Israël : Maturité souveraine, absence d’idéologie et banalisation du mal
La maturité souveraine fait défaut à nos dirigeants. Tout est pensé et configuré sur le modèle individuel (guerre, droit, litiges), y compris les intérêts vitaux de la nation.
Si leurs impératifs peuvent entraîner ce que l’on appelle des dégâts collatéraux que l’on peut aspirer à réduire le plus possible, ne rien faire parce qu’ils sont inévitables met en péril jusqu’à l’existence de la nation, et aggrave sa situation de guerre, parce qu’on a trop voulu faire la paix, en se disant que l’ennemi n’attendrait que notre premier pas pour en faire de même.
Nous tombons trop facilement dans le panneau de la sournoiserie faussement morale.
Israël avait-il le droit de tuer trente mille occupants de Gaza suite au déferlement de haine et de massacres sur son sol ? peut-on lire çà et là dans la presse.
Considérer cette quantité comme disproportionnée et qu’il n’y aurait pas de guerre totale contre une entité fondamentaliste et fanatique, dont la responsabilité est collective, revient en fait à dire qu’il est permis encore aujourd’hui de massacrer des Juifs, de les voler (dans le sens du trafic d’être humains dont ils sont l’objet) et de les garder chez soi comme des bêtes de compagnie ; qu’il n’y a pas de casus belli autorisant Israël a répondre par une guerre totale jusqu’à la libération du dernier otage.
Quand un Macron jette l’anathème et interdit la présence israélienne en promulguant des décrets illégaux où l’Israélien remplace l’Israélite dans le corps du texte, il déclare que ni l’indépendance d’Israël ni les exigences morales de notre époque n’ont une incidence sur le droit consenti aux musulmans de se fournir en esclaves juifs. Son hypocrisie est criante : il châtie collectivement Israël par des mesures discriminatoires « antisionistes », d’une part, mais il s’insurge qu’un « innocent » pourrait tout aussi collectivement payer de sa vie ou de son confort, sa complicité ou son silence, comme s’il était admissible que personne à Gaza ne sache où sont retenus les civils devenus butin de guerre, de razzia, puisque c’est le cas. Un monde éclairé, honnête, défenseur des droits de l’homme, aurait dû adresser ses avertissements aux occupants de Gaza, en les sommant de libérer les otages avant qu’il ne reste plus d’eux le moindre souvenir.
Seulement, les dirigeants souffrent encore et toujours en Israël d’une approche biaisée de la réalité. Pour eux, il faut montrer à nos ennemis qu’ils n’ont aucune raison de nous en vouloir. Ils continuent de sanctifier religieusement la retenue, le prétendu courage de ne pas se laisser entraîner dans la spirale de la violence. Ils sont prêts au compromis avec les pires crapules.
Ils savent pourtant que la paix s’achète au prix de la guerre. N’est-ce pas leur position quand ils disent : « Ah ! Si nous avions été en mesure de faire la guerre aux nazis…».
Alors, pourquoi ne pas exploiter jusqu’au bout notre puissance militaire pour mettre fin à cet état de violation encore et toujours actuelle du droit du Juif à l’existence, à la paix et à la liberté ? Comment est-il possible qu’il n’ait fallu que 6 jours, brut, pour libérer Gaza en 1967, et qu’il faille plus de neuf mois sans qu’on ne voie le bout du tunnel, d’autant qu’il fallait alors tenir tête simultanément sur tous les fronts, contre de véritables armées, que notre armement était bien moins prépondérant, et qu’il n’est question aujourd’hui que de mouvements terroristes – ô combien venimeux et destructeur toutefois – qui ne disposent ni d’armée de l’air ni de blindés ?
Le manque d’idéal, de détermination à remporter cette guerre et surtout à reprendre Gaza des mains de l’ennemi, parce que l’on s’obstine encore et toujours à considérer qu’il suffit d’une intrusion limitée pour démoraliser l’ennemi, fait que nous ne sortons pas de cette situation de guerre permanente. Netanyahou ne peut pas changer de disquette. Il reste englué dans la perception qu’il nous suffit de faire une (des) descente(s) en territoire ennemi, incapable de comprendre que c’est le territoire d’Israël et que cet ennemi l’occupe par la force de son culte qui fait peu de cas de la valeur de la vie humaine, et par la faiblesse d’un leadership hésitant qui, s’il était sûr de son droit, ne laisserait aucun avantage à cet ennemi. Il ne peut pas changer de disquette, car il est lui-même cette disquette depuis la désertion de Gaza. Et les cadres militaires qui ont laissé passer cette attaque antisémite généralisée, comme si nous nous étions trouvés dans un pays arabe, n’ont pas été démis de leurs fonctions, et ne parlons même pas des comptes qu’ils ne rendront peut-être jamais. Où étaient-ils tous le 7 octobre ? Pourquoi personne ne parle de trahison ?
