Texte de la conférence « Raison Garder » donnée par Jean-Pierre Lledo dimanche 21 mai 2023. Pour visualiser la conférence rendez-vous ici : Raison Garder – YouTube
Brefs rappels historiques :
En 1949, malgré sa victoire sur tous les fronts, Israël concède Gaza à l’Égypte et la Judée-Samarie à la Jordanie qui la rebaptise « Cisjordanie ». Ces deux régions auraient donc pu devenir « palestiniennes », mais étrangement, ce ne fut pas le cas : personne ne les appela des « territoires occupés » et personne ne s’en offusqua, à commencer par les… « Palestiniens » ! La Jordanie annexa même officiellement la Judée-Samarie.
En 1967, le monde arabe uni derrière Nasser se prépare à « égorger les Juifs » puis à les « jeter à la mer ». Tsahal triomphe en une semaine et prend le contrôle de 3 régions : le Golan, Gaza, et la Judée-Samarie (la partie est de Jérusalem et le Mont du Temple compris). Dans le droit international, les territoires perdus par ceux qui déclenchent une guerre, peuvent l’être à jamais : ce sera le cas du Golan syrien, à partir duquel on tirait sur les villages juifs de Galilée, et dont la souveraineté israélienne a été reconnue par les États-Unis de Trump. De plus la Jordanie ayant renoncé à sa souveraineté sur la Cisjordanie en 1988, Israël n’est plus redevable de rien devant personne.
Par conséquent, si Arafat chassé de Jordanie en 1970 et du Liban en 1982, puis recueilli par la Tunisie, put enfin trôner en 1994 à Gaza, puis à Jéricho, puis à Ramallah, c’est bien à Israël qu’il le doit ! Et ce par l’effet des Accords dit d’Oslo qui découpèrent la Judée-Samarie en 3 zones A, B, C, seule la zone C étant sous administration israélienne.
Ces accords signés en 1994, par Rabin et par Arafat, se voulaient le début d’un « processus de paix » qui aurait dû mener à des frontières définitives et régler le statut de Jérusalem. Au lieu de quoi, ils furent le prélude à la plus meurtrière des intifadas, causant la mort de plus d’un millier de Juifs. Par la suite, les gouvernements d’Olmert puis de Barak firent de mirobolantes propositions de découpage territorial, incluant y compris la partie est de Jérusalem, plans qu’Arafat refusa afin de poursuivre sa stratégie de terreur, imité par son successeur Mahmoud Abbas et ce jusqu’à aujourd’hui.
L’un des principaux négociateurs israéliens du « Processus de paix » depuis 1993, Shlomo Ben Ami, homme de gauche et ministre des Affaires étrangères du gouvernement Ehoud Barak est on ne peut plus formel :
« Plus qu’ils ne veulentleur propre État, ils veulent condamner le nôtre…» (Haaretz, 14 sept 2001).
« A mon avis, laraisonprofonde de cette attitude est qu’Arafat ne reconnaît pas la légitimité de l’État juif, malgré nos différents accords… ». (Interview Le Monde 15 Sept 2001).
En cela du moins, il n’y avait aucun désaccord avec les chefs palestiniens qui n’ont jamais caché leurs véritables buts :
– Abdelaziz Shahian qui fut ministre : « Le peuple palestinien a accepté les Accords d’Oslo comme une première étape et non comme un accord permanent, étant donné que la guerre et la lutte sur place sont plus efficaces que la lutte de l’extérieur » (Al Ayyam 30 mai 2000, Palwatch, 28 août 2003).
– Rafik Natshe, alors membre du Comité Central du Fatah : « Le Hamas dit : “Toute la Palestine est à nous et nous voulons la libérer de la Mer au Fleuve en un seul coup”. Mais le Fatah qui est la main armée de l’OLP, pense qu’il est plus efficace de procéder selon le plan par étapes. Les 2 organisations sont d’accord sur le but final. Notre désaccord ne porte que sur la méthode à adopter pour atteindre ce but. » (El Kabs – 26 Dec 1989). On ne saurait être plus clair.
