Israël : Un coup d’État moderne se passe de fusils

Moshe Abitbol Radman

[1ᵉʳ août 2023]

Mauvaise foi au pays de Salomon

Suite à la plainte de Miri Regev, ministre des transports, contre l’ancien Premier ministre Ehud Barak (Middle East Monitor), pour tentative de coup d’État, d’autres éléments viennent démontrer (s’il en était besoin) que la manipulation contre Netanyahou montée par ses adversaires battus, a déjà porté ses fruits, grâce, notamment à l’artillerie diplomatique lourde menée par les États-Unis.

À la grande satisfaction du Qatar, Joe Biden s’insurge contre la Knesset, le Parlement israélien, qui a osé voter la réforme judiciaire — pour laquelle il a été élu — à une très large majorité (64 sur 120 députés au total, dont 56 se sont abstenus) (Aljazeera).

La France, qui recourt au 49.3 pour court-circuiter sa propre assemblée, critique et conseille la démocratie israélienne (le Figaro).

Les opinions mondiales ont été persuadées (sans mal !) que la réforme judiciaire déjà tentée par la gauche quand elle était au pouvoir, n’avait en réalité d’autre motif que de soustraire Netanyahou à la justice. La manœuvre n’avait pas pour but de mener le Premier ministre au tribunal, mais de l’obliger à démissionner. Cela a échoué et aujourd’hui, tous les chefs d’accusation sont tombés, sauf deux qui sont des délits mineurs.

Mais les stratèges comptent sur la rue, saoule de carnavals en costumes de servantes écarlates et de Robins des bois à pancartes sponsorisées, pour conduire le pays à la ruine économique et renverser le gouvernement. Si le spectacle est un classique des pays communistes (Venezuela en tête), cela n’avait encore jamais été mis en scène dans la seule démocratie du Moyen-Orient.

Les manips derrière les manifs

C’est chose faite. Moshe Abitbol Radman, un des leaders médiatisés par le mouvement s’en est même vanté dans une interview (Hidabrut) : l’objectif n’est pas d’obtenir le retrait de la réforme judiciaire mais de faire tomber le gouvernement. Comment s’y prendre dans une démocratie alors qu’aucune élection n’est prévue à court terme ? interroge le journaliste.

Fastoche ! On détruit l’économie en convainquant les investisseurs d’aller porter leur argent ailleurs. L’effet domino provoquera une chute de l’économie, avec effondrement de la Bourse, inflation, et comme nous continuerons d’exciter le public pour qu’il descende dans la rue, les services de sécurité seront débordés.

« J’espère que je vais réussir à convaincre tout le monde que désormais l’objectif est de faire tomber le gouvernement, car ce gouvernement a signé sa propre délégitimation. »

En réponse, Betsalel Smotrich, ministre des Finances, a fait observer que ni S&P ni Moody’s, les deux principales agences de notation, ne s’en prennent aux conséquences de la réforme judiciaire. Ce qu’ils incriminent, ce sont les manifestations, qui peuvent mener à l’instabilité.

Comme il est religieux, Smotrich croit au Père Noël et espère que« L’opposition doit condamner les acteurs comme lui qui font du tort à Israël et venir dialoguer sincèrement pour parvenir à une entente, pour réparer ce qui doit l’être dans le système judiciaire et renforcer l’économie israélienne (LPH Info). »LM♦

Liliane Messika, MABATIM.INFO


En savoir plus sur MABATIM.INFO

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

3 commentaires

  1. Cher Dov ,
    Bibi n est pas elu , il est intronisé par sa capacité a reunir une majorité a la knesset , et je pense qu il aurait preferé une coalition plus  » centriste » mais il s est fait tant d ennemis irreductibles que cela s est revelé impossible .
    Je pense qu il a fait plusieurs combats de trop et qu il aurait du passer la main , mais pour cela il aurais du aider ses dauphins a grimper , et , lui a preferé les flinguer methodiquement !
    La situation est tragique car cet homme qui a fait beaucoup pour son pays detruit actuellement une partie de son heritage .
    Il faut savoir se retirer , ce qui lui est impossible , semble t il .

    J’aime

  2. Chere Liliane ,
    Permettez moi d emettre quelques reserves sur ce texte .
    Bibi s est allié avec l extreme droite non par conviction mais parce que c est la seule possibilité pour lui d acceder de nouveau au pouvoir , car il a trahi tellement de monde qu il ne compte que des ennemis ailleurs .
    La reforme judiciaire , au demeurant parfaitement justifiée est tellement mal menée qu on se demande si le gouvernement y tient vraiment .
    D autres part des changements lourds du mode de fonctionnement de la societe israelienne semblent se profiler derriere , mettant en cause la vie des  » hilonim » qui constituent la majorité de la population et l electorat centre droit du likoud .
    Le likoud , lui meme commence fort a renacler devant tant de maladresses accumulées .
    Bien evidement , la gauche et les  » ong » fort mal intentionnées et lourdement orientées on sauté sur l occasion , le monde bobo tel avivien a lancé l action avec ses gros moyens financiers et il a entrainė une partie non negligeable du monde des affaires .
    Avec le jusqu au boutisme qu on lui connait la societe israelienne reagit brutalement et cela devient choquant et angoissant .
    Bibi est coincé car il ne peut pas echanger ses amis de circonstance Smotrich et Ben gvir contre des Gantz ou Lapid qui sont plus proches politiquement mais ne veulent plus de lui , donc il fait l autruche et laisse le pays s enfoncer confirmant ainsi a tous qu il a fait un combat de trop et devrait quitter la scene une fois pour toute .

    J’aime

    • Cher Thierry,
      Si Gantz et Lapid ne veulent pas de Bibi, quel choix reste t il a ce dernier, lui qui a été mieux élu que jamais ? Qui comprend la position de ces deux opposants dans la réforme judiciaire? Jamais ils n’ont émis la moindre proposition autres que le retrait ou l’ajournement, malgré leurs déclarations antérieures en faveur d’une réforme. Au lieu d’utiliser la knesset et ses commissions où la parole est libre et publique, ils ont préféré des discussions obscures sans public sous les auspices du président de l’État (de quoi se mêle t il celui là?). La majorité à accepté ces discussions qui n’ont rien donné, et malgré les assurances du président, on ne sait pas qui les a torpillées.
      Mais le plus important est que ni Gantz ni Lapid ne se sont montrés capables de contrôler les manifestations, comme l’avait si bien fait en son temps l’extrême gauche française avec les Gilets jaunes. Mais les manifestations en IL, contrairement aux GJ, sont très bien organisés et conceptualisées depuis au moins 3 ans par qq leaders dont Ehud Barak, Mme Bressler et un 3e dont le nom m’échappe (vidéos de ces 3 de 2020 disponibles), et dont les intentions sont troublantes. Bibi n’est certainement pas exempt de critiques, mais s’il n’avait pas eu le cran d’aller jusqu’au procès puisque l’acte d’accusation (qui s’effondre sous nous yeux) contre lui était destiné à le faire démissionner (cf Rony Alcheikh, ancien chef de la police), le public n’aurait jamais su de quoi sont capables certaines institutions en IL.

      J’aime

Laisser un commentaire. Il sera visible dès sa validation.