Hier, l’archi-terroriste, directeur de l’hôpital de Gaza dont la complicité nous a fait perdre la trace des personnes kidnappées, puisqu’il les a fait acheminer jusqu’à lui avant de les faire transiter ailleurs, a été libéré par le Shin Beth hier (1 juillet 24). Quelle attitude peut-on attendre du vaste monde, quel positionnement vis-à-vis de l’antisémitisme, quand un criminel qui a fait disparaître plus de deux cents Juifs innocents est relâché par la direction du pays des Juifs ? On prend le peuple pour des imbéciles. On prétexte un manque de places dans les prisons, on accuse le ministre de la Sécurité intérieure. On nous fait croire qu’on ne sait pas qui pour finir a fait libérer ce criminel directeur d’hôpital, ce qui n’a rien de surprenant. Mengele après tout fut médecin, et un autre médecin soigna sans aucune valeur morale le dénommé Sinwar, commanditaire et déclencheur d’un pogrom qui a fait plus de mille victimes, laissant loin derrière les derniers pogroms du monde arabe, quand il y avait encore des Juifs dans ce monde-là.
On nous dit qu’environ mille dépeceurs par vivisection d’êtres humains, violeurs nécrophiles qui achèvent de balles dans le crâne leurs victimes qu’ils n’ont pas fini de consommer, sont retenus dans nos prisons. Qu’est-ce qui empêche l’État d’entamer une procédure de procès et de condamnation à mort, ce qui ferait de la place dans les prisons, outre le fait que tant de clémence envers les pires assassins antisémites nous place dans une position où il serait presque déplacé de demander aux nations du monde libre de sévir contre les leurs.
Le ministre Itamar Ben-Gvir a dénoncé les conditions dignes d’un hôtel royal dont jouissaient les criminels antijuifs avant sa prise de fonctions, auxquelles il a mis un terme. Il accuse Ronen Bar, chef du Shin Beth, de l’avoir menacé :
« S’il n’y a pas d’amélioration des conditions pour les assassins du 7 octobre, nous allons les remettre en liberté ».
La députée du Likoud, Tali Gotlib, révèle qu’un certain Meir Hen, inconnu du grand public, dispose du droit de remise en liberté par sa signature. Elle l’accuse d’avoir signé l’acte, alors que l’on cherche à faire croire au public qu’on ne saurait pas qui a pris cette responsabilité. Netanyahou n’a rien fait pour reprendre en main les services sécuritaires ne serait-ce qu’en éloignant de leur direction les incapables du 7/10. Mais Netanyahou en personne ne nous voit pas reprendre nos droits et retirer ce cataplasme terroriste envahissant qui coupe la discontinuité entre le Néguev et la Méditerranée.
Il annonce le mouvement perpétuel de la guerre, et d’aucuns disent déjà que la répétition des pogroms qui ne dérangent pas entre autres Macron, ne serait qu’une question de temps, de récupération et réorganisation à Gaza, tandis que des citoyens ont fait part de leur inquiétude dans la région de Kfar Yonna et de Netanya, là où il n’y a que 9 km entre l’occupant hostile et la mer.
Netanyahou est privé de tout idéal et de toute vision d’avenir digne de l’aspiration du peuple juif à reprendre possession de sa Palestine multi-millénaire.
Reconnaître les erreurs permet de mieux se diriger vers l’avenir, dit-on. Cette assertion est si évidente qu’elle sonne comme une lapalissade. Bien sûr ! Il est évident que si je comprends à quel moment ça n’a pas marché et pourquoi ça n’a pas marché, je ferai forcément mieux la prochaine fois.
Mais de quel dirigeant politique pourrait-on s’attendre aujourd’hui à une prise de conscience, à un aveu face à tous les dysfonctionnements géopolitiques ? Qui pourrait nous dire :
« Nous avons fait fausse route, nous avons tenu le plan à l’envers. Ce n’est pas en renonçant à des régions entières de la terre d’Israël que nous aurons la paix. Ce n’est pas en en renvoyant nos citoyens ; comme en 2005. C’est au contraire en expulsant nos ennemis. »
Ou, sous un angle de vue plus large :
« Nous ne sommes pas rentrés dans notre pays après 2 000 ans d’exil pour en chasser par la force nos frères et en favoriser la colonisation par nos ennemis. »
En 1967, les Arabes à Gaza étaient 30 000, 10 000 qui y étaient avant 1948, et 20 000 arrivés dans le contexte de la guerre d’Indépendance. Les chiffres ont été constatés par l’Administration civile israélienne qui avait pris en charge la bande de Gaza.