– Marwan Barghouti chef du Fatah et de son organisation militaire Tanzim en Judée-Samarie, actuellement en prison, en qui certains verraient bien le successeur d’Abbas : « Notre regard restera fixé sur notre but stratégique, à savoir la Palestine du Jourdain à la mer » (New Yorker, 2 juillet 2001)…
– Abbas Zaki, membre du comité central du Fatah proche collaborateur de Mahmoud Abbas :
« Le président Mahmoud Abbas comprend, nous comprenons, et tout le monde sait qu’il est impossible d’annoncer le projet qui nous inspire ou de réaliser le grand objectif, d’un seul coup. Si Israël se retire de Jérusalem, si Israël déracine 650 000 colons des colonies, si Israël enlève la clôture de sécurité – que deviendra Israël ? Israël disparaîtra. Si je dis que je veux éliminer l’existence de ce pays, c’est très bien, très bien, mais c’est difficile à dire. On ne peut pas déclarer cette politique. On ne peut pas le dire au monde. On peut se le dire à soi-même… » [Al-Jazeera TV, 23 septembre 2011].
«… l’idée qui nous inspire ne peut pas être réalisée d’un seul coup. Mais plutôt par étapes ».(Chaîne de télévision officielle syrienne par satellite, 23 déc. 2013)
Une telle unanimité finit même par ébranler une partie de la gauche israélienne…
Tel l’écrivain défunt Amos Oz, fondateur de « Shalom Ah’chav » (Paix Maintenant) qui militait pour un État palestinien :
« La revendication palestinienne du droit au retour va à l’encontre du droit d’Israël à l’existence. Aucun compromis n’est envisageable entre le droit pour Israël d’exister et un principe qui implique sa destruction. Les Palestiniens veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils me disent à la fois : “Sortez de chez vous !”(en clair “démantelez les colonies”) et “laissez-nous allez chez vous !”(au nom du droit au retour)… “Notre maison nous appartient, mais la vôtre aussi”. » (Figaro – 4 Février 2001).
Ou bien encore Nissim Zvili, ambassadeur à Paris, qui déplora que l’on n’ait pas construit plus tôt une barrière de protection : « Elle aurait empêché – dit-il – les éléments destructeurspalestiniens qui ont réussi à torpiller les efforts de paix (des Accords d’Oslo)… ».
Le réalisme amer de ces constatations ne souligne-t-il pas la malhonnêteté intellectuelle et politique de la gôche israélienne actuelle qui, à l’instar de JCall, de Barnavi et de Charbit, considère que « l’occupation est une gangrène dont Israël porte la responsabilité exclusive » ? Rabin, Olmert, Barak n’étaient-ils pas de gauche1?
Malhonnêteté encore lorsque cette gôche soutenue par l’Europe et les États-Unis d’Obama-Biden, trouve normal que les Palestiniens puissent librement construire dans les zones A et B dont ils ont la responsabilité, mais pas Israël dans la zone C ! Ou alors qui ne trouve rien à redire au fait qu’aucun Juif ne puisse entrer et encore moins habiter dans les zones palestiniennes A et B, au risque d’être assassiné, alors qu’en zone C vivent 500 000 Juifs et 80 000 Arabes qui, s’ils ne peuvent le clamer, espèrent ne jamais dépendre d’une administration « palestinienne ».
Faut-il être à ce point sourd et aveugle au déferlement de la haine antijuive et anti-israélienne dans les médias, les écoles et les universités palestiniennes que Palwatch documente jour après jour, avec des traductions en anglais et en hébreu. Mais loin d’y voir un fascisme effectif dans les discours et dans les actes, cette gôche préfère inventer un fascisme juif imaginaire2…
Et n’est-ce pas précisément parce que cette gôche juive de Barnavi à Finkielkraut est dans le déni total, qu’elle cherche à diaboliser les sionistes religieux particulièrement implantés en zone C ? Ces implantations qu’elle nomme « colonies » comme le monde arabe, comme BDS, et comme une partie de la « communauté internationale », ne jouent-elles pas pourtant le même rôle que les Kibboutzim avant l’indépendance de 1948 : celui d’être des avant-postes d’Israël face à un adversaire pour qui tout Israël, de Métula à Eilat, est une colonie dont il faut s’emparer morceau après morceau, pour la « décoloniser », comme le disent toutes les cartes de géographie des écoles palestiniennes.
