Union Européenne : un sacré Borrell

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell accuse Israël d’avoir « créé » et « financé » le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza et à l’origine du pogrom sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien (le monde et l’AFP, 20 janvier 2024).

Qui est Josep Borrell ?

Membre du parti socialiste espagnol, ancien ministre, il est élu au parlement européen dont il prend la présidence en 2004, et en 2019, il est nommé « Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité ». En somme le ministre des Affaires étrangères de l’Europe.

Il est également un fidèle de la politique du gouvernement socialiste espagnol de Pedro Sanchez laquelle soutient, contre Israël, le « Réseau de solidarité contre l’occupation de la Palestine ».

« Josep Borrell dit ouvertement que la création d’un État palestinien est à la fois le moyen et la fin du processus – toutes les autres questions gênantes, telles que la paix, la prospérité et la sécurité sont secondaires » (Euronews, Ohad Tal).

On sait que l’Espagne a converti de force les Juifs en 1492, les a massacrés, expulsés. On sait moins que les persécutions des Juifs ont commencé en Espagne dès le 3 concile de Tolède en l’an 589. Elles se sont poursuivies jusqu’à l’invasion arabo-musulmane. Les Juifs ont alors subi l’esclavage, l’enlèvement des enfants et la dhimmitude1. Cette situation perdura jusqu’à la Reconquista2 et s’acheva par le rejet des Maures, l’inquisition, l’expulsion et le génocide des Juifs.

Deux mille Juifs vivaient en Espagne au commencement du 20 siècle, dans la plus grande discrétion.

En juillet 1936, quatre généraux déclenchèrent un coup d’État contre le gouvernement républicain. Le général Franco en prit la tête. La guerre d’Espagne se prolongea jusqu’en avril 1939. L’armée franquiste comprenait une forte proportion arabo-berbère, les « Moros », les Maures de 70 000 à 100 000 soldats, selon les historiens3, issus des colonies espagnoles.

Pour défendre la démocratie espagnole contre le fascisme et le nazisme, environ 40 000 volontaires étrangers s’engagèrent dans les brigades internationales. Près d’un tiers étaient juifs.

Ainsi partirent, de la Palestine sous mandat britannique, 400 volontaires. Tous étaient juifs. Sauf quatre arabes qui étaient marxistes, membres du Poale Zion, du syndicat Histadrout4 ou du parti communiste et qui parlaient yiddisch. Ils furent nombreux parmi les « Palestiniens5 » à ne pas revenir.

Les Maures furent pour Franco de la chair à canon mais aussi une arme de terreur contre les Espagnols.

De nombreux actes de barbarie ont traumatisé la population ibérique : seins coupés, viols, yeux arrachés, membres coupés, corps brûlés vifs, décapitations, éventrations, mutilations6. Ces actes de sauvagerie étaient pratiqués couramment dans les guerres coloniales espagnoles7.

On a vu des actes similaires contre les musulmans par le FIS dans l’Algérie indépendante des années 1970 ou en Israël au cours des massacres du 7 octobre 2023.

Si peu nombreux qu’aient été les Juifs en Espagne, ils eurent néanmoins à subir l’antisémitisme et la dénonciation du complot judéo-maçonnique par la propagande franquiste. Les phalangistes8 pillèrent les magasins et rançonnèrent les Juifs.

En 1940, un décret interdit l’exercice du culte juif.

Des liens étroits furent établis entre la Gestapo et la Seguridad, police politique du régime franquiste. Des personnalités juives furent arrêtées. Les phalangistes réclamèrent à plusieurs reprises l’éradication sur la péninsule de toute présence juive. Une des preuves significatives de l’antisémitisme du régime franquiste fut la création d’un fichier juif par la Seguridad, fichier destiné à assurer la surveillance des Juifs résidant en Espagne, notamment des séfarades, en raison de la « dangerosité de leur race ». Ce fichier était encore utilisé dans les années 19509.

Après la 2 guerre mondiale, l’Espagne isolée a cherché à renforcer ses liens avec les pays arabes dans une stratégie dite « de substitution » qui se prolongea durant toute la dictature de Franco. À cause de ses liens avec l’Allemagne nazie, l’Espagne n’a reconnu Israël qu’en 1986 difficilement car comme le disait le comte de Motrico, ministre des Affaires étrangère,

« si l’Espagne reconnaît Israël tout le monde arabe se retournera contre elle ».

De nos jours, la communauté juive représente environ 0,3 % de la population espagnole.