Le Premier ministre parle des objectifs de la guerre sans les définir. Il semble inébranlable, car il n’est pas question d’arrêter les combats tant qu’ils n’auront pas été atteints. Mais quels sont-ils ? Libérer les captifs et détruire le Hamas. Déjà, on ne comprend pas très bien la méthode. Les libérer en laissant la population qui les réduit depuis des mois à la condition d’esclaves mener une vie normale, comme si de rien n’était ? Bon, et ensuite ?
M. le Premier ministre, et après ?
Repartir de Gaza sans rien reconnaître des erreurs passées, puis les laisser se ressaisir pour reprendre les bombardements là où ils ne se sont de toute façon jamais vraiment arrêtés, sous une autre bannière mais toujours au nom de la religion mahométane, en supposant que vous détruisiez le Hamas ?
À qui appartient Gaza, M. le Premier ministre ? Regardez-nous droit dans les yeux ! Qui doit y habiter ?
La seule réponse que nous ayons entendue de votre part, puisque vous comprenez que vous ne pourrez pas indéfiniment regarder ailleurs, c’est que vous ne trouvez pas qu’il soit sensé et réalisable de renouveler la présence juive dans ce judenrein.
J’écoutais l’universitaire Bensoussan sur Mosaïque. Il soutient avec raison qu’il ne sera pas possible de faire en sorte que les occupants de Gaza et d’autres régions de la terre d’Israël renoncent à l’idéologie du Hamas, car, si je reprends une autre explication de notre respecté intellectuel, ils la tètent dans leur biberon. Mais se débarrasser de l’idéologie en se débarrassant des idéologues, pourquoi est-ce que personne n’en parle ?
Morale de guerre, cas d’école
Et c’est là qu’entre eu jeu le cas d’école américain. Avec l’Allemagne de 39-45, les États-Unis nous ont apporté un cas de travaux pratiques que nous comprendrons par l’absurde. Essayons de transposer dans le cerveau américain les principes moraux des dirigeants qui sévissent en Israël.
Revenons sur le cas de la victoire américaine sur l’Allemagne. En calquant la mentalité des chefs de l’armée ici, qui se situent souvent à l’extrême gauche de l’échiquier politique, ce qui n’est pas sans porter préjudice aux capacités de Tsahal en mettant Israël en danger – lorsque notamment Benny Gantz, ministre sans portefeuille, mais heureusement démissionnaire depuis peu, voudrait que le Fatah prenne la place du Hamas à Gaza, comme pour dire que Tsahal ne serait qu’une armée de mercenaires gratuits à la solde de cette organisation terroriste – et en la reportant à l’armée américaine de l’époque, nous obtiendrions à peu près ceci :
« Surtout, il faut bien faire attention de ne pas toucher les civils. Le petit Hans n’y est pour rien. S’il se trouve que nous tombions sur lui, il est fort plausible que le travail ne pourra pas être fait. Si des nazis se cachent parmi eux, et surtout s’il y a là de jeunes enfants, alors tant pis, il faudra se laisser tirer dessus. Il faudra aussi faire preuve de loyauté, ne tirer que de face et seulement sur des nazis armés eux-mêmes prêts à tirer. Et surtout, éviter tout sentiment raciste envers la race allemande. Et quand nous en aurons terminé avec les soldats nazis rencontrés sur place, il faudra surtout ne pas occuper le terrain et se contenter de les avoir battus. »
Impensable, n’est-ce pas ?
Or il est connu que les bombardements intensifs de Dresde, entre autres, ont été décisifs sur le chemin de la victoire des Alliés. Les Américains n’ont pas lâché le morceau avant d’avoir chassé le dernier idéologue nazi. Ils mettaient, à l’époque en tout cas, le maximum de chances du côté de leurs concitoyens partis se battre sur le front. Ils ne les mettaient pas en situation de combat loyal avec égalité des chances des deux côtés. Ils se gardaient bien de toute impartialité. Ils ne faisaient pas patrouiller leurs soldats dans une Dresde intacte en leur recommandant de ne pas tirer sur des civils ou en les forçant à servir de cibles à des nazis embusqués. YS♦
Ce sont les soviétiques qui ont écrasé les nazis, pas les américains.
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