
Cette affiche qui pourrait illustrer une manifestation d’aujourd’hui est de 1943, du Parti Populaire Français
par Klod Frydman
[18 juin 2024]
Charismatique, ambitieux, orateur de choc, Jacques Doriot, surnommé le Grand Jacques, commença sa carrière à l’extrême gauche. Révolutionnaire professionnel, il devint secrétaire des Jeunesses Communistes. Sous sa direction les effectifs passèrent de 3 000 à 15 000 membres. Il travailla avec Trotski et fut souvent accusé de trotskisme par ses anciens camarades de parti.
Élu très jeune maire de St-Denis et député, il est remarqué lors d’une intervention sur la guerre au Maroc en 1925. il appela les soldats français à fraterniser avec l’ennemi. Quand en Syrie alors sous mandat français de la Société des Nations, des combats éclatèrent entre chrétiens et musulmans et que l’armée française fut attaquée, Doriot prononça le 20 décembre 1925 un célèbre discours :
« la Syrie aux Syriens ».
Il fut accusé de prendre le parti de l’ennemi et de se montrer « toujours anti-français ».
En 1934, Doriot entra en opposition avec la direction du Parti et en juin 1936, il soutint le Front Populaire à ses débuts. Il fonda le Parti populaire français (P.P.F.), un parti de type fasciste, c’est-à-dire fondé plus sur le culte du « chef » que sur une doctrine. Doriot exerçait une étrange fascination sur beaucoup d’intellectuels. Le PPF a compté jusqu’à 100 000 adhérents venus de la gauche, mais aussi de l’extrême droite.
Là s’arrête pour le moment la ressemblance.
En 1937, le parti populiste du Grand Jacques entreprit une dérive fasciste. À l’approche de la guerre, Doriot voulait favoriser l’immigration des musulmans, il rechercha leur soutien. Il demanda l’abrogation du décret Crémieux pour les Juifs algériens et fit campagne contre le soutien aux républicains espagnols. Il approuva les accords de Munich.
Collaborateur des nazis, il reprocha à Pétain son manque de fermeté dans son soutien à Hitler et fonda la LVF, Légion de Volontaires Français pour aider les nazis sur le front russe. Il combattit sous l’uniforme nazi.
Consécration, Hitler le chargea de former un gouvernement de collaboration franco-allemande, qui prit le 6 janvier 1945, le nom de « Comité de libération française ». Il fut tué en Allemagne, en février 1945, par un avion qui n’a pas été identifié. (résumé d’après le Maitron et le dictionnaire de l’Assemblée Nationale).
De gauche à droite : usurpations d’identité
À gauche :
« Du passé faisons table rase » chantent en chœur la France Insoumise et le Parti Communiste avec l’Internationale. Ils réinventent l’histoire.
L’alliance des partis de gauche reprend le nom mythique du « Front Populaire » de 1936. Elle se réfère à Léon Blum grande figure du socialisme, président du Conseil de juin 1936 à juin 1937 et de mars à avril 1938, puis président du Gouvernement provisoire de la République française de décembre 1946 à janvier 1947.
Le Front populaire en 1936 était une coalition de centre gauche, socialistes et radicaux. Le parti communiste le soutenait mais n’y participait pas. On lui doit d’importantes réformes sociales qui perdurent toujours. Mais sous l’influence des radicaux face aux marxistes, la structure de la société ne fut pas impactée.
La crise économique causa la chute du Front populaire.
Pour garder le pouvoir il eût fallu mettre en place un régime autoritaire. Léon Blum s’y refusa,
agressé qu’il était de toutes parts, principalement des attaques antisémites venant de la droite comme de la gauche.
Que disait le Parti Communiste :
« Les noms de Blum, Schuman, Moch et Mayer ne sentent bon ni la Beauce, ni le Berry, mais évoquent plutôt tout ce qui depuis des siècles exploite le labeur français, vit de la fatigue française, fait des fortunes sur la misère des Français », pouvait-on lire dans la presse communiste
Dans La Vie ouvrière, organe de la CGT, le directeur, Gaston Monmousseau, écrit le 4 janvier 1948 :
« Blum, en yiddish, veut dire“fleur”. […] la nature n’engendre pas que des fleurs bonnes à respirer. Blum appartient à la plus malsaine espèce : elle est corrosive, elle a déjà fait mourir plus de braves gens que tous les tyrans en dix siècles. On comprend qu’Hitler nous l’ait conservée ».
Aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon estime que Léon Blum en 1936 n’était « pas au niveau » de Manuel Bompard ou Mathilde Panot. Quel mépris et quelle ignominie.
« Léon Blum avait été attaqué au moins aussi violemment par le PCF que Raphaël Glucksmann par certains militants de La France insoumise », a dit à juste titre l’arrière-petit-fils du leader socialiste.
Du côté de LFI, on affirme ne pas être antisémite tout en soutenant le Hamas et la destruction d’Israël, du fleuve à la mer. Les Frères Musulmans ont trouvé en LFI des alliés qui les considèrent comme les nouveaux prolétaires. Avec eux ils feront la Révolution islamique car la culture du Hamas et des Frères Musulmans (c’est pareil) remonte à Rachid Rida, Hassan el Bana et Sayyid Qubt.