Et donc plutôt que de rendre hommage à ces femmes, hommes et enfants qui sont les premières victimes du terrorisme palestinien, cette gôche leur voue une haine aussi grande que leur peur à prendre acte de la réalité, aussi grande que leur peur de déroger à l’idéologie dominante de la « communauté internationale », surtout depuis qu’avec les dernières élections les sionistes religieux sont devenus la 3ᵉ force politique du pays.
Le « Putsch ».
Dans le langage politique du monde entier ce mot signifie que l’armée met fin brutalement ou pacifiquement au régime issu d’élections. Mais dans un retournement orwellien, les leaders de l’anti-Réforme, parle de « Putsch contre la Cour suprême ». Ce qui dit d’ailleurs éloquemment – mais s’en sont-ils seulement aperçus ? – que pour eux le seul et véritable pouvoir est bien incarné par la Cour suprême.
Tant que les gouvernements de droite qui dominent la scène politique depuis 2009 restaient sous la tutelle de la Cour suprême, l’État profond ne s’en inquiétait pas plus que çà. Mais lorsque se le croyant permis par sa grande victoire aux élections de novembre dernier, la coalition dirigée par Netanyahou décida de proposer des lois permettant de rééquilibrer le rapport des pouvoirs, l’État profond prit les choses en main. Et d’ailleurs avant même l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, puisque 3 jours avant était publié le 26 décembre 2022 l’appel d’un groupe de pilotes et de soldats de l’armée de l’air à la présidente de la Cour suprême et aux dirigeants du système judiciaire afin « d’utiliser tous les instruments dont ils disposent et de faire tout leur possible pour arrêter la catastrophe qui menace le pays ».
On peut légitimement penser que le rouleau compresseur a commencé à se mettre en place dès le lendemain des élections du 1ᵉʳ novembre, avec l’objectif non pas seulement de faire échec à la réforme, mais surtout de mettre à bas le gouvernement et son chef. Tout, précisément tout, semble avoir été pensé dans le détail par un directoire fantôme :
– Lancement d’un mouvement misant sur la peur afin de rassembler largement, abc de la manipulation des foules…
– Mise à distance des chefs de partis d’opposition plus ou moins discrédités par leur défaite électorale, afin de faire croire à la naissance d’un mouvement citoyen non-partisan
– Délégitimation du Parlement par la rue…
– Montée en puissance de ce mouvement grâce à la mise en place d’un système de communication diffusant et dosant des mots d’ordre de plus en plus agressifs…
– Adoption de symboles (le poing fermé, symbole du mouvement serbe « Otpor », Résistance, qui fut celui desdites « révolutions de couleur »),
– Harcèlement des politiciens,
– Occupation de la rue,
– Accaparement de tous les supports publicitaires possibles (très onéreux comme les Panneaux Fécaux dans les stations d’autobus) pour donner l’impression d’avoir réduit au silence l’adversaire…
D’ailleurs mentant effrontément, Barnavi dans la Conf JCall, a le toupet d’affirmer que « Netanyahou est seul », comme si 2,5 millions n’avaient pas voté pour leur gouvernement, et comme si des centaines d’universitaires, de juristes, et d’économistes n’avaient pas soutenu la Réforme !
