L’incompétence du ministre de la Défense Yoav Galant, et du chef d’état-major Hertzi Halevy.

par Itshak Brik, général de réserve 
[25 mai 2024]

Gallant a reçu un avertissement sévère 8 mois avant la guerre, mais n’a rien fait. Au début de son ministère à la Défense, les hauts responsables de son ministère et de Tsahal ont reçu mon rapport de 80 pages détaillant les problèmes de l’armée et son manque de préparation à la guerre. Cependant, Gallant et le chef d’état-major Halevi n’ont pas agi et ont préféré de s’engager dans les luttes politiques.
Gallant
a fait pression pour acheter davantage d’avions F 35, ce qui contredit la nécessité d’augmenter les effectifs de l’armée de terre, afin de rattraper la réduction de six divisions au cours des 20 dernières années

Je connais Yoav Galant, le ministre de la Défense, depuis des années. Une confiance mutuelle s’est développée entre nous. Lorsque en 2018, j’ai publié mon premier rapport concernant l’impréparation opérationnelle de Tsahal, Gallant, ministre du Logement et de la Construction d’alors, a été le seul ministre à avoir organisé une rencontre avec moi, afin que je lui présente mon rapport. Toutefois, cette réunion s’est tenue de façon confidentielle, afin que ses amis du Likoud n’en sachent rien, ce qui aurait pu nuire à son avancement. À l’issue de cette réunion il m’a confié :

« Quand je serai premier ministre ou ministre de la Défense, on pourra parler du rapport de façon publique »

En décembre 2022, Galant a été nommé ministre de la Défense. Au début de son mandat, environ huit mois avant le déclenchement de la guerre, à mon initiative a eu lieu une réunion, avec Gallant, des représentants du ministère de la Défense et des hauts gradés, où j’avais présenté le rapport.

À la fin de la présentation, Gallant a conclu qu’il acceptait les conclusions et les préconisations du rapport. Il a annoncé, que sur la base du rapport, il ferait établir le plan de travail du ministère de la Défense et de l’armée. J’étais satisfait, ils avaient enfin ouvert les yeux et ils reconnaissaient l’acuité des problèmes et acceptaient les solutions, que nous (mon équipe et moi) leur avions proposées.

Sauf qu’à cette époque, Israël était en pleine crise, déclenchée à l’occasion de la réforme juridique et la vague de refus de servir dans les réserves.

Gallant et le chef d’état-major Herzi Halevi n’ont pas trouvé le bon moment pour mettre en œuvre nos recommandations, vu que la politique avait leur préférence.

L’échec à anticiper la guerre existentielle du 7 octobre est directement imputable à Gallant, et Halevi.

Au-delà de l’innommable massacre des Israéliens des localités du pourtour de Gaza, quatre-vingts mille Israéliens du nord, ont été évacués vers le centre et le sud du pays. Leurs villes et villages, bombardés par le Hezbollah ont été transformés en ruines. L’économie, la société et les relations internationales d’Israël avec la plupart des pays du monde se sont effondrées. Nos pires cauchemars, d’une guerre sur plusieurs fronts, sont devenus une tragique réalité.

Les avertissements de notre rapport, se sont malheureusement vérifiés en tous points

La taille actuelle de l’armée de terre ne permet pas à Tsahal de tenir et rester dans les territoires conquis dans la bande de Gaza. L’armée est obligée de partager ses ressources. Dans les endroits où Tsahal a abandonné le territoire conquis, le Hamas retourne à nouveau. Israël a appris, avec effarement, que Tsahal n’est même pas capable de sortir vainqueur dans une seule zone de guerre. La vision du monde de Gallant, correspond aux guerres du passé et c’est cela, entre autres, qui a conduit au désastre du 7 octobre.

Cette vision a entraîné des erreurs suivantes :

1) Au début de la guerre, Gallant et Halevi ont fait pression sur Netanyahu pour qu’il attaque simultanément le Hamas et le Hezbollah. Si cette attaque avait eu lieu, nous serions aujourd’hui plongés dans une guerre régionale totale, qui aurait dévasté le pays et qui sait, avec quelles conséquences ?

2) Gallant et Halevi ont ordonné à l’armée israélienne d’attaquer le consulat iranien en Syrie, une attaque qui a immédiatement entraîné l’Iran dans une riposte contre nous, ce qui aurait pu, aussi, conduire à une guerre régionale totale et même à une troisième guerre mondiale.

3) En ce qui concerne Rafah, Gallant et Halevi ont décidé de ne pas attaquer au début de la guerre, quand l’opinion internationale n’était pas encore contre nous, et il n’y avait que 250 000 habitants.