« Allah est notre objectif, le Prophète notre chef, le Coran notre Loi, le Djihad notre voie, la mort sur la voie d’Allah notre plus cher espoir ».
Leur but est l’établissement du califat sur la planète, l’obligation de la charia et la dhimmitude pour les infidèles.
La référence des alliés djihadistes palestiniens de LFI est toujours le mufti nazi de Jérusalem, Amine el Husseini recherché après la guerre comme criminel de guerre. Des écoles portent son nom. La France l’a protégé. Il voulait créer un camp sur le modèle d’Auschwitz pour exterminer les Juifs du Moyen-Orient.
Le Front Populaire était humaniste.
Le Nouveau Front Populaire est populiste.
Si la crise économique s’aggrave, il faut craindre que la France Insoumise et ses alliés d’extrême gauche et islamistes n’aient pas les retenues démocratiques de Léon Blum et que le culte du chef s’impose sur le modèle de Doriot et du PPF.
À droite :
Un Front National fut fondé en mai 1934 par l’union des ligues nationalistes qui s’opposèrent au Front Commun de la gauche lequel deviendra le Front Populaire. Ce Front National disparaîtra avec le développement du Parti Populaire Français de Jacques Doriot.
Le Front National de Jean-Marie le Pen a été fondé par Ordre Nouveau en 1972 avec des membres d’Occident, d’anciens collaborateurs comme Pierre Bousquet, Léon Gaultier, François Brigneau et d’anciens communistes comme Victor Barthelemy, André Dufraisse, ancien secrétaire de la CGT et le trotskyste Roland Gaucher.
Le Front National devint avec Marine le Pen et Jordan Bardella en 2018 le Rassemblement National, cherchant se refaire une innocence. Il reprend un nom qui sent le soufre.
Le Rassemblement National populaire fut un parti fasciste et collaborationniste fondé sous l’occupation allemande par Marcel Déat. Ses dirigeants provenaient majoritairement de la gauche pacifiste. Ce fut aussi le nom du parti d’extrême droite de Tixier-Vignancourt de qui Jean-Marie le Pen fut le directeur de campagne.
Qu’en sera-t-il du Rassemblement National d’aujourd’hui s’il parvient au pouvoir ?
Comme on le voit, des passerelles existent entre l’extrême droite et l’extrême gauche.
On sait que le culte du chef mène au fascisme.
Hitler, Franco, Mussolini, nous l’ont appris. Il semblait jusqu’ici l’apanage de la droite. Il est aujourd’hui partagé par toutes les tendances.
Au jeu d’échecs on appelle « zugzwang » une position qui oblige à jouer un coup forcément perdant. Il n’existe aucune bonne alternative.
Ne sommes-nous pas dans cette situation ? KF♦

Klod Frydman, MABATIM.INFO
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tout à fait d accord avec le dernier commentaire, il y a de l antisémitisme à droite comme à gauche. En attendant Macron nous a bien mis dans la « merde » et à nous de nous débrouiller avec ça.
Claude, qu auraient pensé Marie, Paulette et Cip de cette situation ?
je t embrasse,
Annette Gutnic/Swierczewski
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Ravi d’avoir de tes nouvelles. Tout à fait d’accord avec ton commentaire. On voit se profiler l’ombre d’Auschwitz. A l’époque, il y avait les nazis, le pacte germano-soviétique et au milieu Pétain. Encore plus compliqué et dangereux. Je pense que Marie, Paulette et Cip seraient à nouveau entrées en résistance. As-tu lu le livre de Chochana Boukobza sur les femmes d’Auschwitz-Birkenau ? Amitiés, Claude.
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Un bon retour sur l’histoire de ces mouvements de droite ou de gauche, qui se reproduisent ou perdurent, et reprennent de nos jours la force pour ressurgir et nous mettre devant un dilemme… La peste ou le choléra ?
Merci Klod !
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Comparaisons très pertinentes !
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L’antisémitisme n’est ni de droite ni de gauche, il est géographique: chrétien ou musulman. Il est inutile d’aller le chercher dans les origines politiques des dirigeants de droite ou de gauche, il est largement répandu des deux côtés: pour la droite un juif c’est la figure du révolutionnaire bolchévik, le couteau entre les dents, qu’on pense à Trotski, Zinoviev, Kamenev, Radek etc… Rosa Luxembourg, moins connue Marianne Cohn et aussi Ben Gurion, Golda Meir tous deux membre de Poale Tzion parti marxistes, fondateurs d’Israel. Bref, la droite a son lot de têtes de turcs juifs et communistes comme épouvantail. Pour la gauche le juif c’est la figure éternelle du capitaliste non producteur de richesse mais exploiteur de nations, je ne citerai qu’un nom Rothschild, mais c’est une dynastie. Bref, ne cherchez pas à nous expliquer qui sont les plus antisémites de l’élite des nations, ils le sont tous, ça dépend de où et quand.
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