On a là tous les ingrédients d’une tentative de putsch…
Un tel dispositif qui peut sembler inédit en Israël, n’est que la réutilisation d’un savoir-faire américain généré par lesdites « révolutions de couleur »3 des années 2000 en Europe de l’est et en Asie centrale. Il faut absolument voir le film «USA à la conquête de l’Est » (2005). On y apprend que les jeunes leaders ont été préalablement formés selon la technique préconisée par le politologue américain Gene Sharp, entre autres dans Les politiques de l’action non-violente, jeunes guidés en conseils et soutenus en finances, par différentes officines camouflées de la CIA (Freedom House, National Empowerment Fund, New Israel Fund).
Et le budget mis à la disposition de ce mouvement anti-réforme est colossal. Le journal Israël Hayom l’a évalué il y a un mois à plus de 10 millions de shekels (environ 2 700 000 dollars), mais c’est déjà le double dont il doit s’agir.
Les États-Unis n’interviennent certes pas de manière aussi voyante qu’en 2014 en Ukraine lorsque le président élu fut destitué et chassé. On sait en effet, grâce à une conversation téléphonique interceptée, que Victoria Nuland, secrétaire d’État assistante pour l’Europe et l’Eurasie à l’époque d’Obama, dicta la liste des ministres du nouveau gouvernement ukrainien.
Mais ici, les États-Unis n’en ont pas moins pesé de tout leur poids : super-activisme de l’ambassadeur en Israël Thomas Nides, ingérence du président Biden lui-même, tentative de déstabilisation du Mossad, autant d’interventions qui se sont attiré la réplique digne du chef du gouvernement, rappelant qu’Israël était un allié des États-Unis, non un vassal, ce qui obligea l’ambassadeur et même les services présidentiels à rétropédaler, du moins publiquement.
Un jour, une Commission d’enquête devra être mise en place pour tirer au clair le rôle des uns et des autres et notamment de la présidente de la Cour Suprême Esther Hayout qui, en allant manifester, a dérogé à l’obligation de réserve, sans parler de son Parrain Aaron Barak qui a conservé son bureau dans l’enceinte de la Cour suprême (!) et qui, grâce à la complaisance des médias, appelle quasiment chaque jour à poursuivre les manifestations4.
La Cour Suprême démontre une nouvelle fois qu’elle n’est pas un organe non partisan et neutre, mais le véritable État-Major politique de la gôche5.
Ce qui est sûr en tous cas, c’est que l’on ne peut identifier ce mouvement aux citoyens jeunes et vieux qui le suivent de bonne foi.
Il est temps de conclure.
Jamais Israël n’avait connu de situation d’une aussi grande gravité. Appels à la paralysie du pays, à l’exportation de capitaux, appels à l’Europe et aux États-Unis à s’ingérer dans les affaires nationales, dénigrement systématique à l’étranger du gouvernement élu, appels à la guerre civile, et l’armée à la révolte.
Jamais autant de lignes rouges n’avaient été franchies : commémoration de la Shoah perturbée dans une synagogue de Tel Aviv… Refus de commémorer ensemble la Journée de recueillement dédiée aux soldats qui sont tombés pour que vive Israël. Jamais Israël n’avait connu une si grande fracture. Face au Président Herzog appelant à préserver l’unité, seule garante de la pérennité d’Israël, face aux appels à la fraternité de toutes les forces politiques de droite, jamais la gauche n’avait manifesté autant de haine.
Écoutons comment l’historien Élie Barnavi, intellectuel qui se veut raffiné, conclut la dernière conférence Jcall à Bruxelles, de l’intérieur même du Parlement européen :
« On est fier de ce pays, je ne m’attendais pas à ça… Et puis, j’ai vu la haine dans les yeux de nos frères et sœurs, démocrates devenus féroces. Et cet éclat m’a fait du bien. Parce que c’est une promesse à venir. ».
Promesse, la haine lui fait du bien ! Et ce serait une chance pour Israël ! Qui aurait pu imaginer un si terrible aveu ?