L’attaque tardive à Rafah nous a causé des dommages irréparables, auprès des pays amis et auprès des pays arabes, qui ont fait la paix avec nous.

Si nous parvenons à éliminer les quatre bataillons du Hamas de Rafah, vu l’état de nos forces, nous serons peut-être, forcés de nous retirer des territoires conquis, comme nous l’avons fait jusqu’à présent à Gaza et alors le Hamas reviendra et tout sera à recommencer.

La proposition du procureur du tribunal de La Haye, d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benyamin Netanyahou et Gallant crée une tache indélébile sur l’armée et sur le pays en général. Cette tache nous cause de très graves dommages dans tous les domaines. Le pays est isolé l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont décidé de reconnaître un État palestinien, et il y a des boycotts économiques, des boycotts universitaires, des embargos sur les armes, des non-invitations à des événements mondiaux et une augmentation d’un terrible antisémitisme. Nous devenons un État paria aux yeux du monde.

Nous ne méritons pas tout cela, mais c’est le résultat de la politique, à la limite de la négligence criminelle de Netanyahou et Gallant. De plus, Israël s’est engagé envers les États-Unis, qu’après avoir terminé ses missions, il évacuerait Rafah, mais même sans cet engagement, l’armée israélienne aurait évacué Rafah, comme elle l’a fait dans toutes les zones de la bande de Gaza. En fait, la vraie raison d’évacuation des forces, c’est le manque total de forces terrestres contre le Hezbollah au Liban. Cet état de choses permettra au Hamas de reconstituer ses forces, y compris la réhabilitation des tunnels. Il est impossible de stabiliser Gaza, sans y établir un gouvernement civil alternatif au Hamas. Bref, la conduite brouillonne du conflit, fait perdre espoir à de nombreux citoyens israéliens

Les déclarations inconséquentes de Gallant

Durant les huit derniers mois, Galant n’a cessé de vanter les capacités de l’armée, affirmant que Tsahal a occupé la majorité de la bande de Gaza, que Tsahal contrôle également les tunnels, et que ce n’est qu’une question de temps avant que le Hamas ne se rende. Il a également menacé les terroristes du Hezbollah d’une guerre éclair, qui les repoussera au-delà de la rivière Litani, 30 km au nord de la frontière israélienne. Toutes ses déclarations étaient vides de sens. Dans les territoires conquis, puis abandonnés par Tsahal, le Hamas s’est réorganisé et a repris les tirs de roquettes sur les localités proches de la bande de Gaza. Ainsi après huit mois de combats, aucun des objectifs annoncés au début de la guerre n’a été atteint.

Galant a blâmé Netanyahu pour n’avoir pas établi un régime civil alternatif au Hamas. Il est clair pour tous, qu’il est impossible d’établir un régime alternatif en l’absence de l’armée dans Gaza, pour défendre ce régime. Dans la situation qui a été créée, Gallant a décidé de cacher au peuple la vérité : le terrible chaos engendré par l’impossibilité de défaire le Hamas,

c’est le résultat de la réduction de l’armée et de sa transformation en une « armée petite, technologique et maligne »(décision d’Ehoud Barak, lorsqu’il était 1ᵉʳministre il y a 25 ans).

Par conséquent, Tsahal n’est plus en état d’occuper durablement les territoires conquis. En conclusion, Gallant cause de terribles dommages à l’État d’Israël. Il ne doit pas avoir le droit de recommander le prochain chef d’état-major, car il sera choisi depuis son « sérail ». Chaque jour où il s’accroche aux institutions du gouvernement est un jour supplémentaire de détérioration de l’armée.

Après le limogeage de Gallant, il sera possible de limoger Herzi Halévy et de nommer un nouveau chef d’état-major.

Le pire est encore à venir. Galant et Netanyahu déclarent à plusieurs reprises qu’ils attaqueront le Hezbollah si celui-ci ne se retire pas de l’autre côté du Litani, cette attaque pourrait conduire à une guerre régionale totale, qui détruira notre pays.

En ce qui concerne Netanyahu, seul le peuple peut le renvoyer, lors des prochaines élections. IB♦

Itshak Brik, NEWS1
Général de réserve


Traduction et Adaptation : Édouard Gris


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2 commentaires

  1. « La taille actuelle de l’armée de terre ne permet pas à Tsahal de tenir et rester dans les territoires conquis dans la bande de Gaza ».
    En effet, la seule possibilité de rester dans les territoires conquis serait d’en vider les populations vaincues. Comment cette considération n’entre-t-elle pas en ligne de compte chez des généraux?

    J’aime

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