En 2020, le parti « néo-marxiste radical » Podemos a intégré la coalition gouvernementale dont M. Josep Borrell est membre. Podemos encourage le boycott d’Israël comme il encourage l’antisémitisme. Une de ses responsables, Sonia Vivas a déclaré que

« les Juifs devraient être tenus responsables du soutien à Israël ».

Le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias, a appelé Israël « un État criminel… un pays illégal… » et il aurait déclaré :

« Wall Street est presque entièrement dans les mains des Juifs… Le lobby juif soutient les initiatives contre les peuples du monde ». Podemos a déclaré les 55 villes qu’elle dirige« zones débarrassées de l’apartheid israélien », rappelant les zones « Judenrein »(purifiées des Juifs) du programme nazi.

L’Espagne d’aujourd’hui est-elle antisémite ?

Bien qu’une forte proportion des Espagnols soit supposée avoir des ascendances juives, ils ignorent tout des juifs et du judaïsme. Mais le gouvernement espagnol est clairement favorable aux thèses arabes. Comme en France, les partis d’extrême gauche affichent ouvertement leur antisémitisme. Les thèses antisémites font leur réapparition chez les indépendantistes basques et catalans10. Des ministres réclament la rupture des relations diplomatique avec Israël11, les vols d’El Al ont été suspendus. L’ambassade d’Israël à Madrid a appelé le président espagnol Pedro Sanchez à condamner les « déclarations honteuses » de certains membres de son gouvernement qui ont choisi de « s’aligner sur le terrorisme » du Hamas. Le ministre des Affaires étrangère espagnol José Manuel Albares a refusé.

M. Josep Borrell a déclaré : « Israël a créé le Hamas »

Cette accusation mensongère est absurde et ridicule. Le Hamas est la branche palestinienne des Frères Musulmans. Les Frères Musulmans ont été créés par Hassan al Banna en 1928, en Égypte. Ils ont assassiné des membres du gouvernement et ont tenté d’y prendre le pouvoir.

La force militaire des Frères Musulmans a fait ses premières armes contre les Britanniques et les Juifs en Palestine mandataire en 1936. Les Frères Musulmans ont envoyé des troupes participer à l’insurrection arabe de Palestine.

En 1945, Le gendre et héritier spirituel de Hassan al Banna, Saïd Ramadan, futur père de Hani et Tariq Ramadan est missionné pour créer une branche armée arabe du mouvement à Jérusalem. Elle a pour objectif de combattre le mouvement sioniste. Lors de la première guerre israélo-arabe de 1947-48, l’engagement des Frères musulmans se manifesta par l’envoi de volontaires pour « combattre les juifs ».

Les Frères Musulmans prirent à Gaza en 1987 le nom de « Hamas12 ». Fondé par Ahmed Yassine, Abdel Aziz al-Rantissi et Mohammed Taha, tous trois issus de l’organisation islamique des Frères musulmans, le Hamas comprenait une branche politique et une branche armée. Elle publia une charte appelant à la mort des Juifs, des Israéliens et des francs-maçons. Le Hamas a été fondé pour faire échec au Jihad islamique palestinien et rivaliser avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mouvement principalement laïc mené alors par Yasser Arafat. Il affiche clairement ses objectifs : éliminer Israël et anéantir les Juifs sont une étape dans l’établissement du califat et de la charia sur les territoires reconquis ou conquis par l’Islam.

Le Hamas a remporté la majorité aux élections législatives de 2006 de Gaza contre l’Autorité palestinienne.

Une guerre civile éclata entre le Hamas et le Fatah, en juin 2007, et le Hamas a pris le contrôle et imposé sa dictature sur la bande de Gaza.

Aucune mention n’est faite, contrairement à ce que dit M. Borrel, d’une participation d’Israël dans cette création.

Le Hamas est classé par l’Union Européenne comme une organisation terroriste.

Si le ministre des Affaires étrangères de l’Europe est crédule pour ce qui concerne la création du Hamas, il est sceptique quant à son rôle dans Gaza. Il ne croit pas aux preuves de la participation de membres de l’UNRWA aux massacres du 7 octobre ni à l’existence de salles de commandement du Hamas au sous-sol de ladite UNRWA, laquelle leur fournissait pourtant l’énergie nécessaire.

« Personne d’autre ne peut faire ce que fait l’UNRWA », a déclaré Josep Borrell lors d’une réunion des ministres du Développement de l’UE à Bruxelles (Reuters).

