Benjamin Nétanyahou, Churchill d’Israël

Par Pierre Lurçat
[25 juin 2024]

Comment l’histoire se rappellera-t-elle de Benjamin Nétanyahou, le dirigeant dont la longévité politique a déjà dépassé celle de David Ben Gourion, et dont le nom suscite une haine irrationnelle et quasiment religieuse ? Il est évidemment trop tôt pour répondre pleinement à cette question et pour dresser un bilan de l’ère Nétanyahou. Je me contenterai donc ici de donner quelques indications en vue d’un futur bilan, qui ne pourra être établi qu’après la guerre.

1. Tout d’abord, si notre petit pays est capable aujourd’hui de subir sans flancher la guerre terrible déclenchée le 7 octobre par le Hamas, le Hezbollah et l’Iran, c’est parce que nous avons une économie forte et résiliente. Rien que pour cela, il faut être reconnaissants à B. Nétanyahou, le Premier ministre qui a libéralisé l’économie d’Israël et en a fait une véritable puissance économique (Menahem Begin avait en son temps, tenté lui aussi de libéraliser l’économie, mais son bilan a été bien plus mitigé en la matière). La doctrine militaire de la guerre courte, développée à l’époque de Ben Gourion, tenait aussi aux contraintes imposées par la petitesse du pays et par ses ressources financières limitées.

Face à la « guerre longue » imposée par l’Iran (selon sa théorie mise en pratique à l’époque de la guerre Iran-Irak par l’ayatollah Khomeiny), seul un Israël économiquement fort, tel qu’il est devenu sous les mandats de Nétanyahou, avait une chance de résister.

2.Les qualités d’un dirigeant politique se mesurent dans l’épreuve. Churchill n’était pas encore Churchill avant le blitz sur Londres. Nous avons tendance à croire que son destin était tracé d’avance, du palais de Blenheim où il est né en 1874, jusqu’au palais de Westminster et au 10 Downing Street… Cette illusion rétrospective, propre à celui qui contemple l’Histoire, nous fait oublier qu’aucun homme n’est d’emblée lui-même ; le drame de la vie est précisément, comme le dit lumineusement Ortega Y Gasset,

cette « lutte frénétique avec les choses pour obtenir d’être effectivement celui que nous sommes en projet »1.

A cet égard, Nétanyahou vit aujourd’hui ce qu’Albert Cohen appelait la « grande heure de sa vie »

« Tout homme naît et se forme pour une grande heure de sa vie », écrivait Cohen dans son beau livre Churchill d’Angleterre.

Est-il à la hauteur de cette heure dramatique ?
Je le crois fermement.

Comme de nombreux électeurs de droite, j’ai souvent été déçu par Nétanyahou et j’ai parfois manifesté contre lui (au moment des accords d’Hébron notamment). Mais dans l’heure très difficile que traverse Israël, Nétanyahou est l’homme de la situation et on frémit à imaginer ce que deviendrait notre pays s’il était dirigé aujourd’hui par un Lapid, ou même par un Gantz.

3.Dans l’interview qu’il a donnée dimanche soir à la 14 chaîne, Nétanyahou est apparu dans toute sa grandeur de dirigeant politique, confronté aux moments les plus difficiles qu’Israël a traversés depuis 1973, et peut-être depuis 1948. Il a répondu avec sincérité aux questions d’Ynon Magal, sans se dérober et sans se complaire dans des formules toutes faites. Son visage impassible et ses propos fermes mais mesurés traduisaient la gravité de l’heure, à la veille de l’affrontement au Nord qui s’annonce difficile. Face aux cris haineux des manifestations de Kaplan et de Césarée, face aux discours défaitistes des chefs de l’opposition et des écrivains pacifistes, Nétanyahou a reconnu être atteint par les insultes contre sa famille (« je suis un être de chair et de sang ») tout en étant renforcé par la mission qui l’anime.

Oui, malgré les erreurs tragiques et malgré la « Conceptsia », dont il a partagé les présupposés illusoires (sans doute nourris par un establishment militaire et sécuritaire dont la responsabilité reste encore à déterminer), Nétanyahou est bien aujourd’hui le dirigeant qu’il faut pour Israël, dans ses heures sombres. Il incarne – quoi qu’en pensent ses détracteurs – la force et la résilience de notre petit et grand peuple.

Son nom ne sera pas, comme l’a prétendu un manifestant haineux, effacé de l’Histoire d’Israël, mais bien au contraire, inscrit au fronton de notre Panthéon national. PL♦

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem


1 José Ortega y Gasset, Le Spectateur, Rivages Poche 1992.


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4 commentaires

  1. Merci Pierre pour ce bel article. Je souscris à tes conclusions. Je n’ai pas encore regardé l’interview de Bibi sur la 14 mais je trouve de toute façon que Bibi est très juste, dans sa communication. Les soldats lui font toujours confiance, et… nous aussi.
    Bibi fait de son mieux et son rôle n’est pas facile. Les manifestants de gauche m’horripilent, quand je les croise je leur dis de tout et encore ceci : on ne remplace pas le capitaine en pleine tempête !
    Bibi est, de plus, la bête noire des mondialistes qui veulent supprimer les états nations. Israël les gêne évidemment : ils font tout ce qu’ils peuvent pour faire tomber le gouvernement (entre autres en organisant des manifestations) et en finançant des ONG hostiles.
    Il faut absolument soutenir Bibi.

    Aimé par 1 personne

    • Malheureusement Begin n’est plus de ce monde. Il était dévoué, combattif, et parlait de manière beaucoup plus claire que Bibi…
      Notre PM n’est pas parfait mais il tient le coup lui aussi.

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