Israël : nouvelle victoire du « Deep State » contre le peuple et ses représentants

[5 janvier 2024]

Gaza 5/1/24 : « Cour suprême, vous nous affaiblissez »

La décision scandaleuse rendue par la Cour suprême cette semaine a une double signification, politique et juridique. Juridiquement, elle signifie pas moins qu’une « Deuxième Révolution constitutionnelle », dont les conséquences sont encore plus étendues que celles de la première, menée par le juge Aharon Barak dans les années 1990 (que j’ai relatée dans mon livre Quelle démocratie pour Israël ?).

À l’époque, il s’agissait de faire de la Cour suprême le « premier pouvoir » en Israël, en lui donnant un pouvoir d’annulation des lois et actes de l’administration et une compétence de contrôle constitutionnel la plus large possible, qu’aucune loi ne lui avait jamais conférés, et en la plaçant ainsi au-dessus de la loi et de la Knesset.

La Deuxième révolution constitutionnelle – celle de la juge Esther Hayot, qui marche dans les pas de son maître Barak dont elle est la fidèle disciple – va encore plus loin. Elle donne en effet à la Cour suprême un pouvoir sans équivalent dans aucune démocratie au monde, celui d’invalider des Lois fondamentales, ayant une valeur supra-législative et quasi-constitutionnelle.

En termes simples, la Cour suprême devient ainsi un « super-législateur » et un pouvoir supra-législatif et supra-exécutif, qui peut désormais annuler toute décision, toute loi et toute Loi fondamentale : son pouvoir est sans aucune limite.

Le gouvernement des juges atteint un niveau sans précédent, au détriment du pouvoir des élus, réduit à la portion congrue.

Politiquement, cette monstruosité juridique signifie que le « Deep state » israélien vient de porter – en plein milieu d’une guerre existentielle dont l’enjeu est la survie de l’État juif, un coup sans précédent à la démocratie et à l’équilibre des pouvoirs. La seule considération qui a guidé la juge Hayot – et les 12 juges qui ont voté en faveur du pouvoir théorique d’annulation de Lois fondamentales – était celle d’accroître encore les pouvoirs déjà exorbitants de la Cour suprême. Comme l’écrivait la commentatrice israélienne Caroline Glick,

« l’usurpation du pouvoir des élus par “l’État profond” au cours des trois dernières décennies est la question politique la plus brûlante en Israël aujourd’hui ».

Ce diagnostic toujours actuel revêt une gravité décuplée alors que les ennemis extérieurs menés par l’Iran et la Russie ont imposé à Israël la guerre la plus longue de son existence depuis 1948. La Cour suprême s’est ainsi rangée définitivement dans le camp de ceux qui affaiblissent Israël face à ses ennemis. PL♦

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem


En savoir plus sur MABATIM.INFO

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

4 commentaires

  1. Bonjour
    8 juges contre 7 ont voté l’annulation de l’amendement à la Loi fondamentale sur la clause de raisonnabilité
    12 juges ont voté pour le principe même de l’annulation d’une Loi fondamentale par la Cour suprême (ce que je considère comme encore plus grave).*
    Je vous renvoie à mon interview sur Qualita la semaine dernière
    https://www.youtube.com/watch?v=Yij3NftBjVo
    Pierre Lurçat

    J’aime

  2. Pour pierre Lurcat
    Je ne comprends pas le détail du dernier vote à la CS
    Il y a 15 juges
    Certaines informations font état d’un vote 8 pour l’annulation de la loi et 7 contre l’annulation
    Pierre lurcat parle de 12 votes en faveur de l’annulation d’une loi findalentale (?)
    Or il y a eu 2 votes si je ne me trompe
    1 vote pour la loi supprimant la clause d’irraisonnabilite
    Et 1 vote pour la loi empêchant la destitution du premier ministre en exercice .
    Pouvez vous préciser pour chaque vote:
    1/L’objet du vote
    2/Et le détail du vote combien pour et combien contre
    De plus comment se fait il qu’Esther hayot soit encore la ?
    Elle devait prendre sa retraite en octobre 2023 .
    On n’y comprend rien.

    J’aime

    • PS je précise que cela signifie que 5 des 7 juges qui ont voté contre l’annulation de la Loi fondamentale se sont prononcés pour le principe même du droit d’annulation d’une Loi fondamentale par la Cour suprême

      J’aime

Répondre à Pierre Boccara Annuler la réponse.