M. Borrell est-il aveugle et sourd ? En tout cas il est pacifiste. Il considère que la fourniture d’armes à Israël est une anomalie. Comme le gouvernement espagnol et les extrêmes gauches française, italienne, néerlandaise et espagnole,

M. Borrell demande aux États-Unis de « repenser » leur fourniture d’armes à Israël (Italy24 Press).

Un Israël désarmé devant ses ennemis qui veulent l’éradiquer serait sans doute pour eux une garantie de paix ?

Israël a financé le Hamas

Comment qualifier le ridicule du négationnisme de M. Josep Borrell. La seule chose que l’on puisse dire est qu’Israël a accepté que le Qatar aide le Hamas pour tenter d’améliorer la situation des habitants de Gaza. Grave erreur ! Cette aide a servi à financer les tunnels et l’armement du Hamas contre Israël.

Le Washington Post a révélé que 200 millions de dollars ont été collectés par des organisations caritatives pour l’aide humanitaire aux habitants de Gaza. Le Hamas, qui accapare ces dons, les utilise pour payer les salaires de ses membres, reconstituer ses stocks de roquettes et d’armes et financer des activités politiques dans le monde entier.

« Le magazine Forbes a révélé le 11 novembre dernier que le Hamas est la deuxième organisation terroriste la plus riche au monde. Elle n’est devancée que par l’État islamique ».

Ses capitaux proviennent essentiellement des aides internationales, ONU et divers pays, des ONG et associations dites caritatives, des impôts prélevés sur les habitants de Gaza, des méthodes utilisées par les organisations criminelles comme le trafic de drogue le vol et l’extorsion de fonds. Le Hamas a par ailleurs, développé un réseau de financement avec des investissements et des sources de revenus dans de nombreux pays.

Le New York Times a reporté que les fonds d’investissement du Hamas représentent une valeur de 500 millions de dollars, des documents découverts sur l’ordinateur d’un haut responsable ont révélé des sociétés d’exploitation minière, d’élevage de poulets et de construction de routes au Soudan, contrôlées par le Hamas, deux gratte-ciel aux Émirats arabes unis, un promoteur immobilier en Algérie et une société immobilière cotée à la bourse turque.

Des chercheurs américains ont révélé que pendant que se déroulait le pogrom du 7 octobre, des traders ont réalisé en quelques jours 862 millions de dollars de bénéfice sur les actions israéliennes en misant sur la guerre. Les dirigeants milliardaires du Hamas et leurs amis ont-ils fait de la guerre un instrument financier ? Il serait intéressant de connaître le nom de ceux qui ont profité de ce délit d’initié.

Selon le FMI, le PIB de territoires palestiniens est de 5 350 $ par habitant. Celui de Gaza se monte à 1 038 $, au 189 rang sur 192, après le Niger et avant le Liberia. Le budget militaire du Hamas n’a jamais cessé d’augmenter, passant de 15 % en 2014 à 55 %. En 2017, la dépense uniquement pour la construction des tunnels était évaluée à 150 millions de dollars.

Si la population de Gaza vit sous le seuil de pauvreté, les dirigeants du Hamas sont riches à milliards, leur fortune est comparable à celle de Donald Trump.

Plusieurs d’entre eux sont milliardaires en dollars dont Khaled Mechaal, Ismaël Haniyeh, Moussa Abou Marzouk, Yehya Sinwar, Mohammed Deif et Ayman Taha, etc.

Khaled Abu Toameh affirmait en 2012 que selon un rapport d’enquête publié dans le journal pan arabe Asharq al-Awsat, il y a, au moins, 600 millionnaires qui vivent dans la Bande de Gaza13 mais l’Autorité Palestinienne estime que le marché de la contrebande dans les tunnels a fait de 1700 hauts responsables du Hamas des millionnaires. Durant des années, ils ont prélevé d’importantes taxes sur le commerce clandestin et les marchandises entrant dans l’enclave. À cela s’ajoutent l’investissement dans la cryptomonnaie, l’immobilier à l’étranger, mais aussi le détournement de fonds caritatifs, ainsi que d’un soutien financier de bienfaiteurs privés et du soutien de divers pays dont l’Europe (Factuel).

Après le pogrom du 7 octobre, la présidente de l’Union européenne Mme Ursula van der Leyen a appelé au soutien à l’État d’Israël, mais il s’est trouvé au sein de l’Union des experts pour dire que

« Elle s’est montrée complice en soutenant cette position qui consiste à dire que le gouvernement israélien a été attaqué, que les territoires israéliens ont été attaqués et qu’ils ont le droit de se défendre14 »

.

