Les accords d’Oslo ont 30 ans : « Ne chantez pas une chanson pour la paix. Dites plutôt une prière ! »*

[30/8/2023]

Rabin, Peres et Arafat reçoivent le prix Nobel de la paix. Photo : Yaakov Saar/GPO

J’ai grandi à gauche, avec le sentiment que j’avais toujours raison, mais celui qui veut toujours avoir raison ne devrait pas tomber amoureux de ses erreurs et Oslo était une erreur.

* Clin d’œil à une célèbre chanson de la variété israélienne des années 1970, Le chant pour la paix (שיר לשלום), où il était dit de NE PAS réciter de prière pour que la paix arrive (NDLR).

En octobre 2009, moins d’un an après son entrée en fonction en tant que président des États-Unis, Barack Obama a reçu le prix Nobel de la paix. Les arguments étaient vagues dans leur nature, mais superlatifs dans leur enthousiasme, car Obama n’avait encore fait la paix nulle part. Il y a quand même eu une déclaration d’intention. En mai, le nouveau président a rencontré le roi Abdallah de Jordanie, le président israélien Shimon Peres, puis le Premier ministre Netanyahu, ainsi que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. La direction d’Obama pour la paix était claire : déclarer son soutien à un État palestinien dès son premier discours international, à l’Université du Caire.

Le comité du prix Nobel a été très impressionné, car parfois le discours même de « paix » remplit l’âme d’un sentiment d’exaltation, sans parler de l’euphorie de « l’espoir ». La réalité est parfois trop déprimante, et puis, qui n’aime pas la paix ? Bien que le raisonnement du comité ne prétende pas que les réunions et les discours d’Obama ont effectivement apporté la paix entre Israël et les Palestiniens, le Président américain a réussi à capter l’attention du monde et à présenter à ses résidents l’espoir d’un avenir meilleur. Sa diplomatie est basée sur la conviction que les gens qui dirigent le monde devraient le faire sur la base de valeurs et d’attitudes partagées par la majorité de sa population. Et c’était écrit sur papier et proclamé à haute voix, les rêveurs pouvaient croire que la simple élection d’un président noir à la présidence des États-Unis était une solution miraculeuse à tous les problèmes.

אובמה עם פרס הנובל. פתרון פלא לכל הבעיות ,
Obama prix Nobel. Une solution miraculeuse à tous les problèmes,

Obama n’a pas été le premier à recevoir le prix Nobel en raison de mots qui ont séduit les auditeurs et en raison d’un soutien bien formulé à la solution à deux États. En 1994, Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat l’ont obtenu pour les accords d’Oslo, un an après leur signature et avant qu’il ne devienne clair que la joie était prématurée et que de belles cérémonies de signature et même des prix glanés en Suède ne pouvaient pas résoudre tous les problèmes du monde, sans parler des meurtres palestiniens contre les Juifs.

Lorsque vous êtes contraints par les termes même de l’accord, manifestement en train d’échouer sur le terrain, d’abandonner la définition d’« ennemi », vous êtes coincé dans une zone grise où règne ostensiblement la paix par prix Nobel accordé.

Les accords d’Oslo ont été rédigés secrètement dans le dos du Premier ministre Yitzhak Rabin et en violation de la loi. La gauche israélienne a toujours pensé qu’elle savait comment faire la paix correctement, avec le slogan approprié : « La paix se fait avec des ennemis ».

Malheureusement, la gauche adhérait alors, et adhère encore aujourd’hui, à deux croyances de base dont la justesse est discutable :

– La première est que le conflit israélo-palestinien est un différend géographique et que, par conséquent, un tracé réussi des frontières le résoudra correctement ;

– La seconde est que le conflit a une solution. Après quoi, ils déposeront leurs armes et iront faire du shopping à Tulkarem.

Toujours coupable

Les gens comme moi, nés et élevés à gauche, avaient deux options pour se référer à Oslo. L’une consistait à accepter la rhétorique utopique et à rejeter la réalité. L’autre était de reconnaître le fait que les accords n’ont apporté ni la paix ni la sécurité, et de remettre en question la définition géographique et la solution proposée – « terre contre paix ».

