Les racines du malheur du 7 octobre

Aaron Khaliva

Par le Dr. Ouri Vartmann 
[24 juillet 2024]

Le chef du renseignement militaire Aaron Khaliva, qui avait affirmé que le Hamas se soucie de la situation économique de Gaza, savait pertinemment, que pour le Hamas, la destruction d’Israël est un but suprême. Et le bien-être des habitants de Gaza l’indiffère.

La question importante, que l’État d’Israël devra traiter dans les années à venir est de savoir qui est à blâmer pour la débâcle du 7 octobre.

Bien qu’il ne fasse aucun doute, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est le principal responsable, même s’il n’est pas directement à blâmer, c’est bien au Renseignement militaire qu’incombe la culpabilité du désastre, car c’est bien lui qui a forgé le concept selon lequel le Hamas est dissuadé par la supériorité militaire d’Israël

Ce concept de dissuasion, qui était considéré comme un dogme, par toute la direction du Renseignement militaire illustre clairement l’aveuglement conceptuel de cette organisation, tout comme il y a 50 ans, lors de la Guerre du Kippour.

Bien qu’ils aient été au courant du renforcement et des plans opérationnels du Hamas, pour envahir Israël, les services de renseignement militaires pensaient, que le Hamas ne se dirigeait pas vers une guerre avec Israël, mais vers un arrangement.

Le Renseignement militaire a sous-estimé la capacité de l’organisation terroriste à mener une attaque complexe et coordonnée, par des milliers de combattants à l’intérieur d’Israël.

Appliquant le concept selon lequel le Hamas est dissuadé, le Renseignement militaire s’est concentré sur des défis, considérés comme plus importants, tels que le programme nucléaire iranien et le projet de missiles de précision du Hezbollah. Les priorités définies comme des menaces sécuritaires existentielles, par conséquent Israël a préféré de abstenir de détruire le Hamas, préférence confirmée par l’ancien chef d’état-major de Tsahal Aviv Kochavi.

Durant des années, les officiers supérieurs du Renseignement militaire se sont enfermés dans des fausses conceptions envers le Hamas. Le chef démissionnaire du renseignement militaire, Aaron Khaliva, en septembre 2022 a déclaré, qu’il s’attendait, à Gaza à un calme complet pendant cinq ans. Son prédécesseur Tamir Heymann l’avait également affirmé en juin 2019 :

« Le Hamas craint la guerre et n’y a aucun intérêt. L’organisation est profondément intéressée à rester sur la voie d’un arrangement ».

Et il ajoutait :

« Le Hamas se considère plus préoccupé par des problèmes quotidiens des Gazaouïs, comme, par exemple les eaux usées, ce qui créait des tensions entre ceux qui considéraient que la raison d’être du Hamas est la destruction de “l’entité sioniste” et non de s’occuper de questions subalternes »

Dans une autre déclaration, Heymann a comparé le Hamas à un célibataire qui a mis à la porte sa vieille logeuse (l’Autorité palestinienne) et, qui a soudainement dû prendre la responsabilité de la maison. Dans ce contexte, Heymann a fait valoir qu’au fil du temps, la responsabilité crée une préoccupation pour les affaires quotidiennes, et c’est un rôle moins glorieux que la « résistance ». Qu’en fait le Hamas a commencé un processus de l’institutionnalisation, que subit toute organisation terroriste.

Le concept de renseignement militaire concernant le Hamas a été illustré plus que toute autre chose par le chef démissionnaire de la division de recherche du renseignement militaire, Amit Saar, qui, en sa qualité, a influencé l’évaluation du renseignement de Tsahal plus que tout autre responsable du renseignement militaire.

Dans une interview accordée en juillet 2020, Amit Saar, l’un des officiers supérieurs du Renseignement militaire a déclaré, que le Hamas était dissuadé et que sa priorité absolue était la situation économique dans la bande de Gaza. Saar a également affirmé que lorsque le Hamas considère que la situation économique dans la bande de Gaza est au bord de l’effondrement, il le signale à Israël par une violence limitée. Toujours selon Saar c’est la preuve que les décisions du Hamas sont motivées par le désir de parvenir à un accord avec Israël.

Dans une interview accordée en juillet 2020, Saar a déclaré que le Hamas était dissuadé et que sa priorité absolue était la situation économique dans la bande de Gaza. Saar a également affirmé que lorsque le Hamas croit que la situation économique dans la bande de Gaza est étouffante et au bord de l’effondrement, il envoie un signal à Israël par une violence limitée, ce qui, selon lui, est la preuve que la prise de décision du Hamas est motivée par le désir de parvenir à un accord avec Israël. Comme Heymann, Saar a fait valoir qu’Israël et le Hamas ont un intérêt commun à améliorer la vie dans la bande de Gaza, et qu’Israël devrait faire en sorte que le Hamas ait quelque chose à perdre et créer des contraintes pour se taire lorsque l’économie joue un rôle central. Cependant, ce qui est étonnant dans les remarques de Saar, c’est le fait qu’il a lui-même affirmé que le Hamas a une pyramide très claire basée sur l’idéologie de l’organisation, au-dessus de celle-ci la question de la construction de sa puissance militaire, et seulement au-dessus se trouve le projet d’un État palestinien à Gaza. On peut en déduire que Saar savait aussi que pour le Hamas, la destruction d’Israël précède le bien-être des habitants de Gaza.

En conclusion, les déclarations faites par des membres supérieurs du Renseignement militaire illustrent clairement l’aveuglement conceptuel dont souffre l’organisation, tout comme il y a 50 ans. Je n’accepte pas l’affirmation selon laquelle le concept a été formulé par Netanyahu et l’échelon politique en 2014 pour des raisons politiques. Le renseignement militaire, en tant que l’une des organisations de renseignement les plus respectées au monde, fonctionne de manière indépendante et professionnelle sur la base d’informations collectées, et n’est pas une organisation qui travaille pour plaire à l’échelon politique.

Le renseignement militaire a tout simplement failli, ET CETTE ERREUR COÛTE CHER A ISRAEL. OV

Dr. Ouri Vartmann, Israel Hayom


Le Dr Uri Wertman est maître de conférences et chercheur à l’Université du Pays de Galles du Sud, au Royaume-Uni. Son livre « Israël : sécurité nationale et sécurisation, Springer, 2023 » a récemment été publié. Son nouveau livre sur le Parti travailliste sera bientôt publié par Resling

Traduction et adaptation : Édouard Gris


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3 commentaires

  1. ignorer les fondements d un mouvement islamiste c est quand meme costaud pour des patrons de services de securité israeliens .
    n importe quel etudiant en 1 ere année aurait pu lire la charte genocidaire du hamas et la commenter en details .
    la conceptia est issue de l ideologie gauchiste issue de l esprit du ghetto , il est desormais temps de mettre des hebreux au pouvoir et de renvoyer ces juifs de cour aux courbettes .

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  2. « Bien qu’il ne fasse aucun doute, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est le principal responsable. » Aucun doute au point qu’il n’est pas nécessaire de le démontrer. Et c’est un universitaire, de surcroit professeur d’université qui sort de tels « arguments ». C’est presque du niveau Harvard.

    Aimé par 1 personne

    • Vu sur un autocollant aujourd’hui à Jérusalem: « Atah Ba-Rosh, Barouch Hachem! »
      (réponse au slogan des kaplanistes: « Atah Ba-Rosh, Atah Achem »

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