Josep Borrell, lors d’une réunion d’urgence des 27 ministres des Affaires étrangères, a appelé au contraire à fournir une aide supplémentaire aux habitants de la bande de Gaza, sachant que c’est le Hamas qui en profite.

Plus le mensonge est gros, mieux il passe.

Ce précepte énoncé par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande de l’Allemagne nazie semble avoir été adopté par M. Borrell. Mais les allégations de M. Borrell sont au-delà du simple mensonge, ce sont des affirmations chimériques qui incitent à la haine et renforcent le terrorisme islamique.

La devise du Hamas qui déclare « la mort sur le chemin de Dieu est la plus éminente de ses espérances », rejoint les fascistes espagnols et leur sinistre « viva la muerte », vive la mort.

À l’inverse des républicains qui combattaient au cri de « no pasaran » ils ne passeront pas, et surtout des Israéliens qui déclarent en levant le verre de la résilience : « LeHaïm », à la vie. KF

Klod Frydman, MABATIM.INFO


1 Stigmatisation en Islam des Juifs et des Chrétiens.

2 La Reconquista est le nom donné à la période de l’histoire de la péninsule ibérique qui s’étend sur environ 780 ans entre la conquête omeyyade de l’Hispanie en 711 et la chute du royaume nasride de Grenade en 1492, restauration en Espagne des royaumes chrétiens.

3 Maria Rosa de Madariaga – « L’image et le retour du Maure dans la mémoire collective du peuple espagnol et la guerre civile de 1936 ».

4 Le Poale Zion est un parti marxiste et sioniste fondé au début du 20 siècle, la Histadrout est le principal syndicat de la terre d’Israël.

5 Ce sont les Juifs qu’on appelait Palestiniens, à l’époque.

6 Maud Joly, Dire la guerre et les violences : femmes et récits pendant la guerre d’Espagne

7 L’Espagne avait encore à la fin du 19 siècle et au 20 des colonies à Cuba, aux Philippines et en Malaisie, au Maroc, au Sahara espagnol et en Guinée équatoriale.

8 Fascistes espagnols, partisans de Franco.

9 Danielle Rozenberg, L’Espagne contemporaine et la question juive : Les fils renoués de la mémoire et de l’Histoire

10 Voir l’hommage au nazi basque Jon Mirande par le maire de Bilbao et des personnalités basques de diverses tendances, du parti nationaliste, du parti socialiste ou de l’évêché de Bilbao. Voir également l’histoire de la rupture du jumelage de Barcelone avec Tel Aviv par la maire de Barcelone avec le mouvement BDS.

11 Par exemple Ione Belarra, ministre espagnole des droits sociaux et Secrétaire Générale de Podemos.

12 Acronyme d’Harakat al-Muqawama al-islamiya (« Mouvement de la résistance islamique »)

13 Rapporté par le journaliste palestinien Khaled Abu Toameh : https://www.nuitdorient.com/n21107.htm

14 Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC.


En savoir plus sur MABATIM.INFO

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

3 commentaires

  1. tout est exact dans ce texte
    il faut simplement préciser que les troupes musulmanes marocaines de l’armée nationaliste espagnole franquiste pendant la guerre civile s’appelaient :les regulares
    il était interdit par Franco de les convertir au catholicisme alors que le catholicisme etait un des fondements du pouvoir franquiste.
    ils avaient un droit de pillage total de même que le droit d’abuser des prisonniers et prisonnières .
    le transfert au Maroc ,dans leur famille ,des produits de leurs pillages était organisé par les autorités franquistes elles mêmes.
    ce comportement rappelle fortement le comportement(abus sexuels sur hommes femmes et jeunes garçons ) des troupes coloniales musulmanes en particulier marocaines de l’armée française pendant la deuxième guerre mondiale en particulier pendant la campagne d’italie(maroquinades)

    J’aime

  2. le monde europeen/ chretien n en finit pas d essayer d effacer la trace juive que represente 100% de sa base culturelle .

    difficile d enterrer le pere , lorsque celui ci sort du tombeau pour reprendre sa maison abandonnée .

    le retour d Israel , le retour de la souveraineté juive a Jerusalem , c est de la dynamite placée sous les caves du Vatican , et donc une mise en cause totale et absolue du dogme chretien .

    J’aime

Laisser un commentaire. Il sera visible dès sa validation.