Le chemin du questionnement a conduit à examiner de plus près comment les accords d’Oslo nous ont été vendus avec l’enthousiasme des media, qui ont pris soin d’ignorer tout ce qui ne correspondait pas à la vision et ont traité les attaques comme un malheureux accident dans un processus positif. Personnellement, et pas du tout politiquement, j’ai commencé à garder mes distances avec les bus, de peur qu’ils n’explosent avec moi dans ou à côté d’eux.

Ayant grandi à gauche, j’avais moi aussi le sentiment d’avoir toujours eu raison. Mais pour celui qui veut toujours avoir raison – il vaut mieux ne pas tomber amoureux de ses erreurs. Et Oslo était une sacrée erreur. Mais oh, et la paix! Et oh, et l’espoir ! ont conforté l’obsession de la gauche à s’en tenir à ses erreurs à tout prix, préférant les faux espoirs et la fausse paix à la gestion des vagues d’attaques terroristes et les déclarations explicites d’Arafat selon lesquelles Oslo est, en ce qui le concerne, une autre étape sur la voie de la destruction d’Israël. D’une manière ou d’une autre, j’ai raté le coche pour distribuer des utopies, alors les graines du doute ont été plantées et enracinées à chaque attentat suicide. Et après le désengagement1, j’avais déjà un pied et demi dehors.

כפר דרום במהלך "ההתנתקות". כבר הייתי רגל וחצי בחוץ ,  יוסי זמיר/לע"מ
Kfar Darom pendant le « Désengagement ». « J’avais déjà un pied et demi dehors »

Un camp politique peut faire une erreur avec de bonnes intentions. Mais refuser d’admettre une erreur est une maladie que je ne voyais pas l’intérêt d’attraper. J’ai vu une haine meurtrière dont je ne pouvais pas être convaincue qu’elle provenait d’un différend frontalier. Et j’ai vu une gauche qui s’obstine à s’enthousiasmer pour des rituels, des documents, une croyance obstinée dans une stratégie qui échoue, échec après échec, mais refuse de reconnaître l’échec et de le remplacer par autre chose.

La seule chose qui a changé, c’est la rhétorique :

« Nous sommes ici – ils sont là » a été remplacé par « deux États pour deux peuples », plus un saut qualitatif sur le fait qu’un État sera judenrein, et que dans l’autre – il sera possible de continuer à se battre pour un État de tous ses citoyens.

De l’autre côté, il y a la dystopie : un État binational et l’apartheid. Il n’y a pas d’autres options. Soit un rêve, soit un cauchemar. Mais le cœur d’Oslo reste le même : nous mettrons une limite et tout ira bien. Nous quitterons Gaza et la terreur cessera. Le même refrain insistant, le même chant pour la paix, la même indulgence dans les slogans et les explications sociologiques : c’est à cause de la géographie, c’est à cause de l’occupation, c’est à cause de la pauvreté, c’est à cause du désespoir, et surtout, c’est à cause de nous.

La guerre, on la fait avec les ennemis

Oslo est une carcasse gigantesque coincée au cœur de la politique israélienne, un monument en ruine à l’utopie gauchiste qui insiste toujours sur sa justesse. Grâce aux accords d’Oslo, la conscience de l’ennemi qui nous a fait agir contre les Palestiniens a été effacée. L’Autorité palestinienne n’est plus un ennemi mais une sorte d’allié.

Un allié qui paie des salaires aux meurtriers de Juifs, mais un ennemi ? Tout d’un coup.

Lorsque vous êtes contraints par les termes même de l’accord, manifestement en train d’échouer sur le terrain, d’abandonner la définition d’« ennemi », vous êtes coincé dans une zone grise où règne ostensiblement la paix par prix Nobel accordé, des pauvres Palestiniens, mais aussi avec plus de deux cents Israéliens assassinés dans les quatre ans qui ont suivi la signature, puis des missiles de Gaza, et parfois une guerre de portée limitée que tout le monde insiste pour appeler « opération ».

Après tout, non seulement la paix se fait avec les ennemis, mais la guerre aussi se fait avec les ennemis. Et comme nous n’avons pas d’ennemi palestinien, il n’y a donc pas de guerre non plus.