Israël se relèvera-t-elle d’une si grande épreuve ? L’avenir nous le dira, mais le fossé est d’ores et déjà si profond…
Ce qui est sûr, c’est que la situation que nous vivons est la résultante, d’une part, d’un combat mondial, civilisationnel et d’influence géopolitique, où l’Europe et les États-Unis veulent imposer leurs valeurs, leurs normes, leur alliance exclusive, et leurs forces, entre autres à Israël…
Mais c’est aussi la résultante de questions dont la discussion a trop longtemps été ajournée. Je n’énumérerai que les trois qui me paraissent essentielles : le judaïsme / l’identité d’Israël/ les minorités.
1 – Le judaïsme.
Le considérons-nous comme un archaïsme dont il faut se débarrasser conformément aux injonctions de la cancel culture, du wokisme mondialisé, et des idéologies mortifères du genre, ou comme un patrimoine essentiel pour affronter l’épreuve de la modernité comme avait su le pratiquer le Talmud durant des siècles ? Et ce compte tenu du fait qu’une entreprise de destruction du judaïsme aurait pour conséquence la fin d’Israël comme État-nation du peuple juif.
2 – L’identité d’Israël
La Déclaration d’indépendance avait défini Israël, comme État juif. La définition qui s’y est substituée dans les années 90 – « État juif et démocratique » – est plus que problématique6. Elle met sur le même plan deux choses très différentes : l’identité et le fonctionnement de cet État. Elle a aussi un côté pervers. Elle laisse entendre que la « démocratie » pourrait atténuer, contenir, museler, voire modifier « l’État juif ». L’adjonction de l’attribut « démocratique » à l’époque d’Aaron Barak7, ne viserait-elle pas à nous faire transiter vers la suppression de l’identité juive et de ses symboles étatiques, au nom de l’égalité et de l’existence d’une forte minorité arabe qui a déjà proposé qu’Israël devienne « l’État de tous ses citoyens »… Je note que dernièrement Gantz a inversé l’ordre des termes : Israël, État démocratique… et juif » !!!
Il est urgent de revenir à la formulation de la Déclaration d’indépendance dénuée de toute ambiguïté.
3 – Les minorités.
La minorité druze se perpétue sans remettre en cause l’identité juive d’Israël. De plus, elle accomplit tous ses devoirs de citoyenneté, notamment celui du service militaire.
Inversement, la minorité arabe cherche à modifier l’identité d’Israël et n’accomplit pas tous ses devoirs de citoyens. Et depuis au moins deux décennies elle se revendique « palestinienne », exceptée une infime partie qui continue à se dire « arabe israélienne » et s’engage dans l’armée.
Vu que la minorité arabe représente 1/5ᵉ de la population israélienne, cette nouvelle identification constitue pour Israël un grave danger démographique, politique et militaire, en un mot existentiel. Ce qui s’est passé en 2021 aurait déjà dû alerter : tandis que les Palestiniens de Gaza tiraient 4000 missiles sur Israël, les « Palestiniens » des villes d’Israël dites « mixtes » se livraient à de véritables pogroms. Et dans une guerre toujours possible avec le monde musulman « sur plusieurs fronts », scénario que vient d’évoquer le Ministre de la Défense, ces « Palestiniens » d’Israël n’en deviendraient-ils pas la 5ᵉ colonne, de gré ou de par la force du réflexe communautaire ?
Après une guerre de 100 ans avec les Juifs, qui est loin d’être terminée, on peut aisément comprendre que ceux qui s’identifient « Palestiniens » ne puissent se reconnaître dans la symbolique et le narratif juifs et ne veuillent pas combattre « les leurs ».
La solution la plus raisonnable et surtout la plus pacifique n’est-elle donc pas de dissocier le destin juif du destin palestinien ?
Et il y a au moins trois manières de le faire :
— La plus radicale, le transfert de population, à l’instar des Allemands, des Turcs et des Grecs, des Indiens et des Pakistanais… Transfert par exemple en Jordanie dont la population est à 90 % palestinienne. C’est ce que propose l’historien Georges Bensoussan8 qui dans le passé soutint la mouvance JCall : « Toute solution est préférable à la guerre, parce que sinon on aura la guerre à perpétuité… », dit-il, et elle devra se faire avec la Jordanie, donc à trois.
