Des enseignants et des élèves juifs sont victimes d’insultes, qui font souvent référence à Hitler, aux nazis et à l’Holocauste.

Tom Ball, Correspondant Nord, The Times

[3 Août 2023]

L’antisémitisme se développe dans les écoles, un quart des incidents racistes étant commis par des enfants.

Sur les 415 incidents haineux antijuifs enregistrés au cours du premier semestre de cette année et pour lesquels l’âge de l’auteur était indiqué, 103 ont été perpétrés par des personnes de moins de 18 ans, dont beaucoup dans des écoles, selon les données compilées par le Community Security Trust (CST), une organisation caritative qui vise à protéger les Juifs britanniques de l’antisémitisme et des menaces qui y sont liées.

Les chiffres montrent une augmentation d’année en année de l’antisémitisme chez les enfants, avec seulement un incident sur six en 2019 ayant été commis par une personne de moins de 18 ans.

Parmi les incidents, il y en a eu un à Gateshead en février, lorsqu’un élève d’une école non juive a proféré des insultes raciales à l’encontre d’un enseignant. En mars, dans une école primaire du Hertfordshire, un élève juif a été prié de s’asseoir à une table pour découvrir qu’un autre élève avait dessiné une moustache hitlérienne sur son propre visage avant de dire à l’élève juif qu’il devrait avoir peur.

En avril, deux jeunes filles quittaient un gymnase à Barnet, au nord de Londres, lorsqu’elles ont été accostées par un groupe de filles d’une autre école qui les ont agressées verbalement après avoir remarqué que l’une des victimes portait un collier en forme d’étoile de David. Les agresseurs ont ensuite jeté des pierres et ont continué à crier et à jurer sur les victimes alors qu’elles s’enfuyaient.

Le rapport du CST indique que la nature de l’antisémitisme dans les écoles est en train de changer. Selon les auteurs, alors que les années précédentes, les incidents avaient tendance à être liés à des évènements d’actualité tels que le conflit israélo-palestinien, les abus font désormais plus souvent référence à Hitler, aux nazis et à l’Holocauste.

Dave Rich, directeur de la politique de la CST, a déclaré :

« Il est prouvé que l’antisémitisme est un phénomène de plus en plus répandu dans le monde ; il est prouvé que les théories du complot antisémite sur les Juifs sont plus populaires chez les jeunes que chez les générations plus âgées, tout comme les théories du complot de toutes sortes. Et, bien sûr, ces récits se répandent facilement sur les médias sociaux utilisés de manière omniprésente par les jeunes. »

Au cours des dix dernières années, la haine antijuive a augmenté de façon spectaculaire, avec 223 incidents enregistrés au cours du premier semestre 2013 contre 803 cette année. Le nombre le plus élevé de cas enregistrés, 1 371, a été observé en 2021, ce qui serait dû au conflit entre Israël et Gaza en mai de cette année-là.

Tous âges confondus, les cas de haine antisémite signalés cette année ont diminué de 2 % par rapport au premier semestre de l’année dernière. Toutefois, les abus en ligne ont augmenté de 36 %, ce que l’organisation caritative attribue au rachat de Twitter par Elon Musk en octobre et à la modification subséquente de ses politiques en matière de traitement des contenus préjudiciables. Sur les 210 signalements d’abus en ligne, 64 % ont eu lieu sur Twitter. TB♦

Tom Ball, The Times