Et c’est aussi une sorte de « paix », non ? IL

Irith Linor, Israel Hayom


1 Sortie d’Israël de Gaza en 2005, dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées (NDLR)

Traduction/adaptation : MABATIM.INFO


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4 commentaires

  1. […] Le comité du prix Nobel a été très impressionné, car parfois le discours même de « paix » remplit l’âme d’un sentiment d’exaltation, sans parler de l’euphorie de « l’espoir ». La réalité est parfois trop déprimante, et puis, qui n’aime pas la paix ? Bien que le raisonnement du comité ne prétende pas que les réunions et les discours d’Obama ont effectivement apporté la paix entre Israël et les Palestiniens, le Président américain a réussi à capter l’attention du monde et à présenter à ses résidents l’espoir d’un avenir meilleur. Sa diplomatie est basée sur la conviction que les gens qui dirigent le monde devraient le faire sur la base de valeurs et d’attitudes partagées par la majorité de sa population. Et c’était écrit sur papier et proclamé à haute voix, les rêveurs pouvaient croire que la simple élection d’un président noir à la présidence des États-Unis était une solution miraculeuse à tous les problèmes. …SOURCE  […]

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  2. Merci pour votre sincérité, dans les temps qui courent peu en sont capables. La bonne volonté ne suffit souvent pas pour règler des problèmes majeurs tels que la paix. Je sais que je parle à une personne convaincue qui a fait l’expérience douloureuse du mensonge et de la trahison …
    L’erreur première c’est sans aucun doute d’avoir fait confiance à un non-peuple ! Il n’y a pas de peuple palestinien, et il n’y en aura jamais. C’est dur à dire, mais c’est la vérité ! Tout le reste sont des mots qui se construisent pour créer une fausse histoire, et cette histoire sans cesse répétée ne créera jamais la vérité cela restera toujours un mensonge. Il y a toujours un autre problème aussi, c’est d’accepter la dimension spirituelle d’Israël qui est un peuple unique avec un destin unique et ne pas le reconnaître, et surtout ne pas l’assumer est une grande erreur malheureusement …
    Je sais que pour nombre de personnes je m’aventure sur un terrain miné, mais là aussi c’est une vérité, un avenir proche nous l’apprendra, ce sera dur au début mais je puis vous assurer que cela débouchera vers une vraie et totale délivrance. En attendant espérons qu’une grande partie de la gauche commence à voir clair et comme vous, voit cette triste vérité comme le dit si bien la Torah … Pas de paix pour les méchants.
    (Yésha’yahou 48-22)
    Sincères salutations.

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  3. « On peut contredire le slogan de Rabin : on ne « fait pas [la paix] avec des ennemis répugnants », mais plutôt avec d’anciens ennemis répugnants, autrement dit avec des ennemis vaincus … les guerres s’achèvent, l’histoire le montre, non par des gestes de bonne volonté, mais par des défaites. Celui qui ne gagne pas perd.
    Les guerres se terminent généralement lorsque l’échec entraîne le désespoir d’une des parties, lorsque celle-ci renonce à ses objectifs de guerre et accepte sa défaite et que la défaite a épuisé sa volonté de combattre. A l’inverse, tant que les combattants espèrent atteindre atteindre leurs objectifs de guerre, les combats se poursuivent ou restent susceptibles de reprendre ».
    Daniel Pipes, Commentary, janvier 2017.

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    • Bravo Dov d avoir rappelé cette brillante reflexion.
      Les arabes de cette region ( dits palestiniens) doivent inscrire dans leurs livres d histoire une raclée historique qui les marquera pour des generations et leur donnera enfin le gout de la paix ! Tant que des demi mesures seront prises avec des pincettes en se bouchant le nez , on continuera a tourner en rond avec ces apprentis guerriers , juste capable d egorger leurs voisins .
      N oublions pas la reddition pitoyable de leur heros Barghouti qui s est pissé dessus au lieu de combattre .
      Leur principale force c est notre mansuetude delirante , il faut les vaincre sans pitié et leur offrir , en meme temps une issue pacifique et portée vers l avenir .
      A ce jour nous n avons fait ni l un ni l autre .

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