2. Serions-nous convaincus par un Général qu’Ysraël est un peuple « sûr de lui et dominateur »?
    Si nos ennemis n’étaient convaincus qu’Un Dieu nous assistait, nous aurions été effacés, gommés de l’Histoire humaine.
    Objectivement, tous ces siècles restés sur notre terre ont été parcourus de guerres et batailles avec les voisins…
    Et c’était au gré de nos repentirs et de nos infidélités que nous avions tantôt le dessus, tantôt la défaite, et cela jusqu’à l’exil.
    Nous voilà revenus.
    Et les mêmes épreuves avec. Qui donne la victoire ? Et pour combien de temps.
    Voyez combien revenir vers quelque observance provoque les convulsions sociales que nous vivons, là, de suite, maintenant…
    Mais enfin, Celui Qui commande aux éléments saura, après les « grippes, covid, réchauffement et guerres… » donner de la voix. C’est en cours.

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  3. Tout cela est tres juste .
    Les arabes se sentent victorieux apres chaque round et globalement ils ont raison car leurs moyens ne sont pas entamés .
    Israel est bien trop  » occidental » , les pudeurs ridicules et la peur d ecraser trop fort l ennemi autant que le refus de la guerre psychologique , tout cela est desastreux .

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