— La proposition Liberman est moins traumatisante: rattacher aux territoires palestiniens les villages arabes contigus de Galilée…
— La solution la plus douce qui consisterait à laisser le choix individuel entre les citoyennetés israélienne et palestinienne. Ceux qui choisiraient la palestinité deviendraient résidents en Israël, avec le droit au logement et au travail. Qualité qui se perdrait en cas de discours ou actes hostiles à Israël.
Seuls les partis arabes s’identifiant « israéliens » et ne manifestant aucune hostilité ni à Israël comme pays, ni au caractère juif de son État, seraient légalisés9.
Judaïsme, identité d’Israël, minorités,ces trois grandes questions devraient faire l’objet d’un grand débat public, lequel devrait précéder le travail des juristes sur le projet d’une Constitution si la société israélienne se sentait mûre pour cet objectif.
Ce processus sera forcément très long, sur plusieurs années. Le bâcler aboutirait aux mêmes résultats qu’aujourd’hui. En attendant cette Constitution, d’autres Lois fondamentales pourraient être adoptées au fur et à mesure de l’avancée du débat, et si nécessaire par voie de referendum.
Et si les forces politiques israéliennes étaient capables de percer l’abcès actuel en menant le débat dans les limites de la fraternité, alors oui, les peurs des manifestants et les angoisses d’un peuple en train de se déchirer n’auraient et n’auront pas été vaines.
1 Un Appel ne fut-il pas lancé le 19 Juin 2002, par 55 personnalités palestiniennes contre les attentats suicides qui « tuent l’espoir de voir les 2 peuples vivre côte à côte dans 2 États voisins » ? Le Cheikh Talal Sider mufti de Hébron ne condamnera-t-il pas publiquement l’attentat du Bus n°2 à Jérusalem le 19 août 2003 ayant fait 23 morts et commis par un imam de Hébron ?
6 « Au regard de la plus ancienne tradition juive, un État juif ne saurait qu’être démocratique, tout autre formule lui étant contraire. La désignation y compris du monarque y était consécutive au plébiscite populaire, et la séparation des ordres du pouvoir, la règle la plus absolue ». Georges Sarfati. http://controverses.fr/pdf/n15/sarfati15.pdf
7 Expression apparue pour la première fois dans trois textes de lois, au début des années 90 : la « loi sur les partis politiques » (1992) et les lois fondamentales sur « la liberté professionnelle » (1994) et sur « la dignité et la liberté de l’individu » (1994). En l’an 2000, la loi de 1953 sur l’Éducation nationale est amendée afin d’y inclure « les valeurs d’un État juif démocratique ». En 2002, la loi sur la « Knesset » est modifiée : chaque parti qui se présente aux élections doit dorénavant accepter la définition officielle d’Israël comme État juif démocratique.
8 « Aux origines du conflit israélo-arabe » – Georges Bensoussan – Entretien avec Natacha Polony
à la 38’39, GB : « Forcement une solution quelle qu’elle soit sera une solution violente. C’est-à-dire qu’il y aura des déplacements de population. Des Juifs vers des zones juives, des Arabes, vers des zones arabes. Mais ça, c’est préférable a la guerre. Toute solution est préférable a la guerre, parce que sinon on aura la guerre a perpétuité… ».
9 En décembre 2022, Ayman Oudeh a rencontré le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Gutterres, dans le dos des autorités israéliennes… Cette rencontre a été organisée avec l’Autorité palestinienne et sans en référer ni au ministère israélien des Affaires étrangères, ni à l’ambassadeur israélien aux Nations Unies : « Guilad Erdan n’est pas notre représentant » a-t-il tenu à préciser.
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moins de 500 000 personnes… sur 2 millions
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Excellent résumé de la situation. Quel pourcentage de la population arabe en Israël serait concerné par la « solution Lieberman »?
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